Pourtant Châabane Lounes fait son possible pour le sortir de l'ornière. Lorsque le coach limogé, Noureddine Saâdi, déclare qu'il n'a vu «qu'une seule fois son président» après un séjour de quelques mois et que son ex-patron clame le contraire, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans la maison du Doyen. D'ailleurs, Saâdi n'est pas le seul à l'avoir dit. D'autres collègues ayant transité par le Mouloudia, l'ont également affirmé. L'invisible docteur M.est toujours inamovible, intouchable, malgré tous les séismes ayant secoué le club. Tous ceux qui gravitent autour, sautent comme des fusibles, qu'il s'agisse de techniciens, de dirigeants ou autres, sauf lui. Pourtant, tous les problèmes qui ont empoisonné la vie, et qui continuent de le faire, du vieux club algérois lui sont imputables. Ne serait-ce qu'un seul : celui du non-paiement des arriérés de salaires ou de primes de l'armée de mercenaires qu'il a recrutés. Comment voudrait-on qu'un joueur professionnel se concentre dans un match ou soit assidu aux entraînements, ou bien encore soit productif sur le terrain, si son mental n'est pas au beau fixe, s'il a des ennuis d'argent ou s'il est traité comme du bétail. N'est-ce pas une honte pour un club aussi prestigieux d'évoquer des problèmes financiers pour justifier le non-paiement du dû de la plupart des joueurs, en dépit de l'existence de contrats en bonne et due forme et, en parallèle, de payer en devises fortes et trébuchantes des coachs étrangers, qui jusque-là, n'ont rien prouvé, mieux, et ne peuvent rien prouver dans la mesure où le football, chez nous, a besoin nécessairement d'une refondation totale et radicale. Cette fois-ci, la parade est toute trouvée pour étouffer dans l'oeuf et camoufler les mauvais résultats du onze mouloudéen, comme tout, inexpliqués pour la plupart. Après, le changement de poste de Torki, qui risquait de lui faire de l'ombre, remplacé au pied levé par Chaâbane Louanès, après une première tentative avortée, c'est au tour de Saâdi de payer les pots cassés et de le faire remplacer par le revenant, Jean-Paul Rabier, celui-là même qui, en son temps, ne fut pas en odeur de sainteté avec son président. D'autres sorties de devises à dépenser alors que «ses salariés n'ont pas encore été réglés en dinars». Même le vieux briscard Badji reconnaît au passage que «les remous à la tête de la direction du club nous ont plus perturbé que les changements du staff technique». Le docteur annonce en grande pompe «le retour de Rabier» et fait dire à son président de section que «ce dernier arrivera vendredi à 17h (Ndlr, le 21 avril 2006). Interrogé à l'issue du match contre l'USM Annaba, M.Louanès, sûr de lui et se voulant convaincant, a bel et bien dit que «l'arrivée de Rabier est imminente, et que son contrat portait sur une mission de sauvetage pour la présente saison et la Coupe d'Algérie, avec une option pour la saison prochaine, et que tout a été réglé officiellement», tout en soulignant qu'il espère que «ce changement d'entraîneur provoquera le déclic tant attendu», probablement celui de résultats positifs, voulait-il sous-entendre. Feignant d'oublier qu'il ne reste que trois matches à jouer et que le Mouloudia n'est pas menacé par la relégation, ce coup d'épée dans l'eau illustre on ne peut mieux le marasme qui secoue le Doyen, incapable de se doter d'un bon pilote pour sortir le club de cette tempête perpétuelle. Et pour preuve: le cas Abdouni. Ce dernier, comme le reconnaît Chaâbane Louanès, «refuse de prendre part aux entraînements, pourtant il ne manque de rien, au Mouloudia, et nous ne l'avons jamais accusé d'avoir truqué des matches. Malgré cela, il fait la forte tête. Cependant, je le préviens que s'il a envie de changer d'air, il n'ira nulle part, puisqu'il est sous contrat avec le MCA pour un an encore. Alors, il n'a qu'à remettre les pieds sur terre s'il ne veut pas que sa carrière soit compromise: son comportement est celui d'un malade (mental). Ou il revient à la maison (le Mouloudia) ou on lui fait accrocher» ses souliers, menace le numéro un de la section. De timides sanctions ont été prises à son encontre alors qu'elles devraient être plus lourdes dans pareil cas; si le club disposait d'une équipe dirigeante à la hauteur pour éviter à l'avenir, que de telles attitudes ne fassent tache d'huile au milieu des autres joueurs déjà assis sur des charbons ardents. C'est cela la gestion approximative, personne ne peut jurer de rien, sur qui commande et dirige le MCA. C'est l'opacité totale, et même les supporters l'ont compris. Ils ne viennent plus au stade. Dernièrement, face à Annaba, on aurait dit un match à huis clos. Du jamais vu! Se voulant rassurant, le pilote de la section football dira «il nous reste la Coupe d'Algérie où nous nous investissons totalement et nous mettrons le paquet pour la remporter. Quand bien même le futur adversaire n'est autre qu'un spécialiste de cette épreuve populaire, l'ESS en l'occurrence, en somme un coup de poker, «ou ça passe ou ça casse». Le bureau exécutif du MCA s'est réuni avant-hier pour discuter du cas Rabier qui, rappelons-le, aurait saisi la FIFA, la FFF et le collège des entraîneurs (conseillers) pour tirer au clair son affaire, dévoilée par la presse spécialisée locale. Cependant, ceux qui détiennent les rênes du Doyen restent perplexes quant au moment choisi pour jeter ce pavé dans la mare. Ils ne perdent pas espoir pour autant de voir Rabier revenir coacher la formation Vert et Rouge tout en soulignant «que s'il n'a rien à se reprocher, il n'a qu'à prendre le premier avion et venir». Son arrivée est attendue pour, au plus tard, demain, sinon les responsables du Doyen changeront de cap. Pour l'instant, une enquête a été ouverte, mais selon des observateurs avertis, la venue de Rabier est «sérieusement compromise». Sauf que M.Chaâbane Louanès, contacté par téléphone, persiste et signe qu' «en Algérie, il n'y a aucune trace de délit concernant M.Rabier. Nous l'avons vérifié auprès de qui de droit, tout en informant le ministère de l'Intérieur et celui de la Jeunesse et des Sports de cette situation. Que l'on sache que le Mouloudia ne se taira pas jusqu'à ce que les tenants et les aboutissants de cette scabreuse affaire soient mis à nu.» Rabier, de son côté, avec son avocat et ses conseillers, issus du collège des entraîneurs français, s'assure actuellement qu'il peut rentrer en Algérie sans aucune crainte. Et nous espérons le voir bientôt parmi nous. Un autre épisode déplorable pour le Doyen qui n'en avait nullement besoin dans ces moments cruciaux. Une autre situation qui va sans aucun doute déstabiliser le groupe, semer le doute et la confusion. Mais qui tire les dividendes de cette disparition programmée, à petites doses, du Doyen, qui, à ce train-là, ne tardera pas à sombrer dans l'anonymat?