Selon lui, le code des investissements actuel n'accorde aucun avantage aux opérateurs. «Je ne pense pas que la délégation du Medef a échoué dans sa dernière mission car c'est la première fois qu'elle rencontre directement les chefs d'entreprise algériens». C'est par ces termes que le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), M.Omar Ramdane, a commenté la visite du Medef, lors de son intervention hier à l'émission «Question de l'heure», diffusée sur les ondes de la Chaîne III. Contrairement à ce que disent les observateurs économiques, le président du FCE ne désespère pas de voir les entreprises françaises investir en Algérie. Même si la visite n'a pas donné de résultats positifs en termes de contrats, le représentant du patronat national considère que cette rencontre était bénéfique pour les deux parties. La délégation française, argumente-t-il, est repartie avec une image plus réconfortante et une visibilité claire sur le développement de l'économie nationale. Les Français, poursuit-il, sont conscients aujourd'hui de l'importance du marché algérien et de l'intérêt manifesté par les différents pays, en particulier les non asiatiques. «La part de marché est en recul devant les produits asiatiques qui inondent notre marché, ce qui va pousser les Français à réinvestir le terrain», précise Ramdane. Ce dernier reconnaît que les investissements français sont modestes, pour ne pas dire insignifiants. Suite aux entretiens qu'il a eus avec la présidente du Medef, le président du FCE semble rassuré de la détermination des patrons français à investir en affirmant toutefois «qu'il vont prendre une part importante dans l'économie nationale». Aussi, les discussions entamées directement avec les chefs d'entreprise vont, sans doute, permettre d'accélérer les choses sur le terrain. Pour preuve, les relations commerciales sont au beau fixe avec la France qui détient la moitié des importations de l'Algérie avec 2 milliards de dollars en 2006. Revenant sur la question de la faiblesse des investissements français, le président du FCE n'a pas manqué de remettre en cause le climat des affaires marqué par les contraintes du foncier et du transfert des capitaux. «Le climat d'investissement doit être d'abord attractif pour les opérateurs nationaux», suggère-t-il, avant d'ajouter:«Notre marché est le plus ouvert dans la région du Maghreb et qui suscite le moins d'engagement». Le président du forum est allé loin au point de critiquer la gestion du foncier industriel. Pour lui, il n'y a pas de problème de foncier industriel. Il critique cependant la manière dont l'Etat gère ce dossier. «Comment procéder à la récupération des assiettes foncières des entreprises alors que celles-ci sont proposées à la privatisation?», s'interroge-t-il en précisant que ce qui intéresse l'investisseur, c'est d'abord l'assiette et non pas l'entreprise. «Ce n'est pas en vendant le terrain que l'Etat fait une affaire mais en créant plutôt des richesses, donc en aidant les opérateurs privés nationaux à reprendre les entreprises», explique M.Ramdane. Ce dernier affirme même que le code actuel des investissements n'accorde aucun avantage aux investisseurs. Sur ce point, il pense que l'ancien code des investissements est beaucoup plus avantageux pour les opérateurs. Il citera à titre d'exemple qu'«il n'y a pas d'avantage réduisant les impôts et les droits et taxes». En prévision du premier sommet euroméditerranéen des chefs d'entreprise qui se tiendra les 21 et 22 novembre à Barcelone, le président du forum va entreprendre une série de visites dans les pays du Golfe pour faire la promotion des opportunités d'investissements en Algérie. Ce dernier reconnaît que l'expérience réussie d'Orascom a beaucoup encouragé les pays du Golfe à s'orienter vers l'Algérie. Interrogé par ailleurs sur la question des salaires, le président du FCE s'est montré très satisfait en plaidant pour l'augmentation du pouvoir d'achat. «Le forum, dit-il, est pour une augmentation conséquente des salaires qui doit être suivie par une baisse des charges.» Ce dernier ne voit aucun effet positif dans le fait d'augmenter les salaires sans réduire les charges patronales. Pour lui, il est temps de tirer profit de l'embellie financière pour construire une économie productive en mesure de réduire la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures.