Dans une intervention, vendredi dernier, devant la Chambre des représentants italienne, en présence des membres de la commission des Affaires étrangères du Parlement, la ministre libyenne des AE Nejla al-Mangoush a indiqué que son pays mène des «négociations» pour obtenir le retrait des combattants étrangers présents en Libye, tout en estimant que la sécurité du pays dépend de ce retrait des forces étrangères et des mercenaires engagés par l'un ou l'autre camp durant le conflit. Selon al-Mangoush, il s'agit là d'une condition incontournable pour respecter la feuille de route de la Conférence de Berlin et les dispositions de l'accord conclu au terme du Forum de dialogue politique libyen (FDPL), en décembre 2020, à Tunis. Il n'en fallait pas plus pour que le président du Haut Conseil d'Etat Khaled al-Meshri sorte de sa réserve pour appeler le gouvernement, et son ministre des AE en l'occurrence, à respecter et à adhérer pleinement aux décisions adoptées par le FDPL. S'adressant aux médias locaux, il estime que les propos attribués par une agence de presse italienne à Mme al-Mangush méritent une clarification dans la mesure où il n'appartient pas au gouvernement Debeibah d'annuler ou de modifier les «accords légitimes antérieurs». Pour Khaled al-Meshri, en effet, le Haut Conseil d'Etat respecte les accords signés avec l'Etat turc, ainsi que l'ensemble des accords antérieurs à la mise en place du gouvernement intérimaire et qui ont été conclus, «dans n'importe quel domaine», avec d'autres pays. El-Meshri se fonde sur la distinction qu'il convient d'apporter, selon lui, à la question de la présence des mercenaires en Libye, une présence, souligne-t-il, «totalement rejetée», et à celle de forces étrangères présentes sur la base d'accords conclus avec les dirigeants libyens précédents. Il y a là une grande différence, affirme le président du Haut Conseil d'Etat, laissant supposer par-là même une certaine divergence de points de vue entre certains responsables et d'autres, tous issus du processus de règlement de la crise induit par la Conférence de Berlin et porté par les Nations unies, dans le cadre de leur mission d'appui (Manul). Le fait est que la feuille de route adoptée au lendemain de la tenue du Forum de dialogue politique libyen à Tunis fait du retrait des forces étrangères une condition sine qua non du règlement définitif de la crise. Compte tenu des efforts accomplis pour surmonter certains obstacles, longtemps considérés comme insurmontables par les principaux protagonistes du conflit, il est évident qu'une solution consensuelle doit émerger au plus vite, si l'on veut que le gouvernement Debeibah parvienne à honorer son contrat en organisant les élections générales du 24 décembre prochain. La réponse viendra peut-être de la réunion que le comité militaire mixte (5+5) va tenir à Syrte, demain et lundi, en présence d'un représentant de la Manul pour l'examen du mécanisme de mise en oeuvre de l'accord de cessez-le-feu signé le 23 octobre 2020 à Genève.