La cinquième chambre près le pôle pénal financier et économique du tribunal de Sidi M'hamed a entamé l'instruction de l'affaire de l'acquisition «frauduleuse» de bracelets électroniques ordonnée par l'ancien ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh. Dans ce contexte, le juge d'instruction a entendu, lundi, l'ancien inspecteur général du ministère de la Justice, Tayeb Benhachem, l'ancien directeur général de la modernisation au ministère de la Justice, Abdelhakim Akka, incarcéré à la prison de Kolea. Ce dernier avait été nommé en mai 2019, au poste du directeur des systèmes et des moyens informatiques de la présidence de la République, par l'ex-chef d'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah. Le juge a également entendu l'ancien directeur général des finances et des moyens au ministère de la Justice, Salim Laâdaouri, incarcéré à El Harrach. Le dossier en question concerne l'acquisition de 1 000 bracelets électroniques pour un montant de 100 millions de dollars. Instruit dans un premier temps par les magistrats conseillers de la Cour suprême, le dossier a été renvoyé devant le juge du pôle pénal spécialisé près le tribunal de Sidi M'hamed, à Alger. Tayeb Louh et son directeur de la modernisation de l'époque, sont poursuivis pour les chefs d'inculpation de «dilapidation de deniers publics» et«violation de la réglementation des marchés publics». Pour rappel, entre 2016 et 2017, l'Etat avait dégagé un montant de près de 100 millions de dollars pour importer des bracelets électroniques comme alternative à l'emprisonnement de certains prévenus. Il s'est avéré par la suite, que ces bracelets étaient défectueux et ne répondaient pas aux normes requises. En plus de cette affaire, Tayeb Louh est confronté à une autre affaire liée à ses interférences dans les dossiers judiciaires. Des SMS, envoyés par Saïd Bouteflika ou Ali Haddad ou transmis à des magistrats ont été retrouvés sur les téléphones portables de Tayeb Louh, récupérés lors de la perquisition à son domicile. À travers ses SMS, Said Bouteflika demandait à Tayeb Louh d'annuler les mandats d'arrêt internationaux lancés au mois d'août 2013, durant la période de convalescence du président déchu à l'hôpital du Val-de-Grâce, en France, contre l'ancien ministre de l' Energie, Chakib Khelil, son épouse et ses deux enfants. Dans d'autres SMS, Said Bouteflika ordonnait à Tayeb Louh d'intervenir en faveur du patron du groupe Etrhb, Ali Haddad et de faire annuler le mandat d'arrêt lancé contre Nouah Kouninef. Il est à noter que le Cour suprême a rejeté tous les pourvois en cassation liés à cette affaire des SMS, qui sera renvoyée prochainement devant le tribunal criminel près la cour d'Alger. Par ailleurs, l'ancienne ministre de l' Industrie, Djamila Tamazirt actuellement en détention provisoire, a été auditionnée à la fin de la semaine dernière par le juge d'instruction du pôle économique et financier du tribunal de Sidi M'hamed dans une nouvelle affaire de corruption. Il s'agit du dossier lié à l'acquisition «frauduleuse» dans le cadre du partenariat «public-privé» par Benamor de Centres de production d'Eriad, situés à Corso et Boumerdès, comprenant un complexe de stockage, une boulangerie industrielle et une unité de fabrication de pâtes alimentaires. Elle a également fait l'objet d'une enquête sur le détournement illégal d'une grande quantité de blé et de céréales vers les moulins privés.