Avec l'annonce, hier, par le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, de la nomination du Tchadien Annadif Khatir Mahamat Saleh comme son nouveau Représentant spécial pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel, et également chef du Bureau des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel (UNOWAS), il semble que l'attention accordée par la communauté internationale aux multiples défis qui minent la région soit en train de se renforcer. Mahamat Saleh succède au Ghanéen Mohamed Ibn Chambas auquel Guterres a rendu hommage en soulignant son «dévouement et son leadership efficace» à la direction de l'UNOWAS. Il n'est pas besoin de dire combien la tâche va être difficile et les défis multiples. A commencer par la menace terroriste dont l'impact pèse lourdement sur tous les autres efforts menés par les pays de la région et soutenus par l'Union africaine et les Nations unies. Le choix du Tchadien n'est pas banal, car il a déjà été l'envoyé spécial du SG de l'ONU au Mali où il a pu mesurer l'ampleur des défis sécuritaires et socio-économiques, en sa qualité corrélée de Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et ce depuis 2015. Partant de là, il apporte, comme l'a souligné le porte-parole du secrétaire général, «une vaste expérience nationale et internationale, ayant participé à plusieurs processus de paix en Afrique, notamment au Niger, en République centrafricaine et au Soudan».Une expérience dont il convient de souligner qu'elle est enrichie par une mission en qualité de représentant spécial de l'Union africaine et chef de la mission de l'UA en Somalie (AMISOM) (2012-2014); après avoir occupé au Tchad les postes de ministre des Affaires étrangères (1997-2003), chef de cabinet du président (2004-2006) et secrétaire général de la Présidence (2010-2012). Mahamat Saleh a en outre assumé la fonction de représentant permanent de la Commission de l'Union africaine auprès de l'Union européenne (2006-2010). Toutes ces expériences cumulées expliquent le choix de Guterres, validé par le Conseil de sécurité de l'ONU, et l'importance du rôle dévolu à Mahamat Saleh auprès des pays d'Afrique de l'Ouest, en général, et de ceux confrontés au bourbier terroriste dans le Sahel, en particulier. La Cédéao s'est fortement impliquée dans la crise qu'a traversée le Mali, au moment du coup d'Etat qui a emporté l'ancien président Ibrahim Boubacar Keita, et c'est grâce à la conjonction des efforts des pays de la région, dont l'Algérie, qu'une solution a vu le jour, avec la mise en place d'un gouvernement civil de transition, chargé de conduire le Mali vers des élections démocratiques dans un délai préétabli. La partition de Mahamat Saleh sera, sans doute, utile dans la mesure où son pays, le Tchad, affiche la volonté de faire face à la montée en puissance du terrorisme dans la zone des trois frontières.