En cette deuxième quinzaine du mois d'août plane une odeur de fin de vacances. Si dans les lieux communs elle est moins perçue, en revanche aux ports et aéroports, elle est très présente. A l'aéroport Houari Boumediene à Alger le cycle est nettement inversé. Au déversement des vacanciers qui emplissaient les points d'arrivée, il y a quelques semaines, succède la prise d'assaut des guichets «départ» principalement par nos émigrés de retour dans leur pays d'accueil. C'est là que nous rencontrons quelques-uns d'entre eux entourés de bagages mal fagotés et qui laissaient pour certains apparaître le contenu. Des figues, du couscous font ainsi partie du voyage. Un couple, dont la femme est assise sur les valises, accepte de nous faire part de ses impressions: «Nous sommes venus en juillet. D'habitude nous prenons le vol de Béjaïa où se trouve toute notre famille. Mais cette année, les événements connus par cette région nous ont obligés à donner rendez-vous à nos plus proches à Alger. Nous nous sommes tous regroupés à Palm Beach (station balnéaire à 30 km à l'ouest d'Alger). Nous y avons passé des moments inoubliables. Ce sont nos enfants qui ont été les plus contents. Ils s'y sont fait de nouveaux amis. Le départ a été déchirant. D'ailleurs vous les voyez là, comme ils sont tristes. Ils ne parlent pas, ils sont absents. Ils pensent à leurs copains restés à la plage.» Et les conditions de voyage? «Cette année nous avons eu le choix de la compagnie. La concurrence, c'est quelque chose d'excellent pour nous. C'est pourquoi nous avons choisi Khalifa Airways. C'est nouveau. Nous verrons si c'est mieux jusqu'au bout, mais pour l'instant tout se passe bien.» En effet, l'enregistrement se déroule sans heurts. Les préposés gardent le sourire malgré la foule compacte présente aux guichets. A l'évidence de gros efforts sont fournis par le personnel de la nouvelle compagnie privée pour une meilleure image de marque et le souci de fidéliser la clientèle. Les stigmates du passé sont toujours vivaces dans les esprits du temps où les algériens souffraient de l'arrogance et du mépris induits par le monopole. «Vous voyez comme ils sont cool et sérieux. Alors qu'avant!...», fait remarquer avec une moue de circonstance notre émigré. Quelle différence en effet! La maîtrise dont font preuve les hôtesses derrière leurs guichets est tellement évidente que les passagers sont rassurés et avancent dans l'ordre et sans bousculades alors que le vol affiche complet. Grâce aux responsables de la compagnie Khalifa, nous suivrons ces passagers dans les différentes étapes des formalités jusqu'à leur arrivée à Marseille (France). C'est à bord d'un Airbus A330 d'une capacité de près de 400 passagers et plein comme un oeuf que nous faisons le voyage. L'équipage canadien du cockpit nous souhaite la bienvenue à bord, mais interdit à quiconque de fumer. Aucune rangée de fauteuil n'est prévue pour les amateurs de tabac. De quoi mécontenter quelques-uns qui dénoncent cette «attitude fascisante». A part ce détail - important malgré tout - la traversée de la Méditerranée est effectuée dans de bonnes conditions. Décollage et atterrissage en douceur. Quelques turbulences au cours du vol, sans plus. Tout au long du vol les hôtesses et stewards de Khalifa Airways sont aux petits soins avec les passagers. Le «nous espérons vous revoir bientôt sur nos lignes» lancé au micro juste après l'atterrissage prend toute sa signification. Toute la stratégie du marketing de Khalifa est là. Même démarche, même comportement du personnel au sol qui prend le relais à Marseille-Marignagne. Même sourire arboré, même maîtrise de soi. C'est là un grand mérite quand on sait que dans le lot, il y a toujours des passagers caractériels, «ingérables» qui posent problème. Après un bref séjour dans la ville phocéenne, nous prenons le chemin du retour. Cette fois, moins de monde aux guichets. Quelques résidents nationaux retournent au pays au terme de leurs vacances. Ils ne sont pas nombreux. D'autres sont des hommes d'affaires. Quelques trabendistes aussi. 115 passagers sont programmés pour ce Marseille-Alger. A l'enregistrement nous assistons à une particularité, qui avec le temps est gagnée par la banalité, tous les voyageurs accusent des excédents de bagages. Et c'est au moment de payer le surplus que les dents grincent, que les porte-monnaie se ferment, que les uns supplient, et que d'autres vocifèrent leur mauvaise foi. Un magma qui n'a qu'un effet relatif sur le personnel d'embarquement dirigé par une femme hors pair (voir notre encadré) qui en a vu d'autres. Des solutions aux problèmes les plus complexes sont ainsi apportées. Une fois dans la salle d'embarquement, le contraste est frappant. Tous les passagers sont silencieusement affalés dans les fauteuils. Ils ont l'air morose. La fin des vacances et le retour n'ont pas l'air de les inspirer. Tous semblent avoir la tête ailleurs. Peut-être enfouie dans leurs souvenirs. L'ambiance n'est pas du tout pareille au départ et au retour. A bord, à l'aller comme au retour un plateau déjeuner est servi. Dans leurs tenues bleues les hôtesses sont toutes dévouées, on les sent pleines d'expérience malgré leur jeunesse et celle de leur compagnie. Une compagnie, qui en deux années d'existence, aligne une flotte d'une trentaine d'appareils et s'impose dans la «cour des grands». D'où vient le secret? «Du dynamisme de nos managers et de l'esprit d'équipe érigé en règle», répondent à l'unisson les membres du personnel que nous avons interrogés. En effet, le groupe Khalifa place l'intégration au-dessus de toutes ses préoccupations et comme condition majeure de son développement. C'est ainsi qu'après le cartering, Khalifa c'est aussi la location de voitures. Le tout en un pour les gens qui bougent. Vu de plus près, comme il nous en a été donné l'occasion, cette nouvelle compagnie aérienne (elle date de 1999) a de beaux jours devant elle. Mais déjà c'est une compagnie aérienne avec laquelle il faut compter. D'autres n'ont pu tenir.