Le nouveau patron de l'Exécutif ne part pas en terre inconnue. La situation économique et financière, en particulier, du pays, il la connaît sur le bout des doigts. C'est sur ce front que sera concentré l'essentiel de sa feuille de route. La double casquette que porte Aïmène Benabderrahmane, Premier ministre et grand argentier du pays, indique incontestablement que le «champ de bataille» sera économique. Le successeur de Abdelaziz Djerad s'y rendra dans une conjoncture relativement favorable. Avec un baril de pétrole qui tourne autour des 75 dollars, sachant que les exportations d'hydrocarbures représentent l'essentiel des revenus en devises, du pays, il est légitime d'attendre des recettes substantielles par rapport à l'an dernier. Et comme l'argent représente le nerf de la guerre, cela constituera des munitions de plus pour faciliter les missions de ses troupes, celles qui lui ont été assignées. La feuille de route tracée par le président de la République, qui a été contrariée par la pandémie de Covid-19 et les insuffisances de certains ministères, doit connaître un coup d'accélérateur. Des défis d'une extrême importance doivent être relevés en 2021 dans le sillage d'une campagne de vaccination qui doit être une réussite, une condition sine qua non pour relancer la machine économique. L'économie nationale a un besoin urgent de restructuration. Deux rencontres phares lui ont été consacrées. Un Plan de relance en août 2020 et une Conférence nationale sur les start-up au début du mois d'octobre de la même année. La problématique de la relance de la dynamique pour l'émergence d'une énergie verte durable, celle de l'économie de la connaissance et de l'innovation, représente le pivot de la stratégie économique voulue par le chef de l'Etat. Schématiquement, l'objectif est de faire la part belle aux investissements directs étrangers, avec comme bras armé une nouvelle loi sur les hydrocarbures, qui doit permettre à Sonatrach, poumon de l'économie nationale, de se redéployer à l'international. Force est de constater que l'on avance à pas de tortue sur un terrain où le nouveau Premier ministre sera en première ligne: le Plan de relance économique. Un tiers seulement des recommandations de la Conférence nationale sur le Plan de relance pour une économie nouvelle, tenue en août 2020, a été réalisé selon un rapport d'évaluation du Conseil national économique, social et environnemental (Cnese) publié en juin 2021. Un constat qui indique que des lenteurs bureaucratiques contrarient significativement la mise en oeuvre du nouveau modèle de croissance qui doit permettre de gagner cette «mère des batailles». Les déclarations du président de l'ex-FCE rebaptisé Confédération algérienne du patronat citoyen, confirment à plus d'un titre cette situation. Le dossier du foncier industriel est paralysé depuis plus de 15 mois. Depuis 2020, c'est l'inertie totale. Aucun dossier n'a été traité. Des centaines d'investisseurs s'en plaignent. C'est un sujet qui est débattu régulièrement, à chaque réunion, avec les chefs d'entreprise, avait indiqué, le 8 juin dernier, Sami Agli sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio nationale. Un imbroglio créé par une administration extrêmement bureaucratisée qui fait la sourde oreille à l'investissement, à un moment où le pays fait face à des défis majeurs, dont celui, vital, de la relance économique. Qualifié de «Plan de la dernière chance», par le patron de l'ex- FCE, qui dénonce les lourdeurs administratives qui l'entourent et qui sont toujours là. Un phénomène que pointe aussi du doigt le président de l'Association nationale des exportateurs algériens qui fustige la réglementation des changes. «Le 28 avril dernier, la Banque d'Algérie a annoncé, par communiqué, de bonnes nouvelles sur la rétrocession des devises pour les exportateurs. Mais jusqu'à aujourd'hui, rien n'a été appliqué et c'est une première», avait déclaré, le 15 juin, Ali Bey Nasri. La Banque d'Algérie, un sanctuaire financier que connaît Aïmène Benabderrahmane, est mise en cause. La rappellera-t-il à l'ordre? La question est posée. Il est incontestable que la bataille contre la bureaucratie est incontournable pour mener à bon port l'économie nationale et rompre avec la rente pétrolière.