Le président du mouvement El-Islah, Filali Ghouini, n'est pas du tout mauvais perdant. N'ayant décroché aucun siège des élections législatives du 12 juin dernier, il n'a pas moins estimé que le rendez-vous électoral était une réussite politique de l'Algérie. Pour Ghouini, le processus électoral «a redonné confiance au peuple quant à sa capacité à être l'artisan du changement». Le propos peut paraître quelque peu trop optimiste, mais le président d'El Islah qui, à l'issue d'une réunion du bureau national du mouvement El-Islah, a précisé que les mem-bres de la direction se félicitaient «de la réussite de l'opération d'édification de l'institution législative et du renouvellement de ses membres dans le cadre du nouveau processus visant le redressement des institutions élues». Ce qui compte, ce n'est donc pas le score, mais l'opération politique elle-même qui a débouché sur le renouvellement du personnel politique. À bien suivre Ghouini, on est tenté de comprendre que peu importe l'échec d'un ou plusieurs partis, l'essentiel est que l'Algérie dispose désormais d'une institution parlementaire légitime. Le patron d'El Islah partage ce point de vue avec l'ensemble des participants aux joutes électorales qui a confirmé le retour en force du FLN. Un retour sans tache qui donne au vieux parti la pleine légitimité dans l'exercice du pouvoir législatif dans le cadre de la coalition qui verra bientôt le jour. Après avoir affirmé que le mouvement El-Islah «respecte les prérogatives des différentes autorités, dont l'Autorité nationale indépendante des élections», il a précisé que «les résultats préliminaires et les recours sont entre les mains du Conseil constitutionnel sur lequel nous comptons pour corriger les erreurs et traiter les dysfonctionnements relevés le jour du scrutin». Une déclaration qui renvoie au respect total dont fait montre le mouvement islamiste à l'endroit des institutions de la République. De nouvelles moeurs politiques qui gagneraient à se généraliser. Cette posture on ne peut plus respectueuse n'empêche pas le constat d'erreurs qui, selon Ghouini, «peuvent être corrigées par la force de la Constitution et de la loi». Un point en faveur de ce chef de parti qui semble vouloir donner l'exemple. «Dans l'attente de la proclamation des résultats définitifs, nous collectons des données sur les dépassements enregistrés», a-t-il souligné, histoire d'annoncer la couleur, à savoir que le respect n'empêche pas le contrôle. Il reste que Ghouini n'a pas donné plus de détails sur la nature de ces dépassements. Ghouini a, par ailleurs, insisté sur la nécessité pour les futurs députés de «s'acquitter pleinement de leurs missions législatives, d'exercer un véritable contrôle sur l'action gouvernementale, de défendre les revendications légitimes des citoyens et d'oeuvrer à trouver des solutions à leurs problèmes». On retiendra dans la délcaration du président du mouvement El Islah que «le processus ne s'arrête pas aux législatives, d'autres étapes suivront, notamment les élections locales et les différents chantiers socio-économiques». Autant d'étapes que le parti islamiste compte visiblement investir pour gagner en expérience et en popularité. Et pour cause, il n'a pas manqué d'afficher la détermination de sa formation politique «à travailler de concert avec tous les acteurs pour parachever le reste des chantiers de la nouvelle Algérie». El Islah ne sera certainement pas représenté dans le prochain gouvernement, mais il optera sans doute pour une forme d'opposition constructive.