Certains textes pourraient provoquer une résistance au sein même de l'alliance censée défendre le programme de M.Bouteflika. «Le recours à la législation par ordonnances permet au président de la République de déjouer les manoeuvres et les surenchères politiques», reconnaît M.Abdelaziz Ziari, ministre chargé des Relations avec le parlement. Pour l'invité de notre rubrique «A coeur ouvert avec l'Expression», l'utilisation de ce droit constitutionnel est loin d'être une fin en soi. Elle obéit à une conjoncture politique complexe qui fait que certains textes de loi ayant trait à des domaines stratégiques pourraient provoquer des résistances au sein même de l'alliance, qui constitue pourtant la majorité au sein du Parlement, et qui a pour mission la mise en oeuvre du programme du président de la République. Peut-on conclure que le président de la République ne fait pas confiance a une entité politique qui a vu le jour pour soutenir ses réformes? Le ministre, également militant du FLN, estime naturel qu'il existe des divergences sur certains points. Des différences qui émanent parfois de la base et qui obéissent à des arrière-pensées politiques. Au vu de ces éléments, le recours aux ordonnances est perçu comme «un arbitrage dans des situations sensibles». Citant dans ce sens, l'exemple du code de la famille qui a provoqué un débat contradictoire au sein de la société. «Si le texte avait été présenté au Parlement, on ne serait pas arrivé à l'actuelle mouture» a-t-il estimé. Ajoutant qu' «il y'avait un risque de voir un code de la famille plus répressif voté par le Parlement», allusion aux pressions du courant islamiste. C'est aussi le cas pour la langue amazighe. «A chaque fois, le président de la République a voulu éviter la surenchère parce que des polémiques sont soulevées dès qu'il s'agit des questions identitaires.» L'autre raison qui justifie le recours aux ordonnances a trait au souci de préserver «l'harmonie des textes de loi». «Les amendements peuvent toucher des articles sensibles qui peuvent vider la loi de son sens.» L'exemple le plus récent concerne la loi sur la corruption adoptée en conseil de gouvernement et des ministres par les trois partis de l'alliance avant d'être révisée par les députés des deux formations FLN et MSP qui ont abrogé l'article 7. Ziari a tenté, par ailleurs, de minimiser la portée de ces contradictions, estimant que «le plus important est que cette absence de cohésion n'affecte pas les orientations générales du programme du président». Concernant les textes d'application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, il a estimé que le dossier a été largement débattu au sein de la société, sans perdre à l'esprit le fait qu'il a fait l'objet d'un référendum. «La charte est au-dessus de la loi», défend-il. Il faut savoir que sur les 78 textes de loi légiférés depuis 2002, 23 ont été promulgués par ordonnances. Au-delà des lectures faites sur les raisons qui motivent le président à avoir recours à cette procédure, Ziari estime qu'il est important de ne pas perdre de vue que ce recours «est un droit constitutionnel pour le président de la République». Il contribue à accélérer le rythme des réformes engagées sur le terrain, sachant les lenteurs de la machine administrative. Quant au Parlement, il est libre de voter ou d'approuver les ordonnances du président.Autrement dit, cette démarche présidentielle est loin de réduire dles prérogatives de l'institution législative en Algérie.