Par ses voix les plus autorisées, Israël n'a jamais caché qu'il était prêt à recourir à la force contre Téhéran. Répondant aux attaques verbales du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, Israël a lancé mardi soir, jour de la commémoration de la Shoah, un satellite-espion perfectionné qui lui permettra de surveiller étroitement l'Iran, affirment des sources militaires israéliennes. Le nouveau satellite-espion israélien, Eros B, mis au point par les Industries aéronautiques israéliennes (IAI), devait être mis en orbite par une fusée de lancement russe START-1 en Sibérie. Durant 8 à 10 ans, le satellite tournera en 90 minutes autour du globe terrestre à une altitude de 480 à 600 km. Doté d'une caméra d'une résolution de 70 cm, il permettra à Israël de compléter ses capacités d'observation à un rythme plus soutenu, un autre appareil, Eros A, fonctionnant depuis 2000. «Le régime imposteur d'Israël ne peut pas survivre», avait affirmé, lundi, M.Mahmoud Ahmadinejad, le président iranien qui a déjà appelé à plusieurs reprises à «rayer» l'Etat juif de la carte et qualifié de «mythe» le génocide perpétré par les nazis. «Le monde libre ne doit pas rester les bras croisés face à des pays qui appellent à détruire Israël et veulent se doter de l'arme nucléaire», a déclaré le président israélien Moshé Katzav tandis que le Premier ministre en exercice, Ehud Olmert, a affirmé dimanche que le programme iranien constitue une «menace potentielle pour l'existence d'Israël». C'est le même son de cloche du côté de l'armée. Le général Dan Haloutz préconise de prendre ces menaces au sérieux, alors que, selon des sources étrangères fiables, Israël dispose de 200 bombes nucléaires et de vecteurs adéquats, notamment des missiles balistiques, une chasse à long rayon d'action, et des sous-marins de la classe Dauphin. «Depuis Hitler, (Ahmadinejad) est le premier homme à se dresser pour dire qu'il faut exterminer le peuple juif», a déclaré Shimon Peres, ex Premier minis-tre et Prix Nobel de la paix en 1994. Pour le ministre de la Défense, Shaul Mofaz, le chef d'Etat iranien est «l'un des dirigeants les plus dangereux depuis Hitler». Son collègue au Tourisme, Avraham Hirschson, qui a participé à la «Marche des Vivants» entre les anciens camps de la mort d'Auschwitz et Birkenau (Pologne), a appelé à ne pas sous-estimer les propos d'Ahmedinejad, «car c'est ainsi qu'un nouvel Hitler peut surgir». Le Yédiot Aharonot, confortant cette offensive, écrit qu'»une nouvelle forme de génocide dans le cadre duquel seraient détruits les juifs et l'humanité est désormais une possibilité palpable», tout en mentionnant les menaces d'Ahmadinejad et des islamistes contre l'Occident. Tout se passe comme si Israël, à l'instar de ce qui s'était produit plusieurs mois avant l'invasion de l'Irak, est en train de sonner l'hallali, préparant l'opinion internationale à une frappe légitime des installations nucléaires iraniennes par l'aviation américano-israélienne, dans le cadre étriqué d'une légitimation arrachée au conseil de sécurité de l'ONU, devenu une chambre d'enregistrement. Ou les Iraniens ont les moyens de leur politique ou les propos d'Ahmadinejad sont une «prouesse» donquichottesque dont il faut espérer que le peuple iranien ne fera pas les frais.