Le patron de l'ex-FCE est très remonté. Et il y a de quoi. Les chefs d'entreprise, les bâtisseurs, les créateurs de richesses et d'emplois ceux sur lesquels le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, fonde de grands espoirs pour construire un nouveau modèle de croissance pour atténuer l'addiction du pays à son pétrole, ont pratiquement les mains liées. Ils baignent dans l'inquiétude et le désarroi. Le doute s'est emparé d'eux. La cause? Le dossier du foncier industriel est paralysé depuis plus de 15 mois. Depuis 2020 c'est l'inertie totale. Aucun dossier n'a été traité. Des centaines d'investisseurs s'en plaignent. C'est un sujet qui est débattu régulièrement à chaque réunion avec les chefs d'entreprise, a indiqué, hier, Sami Agli sur les ondes de la Chaîne 3. Il n'est pas normal qu'on bloque l'investissement alors qu'il est primordial pour la relance, a-t-il déploré. Un imbroglio créé par une administration extrêmement bureaucratisée qui fait la sourde oreille à l'investissement à un moment où le pays fait face à des défis majeurs dont celui vital de la relance économique. Qualifié de «Plan de la dernière chance», par le patron de l'ex- FCE, qui dénonce les lourdeurs administratives qui l'entourent et qui sont toujours là. «Même plus actives qu'avant», souligne-t-il. «C'est l'incompréhension totale parmi les acteurs économiques. Ils ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent pas déposer un dossier d'investissement depuis plus de 15 mois. Peu importe son appellation: Calpiref, Agence nationale ou autres, il faut reprendre l'étude des dossiers d'investissement au niveau des wilayas», insiste encore le président de la Capc. Ce qui a contraint des entreprises à acheter leurs terrains sur fonds propres chez le privé. Un gâchis sachant que ce capital aurait pu être injecté pour créer des richesses et par conséquent des emplois. Il faut souligner à ce propos que le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Prospective, Mohamed-Cherif Belmihoub qui avait déclaré que l'économie nationale nécessite la création d'un à deux millions de nouvelles entreprises durant l'année 2021 pour soutenir le développement économique du pays, avait fait état de 500000 emplois détruits depuis le début de la crise sanitaire. Le phénomène est encore loin de s'estomper. Les entreprises sont toujours dans un état de fragilité notoire. «On doit réagir et vite, pour les sauver», prévient l'invité de la Rédaction de la Chaîne 3. Comment? «En mettant fin aux lourdeurs administratives que le président de la République a considéré comme danger d'Etat», rappelle Sami Agli qui souligne que la bureaucratie est une autre forme de terrorisme qu'il faut absolument pénaliser puisque c'est un vrai danger pour le pays. «On est en détresse économique, alors que les décisions ne sont pas appliquées. Ce n'est pas normal. Il y a des directions qui n'accusent même pas réception de dépôt de courrier!», regrette le président de la Capc. Il faut rappeler que la question du foncier industriel est un autre dossier, en plus de celui de l'automobile, laissé en héritage par l'ex-ministre de l'Industrie. Lors d'une plénière consacrée, le 21 janvier 2021, aux questions orales au Conseil de la nation, il avait annoncé que son département avait élaboré un projet de texte modifiant la loi 08-04 de 2008 relative au foncier industriel en vue d'introduire de nouvelles clauses permettant le suivi de l'opération d'exploitation des assiettes industrielles non exploitées par les opérateurs industriels, et la création d'une Instance nationale chargée de la gestion du foncier industriel sur la base de la transparence et l'efficience économique. Il s'était lancé dans son assainissement. Détourné de sa vocation, il a bénéficié à des «hommes d'affaires» qui l'ont laissé en jachère. «30% du foncier public sont inexploités», avait-il déclaré, tout en ajoutant que «l'accès au foncier n'a pas profité aux vrais investisseurs», lors d'une visite de travail effectuée, le 28 octobre 2020, dans la wilaya de Béjaïa. Concernant l'octroi du foncier industriel aux investisseurs, Ferhat Aït Ali Braham avait affirmé que ce dossier relevait des prérogatives des walis. Cette prérogative leur a-t-elle été retirée? Une réponse s'impose!