Jets de pierres, gaz lacrymogènes, balles en caoutchouc. Des centaines de Palestiniens ont été blessés, hier, lors de nouveaux affrontements avec des policiers israéliens sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, après un week-end de violences dans la Ville sainte, selon les secouristes palestiniens. Face à cette escalade, une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU était prévue tard dans la journée, à la demande de la Tunisie.Tôt le matin, des centaines, voire des milliers, de Palestiniens ont lancé des projectiles en direction des forces de l'ordre israéliennes positionnées à l'intérieur de l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam. Des dizaines de blessés étaient évacués de l'esplanade dans des ambulances sirènes hurlantes dans les alentours de la Vieille ville d'El Qods. «Il y a des centaines de blessés dans les heurts», dont une cinquantaine ont dû être hospitalisés, a indiqué le Croissant-Rouge palestinien dans un bref message aux journalistes. Vendredi soir, plus de 200 Palestiniens ont été blessées dans des heurts avec les policiers sur l'esplanade des Mosquées. Samedi et dimanche, le calme était revenu mais les heurts ont continué entre Palestiniens et policiers israéliens dans d'autres secteurs d' El Qods-Est, faisant au total plus d'une centaine de Palestiniens blessées, selon le Croissant rouge palestinien. L'un des vecteurs de tension des dernières semaines à El Qods-Est est le sort de familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah menacées d'expulsion au profit de colons juifs. Une audience clé de la Cour suprême israélienne devait se tenir, hier, mais a été reportée «à la lumière du contexte actuel». Par ailleurs, dans la bande de Ghaza, l'enclave palestinienne contrôlée par le Hamas, des ballons incendiaires et des roquettes ont été lancés vers Israël en appui aux manifestants d'El Qods. L'armée sioniste a annoncé le tir de sept nouvelles roquettes dimanche soir et tôt lundi depuis Ghaza vers le sud d'Israël, dont deux ont été interceptées par le système anti-missiles israélien et trois se sont abattues dans des terrains vagues. Des chars israéliens «ont attaqué des postes militaires» du Hamas dans le sud de la bande de Ghaza, a-t-elle ajouté et le point de passage d'Erez, seul permettant à la population de Ghaza de sortir vers Israël, a été fermé. Premier allié de l'Etat hébreu, les Etats-Unis ont appelé «responsables israéliens et palestiniens à agir pour mettre un terme à la violence», et exprimé leur inquiétude quant à «l'expulsion potentielle des familles palestiniennes de Cheikh Jarrah». Les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan - tous quatre ayant normalisé leurs relations avec l'entité sioniste, ces derniers mois - ont fait état de leur «profonde inquiétude», appelant Israël au «calme». Idem pour le quartette sur le Proche-Orient (USA, Russie, ONU, UE) qui a appelé Israël à faire preuve de «retenue». De son côté, le secrétaire général de l'ONU a exprimé sa «profonde préoccupation» et exhorté Israël à un «maximum de retenue». En Jordanie, pays en paix avec Israël depuis 1994, des centaines de manifestants ont réclamé à Amman la fermeture de l'ambassade d'Israël et l'expulsion de son ambassadeur. Le secrétariat général de la Ligue des Etats arabes a annoncé, dimanche, la tenue d'une session d'urgence du Conseil de la Ligue des Etats arabes, au niveau des ministres des Affaires étrangères, aujourd'hui, à la demande de l'Etat de Palestine. Dans un communiqué, la Ligue arabe a relevé que cette réunion qui se tiendra par vidéoconférence, portera sur les attaques israéliennes à El-Qods occupée et les lieux saints islamiques et chrétiens, en particulier la Mosquée Al-Aqsa, et l'attaque contre les fidèles lors de ce mois béni de Ramadhan, en plus des attaques brutales israéliennes et des plans de saisie des maisons des maqdessis, notamment dans le quartier de Cheikh Jarrah, pour tenter de vider la ville sainte de ses habitants et de déplacer sa population. L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas a dénoncé une «agression barbare» des forces israéliennes et le chef du mouvement islamiste palestinien à Ghaza, Ismaïl Haniyeh, a averti que la «résistance» palestinienne ne «restera pas les bras croisés». L'Organisation de la coopération islamique (OCI) a annoncé qu'elle tiendra, aujourd'hui, elle aussi, une réunion d'urgence au niveau des délégués permanents, à la demande de la Palestine, pour discuter de l'escalade des attaques israéliennes à El-Qods. La réunion examinera le plan des autorités d'occupation israéliennes visant à déplacer de force des dizaines de familles palestiniennes de leurs maisons du quartier Cheikh Jarrah, indique l'Organisation dans un communiqué. L'accent sera également mis sur les violations continues contre les lieux saints islamiques et chrétiens, en particulier la Mosquée Al-Aqsa, et les attaques contre les fidèles sur ses esplanades pour les empêcher d'y accéder, dans des tentatives de changer le statut juridique, historique et démographique d'El-Qods occupée et l'isoler de son environnement palestinien, ajoute le communiqué. Les attaques israéliennes contre les Palestiniens à El-Qods occupée se sont poursuivis hier soir. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exprimé dimanche sa profonde inquiétude face à la poursuite de la violence de l'entité sioniste à Al Qods-Est. Selon le communiqué, le chef de l'ONU a exhorté l'entité sioniste à cesser les démolitions et les expulsions, conformément à ses obligations en vertu du droit international humanitaire et du droit international des droits de l'homme. «Les autorités israéliennes doivent respecter le droit à la liberté de réunion pacifique et le statu quo sur les lieux saints doit être maintenu et respecté», a-t-il déclaré.