Ce ne sera pas la première fois que l'on annonce une date butoir. «Le cercle rapproché» du président est intervenu à plusieurs reprises pour tenter de briser le mur du silence soigneusement entretenu par M.Bouteflika. Le président de la République dévoilera son projet de révision de la Constitution au courant du mois de mars. Il sera probablement soumis au Parlement durant la session de printemps qui s'ouvrira le 2 du même mois. Ces précisions ont été apportées jeudi, par le président de la chambre basse du Parlement, M.Abdelaziz Ziari, lors de son passage sur les ondes de la Chaîne II de la Radio nationale. «La question de la Constitution sera clarifiée au courant du mois de mars», a-t-il affirmé. Dans un mois donc, et à en croire le troisième homme de l'Etat, M.Abdelaziz Bouteflika lèvera le voile sur le contenu d'un texte qui a fait couler beaucoup d'encre, donnant souvent lieu à des déclarations et à des analyses contradictoires. Ce ne sera pas la première fois par ailleurs, que l'on annonce une date butoir. «Le cercle rapproché» du Président est intervenu à plusieurs reprises pour tenter de briser le mur du silence (autour de la révision de la loi fondamentale) soigneusement entretenu par M.Bouteflika. L'on attribue, dans ce sens, des dizaines de déclarations au chef du gouvernement, M.Abdelaziz Belkhadem, au ministre d'Etat M.Bouguerra Soltani et dernièrement, à M.Ahmed Ouyahia, le secrétaire général du RND. Les trois hommes avaient fait miroiter l'image «de bras droits» bien informés des intentions du président. Mais voilà que sur ce terrain, du moins, le temps a fini par prouver qu'ils avaient tout simplement fait tout faux. Dès lors, l'on peut s'interroger quant à l'authenticité de la date avancée par M.Ziari. D'ailleurs, lors de son intervention, ce dernier s'est rétracté pour souligner que «la date de la révision, la manière avec laquelle elle sera concrétisée, ses volets sont des prérogatives absolues du chef de l'Etat». Néanmoins, M.Ziari estime que «rien n'empêche un parti politique ou une organisation d'exprimer le souhait de réviser la Constitution». Il se réfère pour ce faire à l'article 177 de la Constitution qui permet aux trois quarts des membres des deux chambres du Parlement réunis, de proposer une révision constitutionnelle et de la présenter au Président de la République. Le Front de libération nationale (FLN) a fait l'objet de tirs croisés de la part de la classe politique qui s'est élevée contre l'initiative prise par ce parti qui a lancé la campagne pour la révision constitutionnelle depuis près de trois ans, rappelle-t-on. M.Ziari a tronqué la casquette de président de l'APN pour défendre le choix porté sur le candidat Bouteflika par son parti pour dire: «En ma qualité de militant du parti (FLN), je défends la thèse que le président du parti soit candidat à la présidence de la République pour un autre mandat». Le FLN a le «sentiment profond» que le président Bouteflika représente un «facteur de stabilisation de la vie politique et des institutions», a insisté le président de l'APN. Et de poursuivre en indiquant que M.Bouteflika est la personnalité qui a le plus de chance, aujourd'hui dans le pays, de réunir le maximum de consensus autour d'elle. Votez pour le président en 2009 permettra la «consolidation de cette stabilisation», assure M.Ziari. Celui-ci accuse, d'autre part, sans les citer, les «centres d'intérêt». Ceux à qui profite, selon lui, «l'instabilité» pour faire barrage au président Bouteflika en 2009. Le président de la chambre basse, qui a souhaité que cette révision de la Constitution soit inscrite à la session de l'APN en mars prochain, soutient que le président peut faire l'économie d'un référendum si les amendements ne touchent pas les équilibres politiques du pays. Effleurant les principaux chapitres du nouveau texte, il aborde de prime abord, la question de limitation des mandats pour considérer qu'aller au-delà de deux mandats, «ne touche en rien au processus démocratique» et de réaffirmer à son tour le fait que cette limitation nous «est imposée par l'étranger dans le souci d'assurer l'alternance du pouvoir». «La décision doit appartenir au peuple. L'Etat de son côté est appelé à assurer la transparence et la crédibilité des élections.» Le FLN préconise, en outre «l'harmonisation de l'Exécutif afin que les responsabilités soient claires, définissant notamment les attributs du chef du gouvernement, la relation du Parlement avec le gouvernement et le contrôle de l'action gouvernementale par les députés». Le prochain texte devra consacrer un système présidentiel fort et mettre fin au «bicéphalisme» de l'Exécutif. «Le chef du gouvernement doit présenter au Parlement le programme du président de la République, et coordonner avec son équipe pour le mettre en oeuvre.» Le poste de chef de gouvernement disparaîtra-t-il dans la prochaine mouture? Pour M.Ziari, le système parlementaire est inadapté à la situation actuelle: «Si on veut mettre notre pays dans une situation d'instabilité chronique et de non-développement, qu'on aille vers le système parlementaire et toutes les dérégulations que cela crée», a-t-il déclaré. Interrogé sur le sort du Sénat, le président de l'APN a contrarié son chef de file du FLN en annonçant que le «Sénat est utile mais pas indispensable», proposant de revoir le système de rotation dans la présentation de la loi. Enfin, M.Ziari estime que l'APN assume pleinement ses missions: «C'est un lieu de débat et de confrontation d'opinions» soutient-il. Faisant remarquer que rien n'empêche l'opposition d'exprimer ses opinions ou de soumettre des amendements sur les projets soumis. Quant aux partis de l'Alliance, «ils sont là pour veiller à l'application du programme du gouvernement qui s'inspire des orientations du premier magistrat du pays». «On n'attendait pas du FLN, MSP et RND qu'ils votent contre les projets du gouvernement», conclut-il.