La population de la commune d'El Affroun, wilaya de Blida, vit une véritable psychose suite à l'apparition d'un cas de rage. Une étudiante de l'université Blida 2, Ali Lounissi, a été attaquée par son propre chat. Ce dernier, selon les analyses de l'institut Pasteur, était enragé, indique un communiqué de l'Apc d'El Affroun. Au même moment de l'annonce de la découverte du foyer du virus de la rage, l'alerte a été donnée pour que les citoyens prennent garde de la possible propagation de l'épidémie. Les services de l'Apc d'El Affroun ont, en effet, placardé des affiches pour informer les habitants de la gravité de cette situation et les sensibiliser afin de prendre leurs précautions. L'appel est lancé à l'égard de la population pour éviter tout contact avec des animaux sauvages, qu'ils soient chiens errants ou chats. Les services sanitaires et vétérinaires ont aussitôt mobilisé leurs brigades pour suivre l'évolution de la situation dans la commune où a été signalée la rage. Devant la confirmation du cas de rage, la mairie a recommandé aux citoyens de se diriger «en urgence» aux structures de santé les plus proches en cas de morsures ou de griffures d'animaux. «Le traitement doit en effet se faire de manière immédiate», prévient le docteur Mohamed Bekkat Berkani, président du Conseil national de l'Ordre des médecins. Contacté hier par L'Expression, le médecin nous a indiqué que «la rage tue à hauteur de 99% si la personne infectée n'est pas traitée». La menace est sérieuse. Notre interlocuteur a précisé, dans ce sens, que «toute personne ayant été agressée par un animal errant ou même domestique mais dont le statut vaccinal contre la rage n'est pas connu, est exposée au risque.» Pour éliminer le danger, le docteur Bekkat Berkani recommande «de vacciner les animaux domestiques. «Le cas de l'étudiante est là pour nous rappeler que les animaux domestiques peuvent aussi contracter la rage à la suite de la morsure d'une bête infectée,» a-t-il encore ajouté. Le foyer de la rage en question aurait, en fait pu être évité. La direction des oeuvres universitaires de Blida s'en lave les mains et incombe l'entière responsabilité à l'Apc d'El Affroun. En effet, et dans une réponse, dont nous détenons une copie, la direction des oeuvres universitaires de Blida affirme «avoir alerté, le 28 mars dernier, les services compétents de l'Apc sur l'existence de chiens errants aux alentours de l'université Blida 2, Ali Lounissi». Cependant, l'alerte n'a pas été prise au sérieux par les services de la mairie. La négligence du risque de transmission du virus de la rage entrave sérieusement le programme national de lutte de cette maladie, placée prioritaire. C'est ce qui ressort du rapport établi, fin 2019, par la direction générale de la prévention et de la promotion de la santé. Ledit document affirme que «les résultats du programme national de lutte contre la rage sont en deçà des attentes et ce, d'autant que la rage animale continue de sévir en Algérie avec une moyenne de 990 cas enregistrés chaque année.» «Une moyenne de 15 à 20 cas est notifiée annuellement dans le pays et chaque année près de 120 000 personnes font l'objet de morsure. Malgré toutes les mesures prises pour l'éradiquer, «la rage continue de se manifester en Algérie,» précise le même rapport. Le programme national prévoit, pour rappel, la prévention de la rage et son élimination d'ici à 2030, évitant ainsi tous des décès humains dus à cette maladie transmise par les animaux infectés.