La Conférence de Berlin va connaître le 23 juin prochain sa deuxième édition, sous l'égide des Nations unies avec, sans doute, une participation des pays présents lors du premier rendez-vous, le 19 janvier 2020, à savoir les membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU, les pays voisins de la Libye (Algérie, Tunisie, Egypte), les pays impliqués directement dans la crise comme la Turquie et les Emirats, et les organisations régionales telles que l'Union africaine et l'Union européenne. Mais ce sera pour la première fois que le gouvernement de transition emmené par Abdelhamid Dbeibah sera également de la partie, annonce faite par le ministère allemand des Affaires étrangères. Objet de la nouvelle rencontre internationale, un bilan doit être établi quant à la politique de transition engagée depuis 2020, non sans de remarquables avancées. En effet, il y eut la promulgation inattendue d'un cessez-le-feu, décidé par le comité militaire mixte 5+5, réuni à Genève par les soins de l'ONU, puis le processus s'est accéléré. Au préalable, un important conclave à Tunis, le Forum du dialogue politique interlibyen (FDPL) avait adopté une feuille de route dans laquelle étaient indiquées les différentes étapes de sortie de crise, avec la mise en oeuvre initiale d'un gouvernement de transition, la promulgation d'un cessez-le-feu durable et sans condition, et la réunification des principales institutions du pays. Surtout, le FDPL était parvenu de manière consensuelle à fixer la date des élections générales, présidentielle et législatives inclues, le 24 décembre 2021. Une gageure, semblait-il, à ce moment-là. Sauf que malgré les résistances, prévisibles du reste, les progrès ont été à la fois rapides et spectaculaires, entraînant dans la foulée la désignation d'un nouvel envoyé spécial, Jan Kubis, chargé de remplacer le Libanais Ghassan Salamé, démissionnaire un an et demi plus tôt. Les participants au nouveau rendez-vous onusien sur la Libye vont devoir s'atteler, outre le bilan précité, à définir les «prochaines étapes nécessaires en vue d'une stabilisation durable», comme le précise le communiqué du ministère allemand des Affaires étrangères qui ajoute que «l'accent sera mis sur les préparatifs en vue des élections prévues le 24 décembre et le retrait prévu, selon les termes du cessez-le-feu, des troupes étrangères et des mercenaires de Libye». Voilà déjà trois mois que les appels se multiplient en ce sens, mais les choses n'ont pas réellement bougé sur le terrain, forces étrangères et mercenaires demeurant ancrés dans les six bases qui existent en Libye, certains arguant d'accords parfaitement légaux conclus avec les autorités libyennes précédentes (le gouvernement d'union nationale, reconnu par l'ONU, de Fayez al Serraj) et d'autres réclamant, de façon plus triviale, le paiement de leurs dus. «Des mesures visant à unifier les forces de sécurité libyennes seront également discutées», est-il encore indiqué dans le document du MAE germanique qui souligne que cette conférence se veut «l'expression du soutien international constant à la stabilisation de la Libye». Il faut dire que des efforts conséquents sont à prévoir pour baliser la voie aux prochaines élections. L'émissaire de l'ONU, Jan Kubis, n'a-t-il pas déploré, fin mai, devant le Conseil de Sécurité, des progrès «au point mort» pour la réouverture de la route côtière entre Syrte et Misrata et le retrait des forces étrangères? Les quelque 20.000 mercenaires et combattants étrangers en Libye, de nationalités multiples et diverses, hypothèquent, en effet, le succès de la démarche et rendent aléatoire, du moins pour le moment, la possibilité de tenir le pari des élections en décembre prochain.