M.Abdelaziz Ziari revient, dans cet entretien, sur la crise entre les deux pouvoirs législatif et exécutif suite au «blocage» de la déclaration de politique générale préparée par le chef du gouvernement sortant. L'Expression: Le nouveau chef du gouvernement ne présentera pas son programme devant l'APN. Les observateurs évoquent une transgression de l'article 80 de la Constitution. Quelle est votre position? Abdelaziz Ziari: Dans le cas précis, il ne s'agit nullement d'une violation de la loi, sachant qu'excepté le chef de l'Exécutif, le staff gouvernemental a été reconduit dans son ensemble. On ne peut pas parler donc d'un nouveau gouvernement. La situation est claire. En ma qualité de ministre chargé des Relations avec le Parlement, j'estime qu'il n'est pas nécessaire pour M.Abdelaziz Belkhadem de s'adresser aux députés, puisqu'il n'y a pas un nouveau programme. Preuve en est, ce dernier a déclaré après sa désignation à la tête de l'Exécutif, qu'il va s'atteler à donner une nouvelle dynamique à la mise en oeuvre du programme de soutien à la relance économique, initié par le président de la République, et adopté par les mêmes députés à plusieurs reprises. Les exceptions que vous venez de soulever, pour justifier le «forfait» de M.Abdelaziz Belkhadem ne sont pas prévues dans la Constitution. Ce qui a amené les députés, y compris de l'Alliance à «rappeler à l'ordre» le gouvernement. L'article en question ne cadre pas avec la situation actuelle, puisque je le répète, nous ne sommes pas face à un nouveau gouvernement. Suite à un signal donné par le chef de l'Etat et approuvé par la classe politique, un changement a été procédé à la tête de l'Exécutif. Un changement qui concerne une personne, et qui n'a aucune influence sur l'esprit des réformes, ni sur le programme économique. C'est un événement normal dans la vie politique. D'ailleurs, il est important de souligner que le Conseil des minis-tres qui devait se tenir juste après la désignation du gouvernement, ne s'est pas réuni. Ce qui prouve que nous sommes dans une situation normale, l'équipe actuelle poursuit ses actions sur le terrain. Rien n' a été modifié. Demain, on va tenir le premier conseil de gouvernement, présidé par Abdelaziz Belkhadem, consacré à la communication du ministre des Participations M.Hamid Temmar, sur le dispositif de soutien à l'investissement. Un dossier important suivi de près par M.le président de la République. Comment expliquer les critiques soulevées sur cette question? Juridiquement parlant, il n' y a pas un manquement aux lois de la République. C'est important de le signaler. Chacun est, maintenant, responsable de ses interprétations. Il faut signaler que rien n'empêche le chef de l'Exécutif de se présenter devant l'Assemblée si la nécessité se faisait sentir. Son parti dispose de la majorité. Le bureau de l'APN qui est l'instance suprême, partage la même opinon que le gouvernement. Auparavant, l'APN avait bloqué la déclaration de politique générale de M.Ahmed Ouyahia. Le président de l'APN a, selon les observateurs, troqué, pour la deuxième fois, sa casquette de président de l'APN au profit de son appartenance partisane au FLN... Les affaires d'Etat ne se discutent pas sur la place publique. Les décisions du président de l'APN sont certainement motivées par des raisons objectives. Le ministre chargé des Relations avec le Parlement n'a pas eu connaissance de la saisine de l'ex chef de l'Exécutif. Il n'a pas vu aussi la copie de ce document qui aurait été transmis à l'APN. Il est probable que le chef du gouvernement ait saisi le président de l'APN directement, sans passer par mon département. Je n'étais pas plus informé sur cette question. Votre mission est de gérer les relations entre l'Exécutif et l'appareil législatif, comment expliquez-vous cette défaillance? Il faut savoir que le chef du gouvernement n'est pas obligé de me solliciter avant de saisir l'APN. Mais je reconnais que sur ce point précis, il y a eu dysfonctionnement. A quel niveau? Je suis incapable de définir avec exactitude les raisons et les niveaux de ce «dysfonctionnement», mais il est clair que le ministère chargé des Relations avec le Parlement est censé être plus informé sur ces dossiers. Mais l'Assemblée populaire nationale ne peut pas empêcher le chef du gouvernement de présenter son bilan. Le bureau de l'APN se réunit avant l'ouverture de la session pour établir l'ordre du jour conjointement avec le gouvernement. Toute révision sur l'agenda ne peut être effectuée sans aviser l'Exécutif. C'est le cas pour la déclaration de politique générale. Voulez-vous dire que le gouvernement a été sollicité par M.Saâdani avant de prendre cette décision? Cette décision se prend conjointement suite à des discussions menées entre les deux parties concernées. Le même principe est appliqué pour les mesures et les révisions prises par le gouvernement. j'estime personnellement qu'il n'y a pas eu de situation de blocage. J'estime que la question ne mérite pas tout cet intérêt, dans la mesure où ce n'est pas la première fois qu'un chef de gouvernement ne présente pas son bilan. Depuis 2001, le chef du gouvernement a fait son bilan une seule fois. C'était l'année dernière... Mais c'est la première fois qu'une saisine d'un chef de l'Exécutif est rejetée par l'APN. Cette décision avait ses motivations.