Alors que le pouvoir législatif sera installé le 8 juillet prochain, en application de la Constitution, c'est-à-dire 15 jours après l'annonce des résultats définitifs par le Conseil constitutionnel, l'Exécutif demeure encore, à ce jour, un mystère pour les observateurs et l'opinion nationale. Quatre jours après la nomination de Aïmene Benabderrahmane au poste de Premier ministre, c'est encore le silence-radio sur l'identité des ministre de son gouvernement. Les partis politiques, qui ont fourni, chacun pour ce qui le concerne, une liste de noms susceptibles d'intégrer l'équipe gouvernementale semble maintenir le secret sur leurs poulains. Ils ne savent d'ailleurs pas sur quel cadre sera porté le choix du Premier ministre. Il va de soi que chaque candidat partisan à un poste ministériel a un parcours professionnel, des compétences précises à même de lui ouvrir les portes d'un ministère plutôt qu'un autre. Mais disons qu'au final, c'est le chef de l'Etat et le Premier ministre qui apprécieront les profils des uns et des autres. Aïmene Benabderrahmane doit certainement avoir son idée après en avoir parlé au président de la République. Lequel a droit de regard sur chaque futur détenteur de portefeuille. Il a également la prérogative de nommer les ministres qui occuperont des postes régaliens. L'Intérieur, les Affaires étrangères, la Justice et autres départements ministériels importants dans le fonctionnement de l'Etat reviennent prioritairement à l'appréciation du chef de l'Etat. Il n'est donc pas exclu de voir certains ministres du gouvernement Djerad, reconduits dans celui de Benabderrahmane. Cela ne relèvera pas d'une quelconque contradiction, puisque le mandat du président de la République court jusqu'à décembre 2024 et qu'à ce titre, le pouvoir exécutif n'a pas changé. Les ministères régaliens demeureront la prérogative exclusive du président Tebboune, d'autant qu'en matière programmatique, rien ne changera puisque le prochain gouvernement appliquera le programme du chef de l'Etat. Dans la formation de l'équipe que drivera Aïmene Benabderrahmane, il restera un nombre important de postes à pourvoir, ce qui ne déplairait pas aux formations politiques qui participeront à la gouvernance du pays. Sauf que le nouveau Premier ministre pourrait être tenté, avec l'accord du président Tebboune, par un gouvernement ramassé moins pléthorique que celui de son prédécesseur. Une équipe de compétences qui va droit au but et qui d'entrée marquera les esprits des Algériens par une nouvelle dynamique, à même de surprendre les partenaires de l'Algérie. L'option pourrait être retenue, d'autant plus que l'Exécutif a véritablement besoin de donner le change à une société, en attente d'un redémarrage digne de ce nom du pays. Même si le spectre de la Covid-19 plane toujours, le gouvernement Benabderrahmane ne pourra pas en user comme un prétexte d'un éventuel échec de la relance économique. Il reste que quoi qu'on dise, la mission du gouvernement politique n'est pas du tout aisée. Dans tous les secteurs, à commencer par celui des ressources en eau, les urgences sont signalées et tout faux pas se paiera cher. C'est tout le challenge d'une équipe, dont il n'est pas dit qu'elle va droit dans le mur. Et pour cause, sa profondeur politique assumée apportera un surplus de volontarisme et pourra créer la surprise sur le dossier de la bureaucratie financière notamment. Faut-il rappeler à ce propos qu'un certain nombre de décisions d'allègement de nombreuses procédures financières à l'export ont été prises et toujours pas appliquées. Benabderrahmane qui a désormais les coudées franches, a l'opportunité de libérer les énergies et produire le saut tant attendu, en matière d'exportations hors hydrocarbures. Mais cela passe par une réelle solidarité gouvernementale, dont les politiques en connaissent l'importance. La cohésion et la complémentarité entre les départements ministériels seront de mise. La grande bataille sera celle de la confiance. Mais la guerre se gagnera par le courage politique. Le premier gouvernement des premières élections législatives de la nouvelle Algérie, saura-t-il en avoir assez pour propulser le pays? On le saura bien assez tôt.