Quand on lui montre la lune, l'imbécile regarde le doigt. Cet adage, tiré de la sagesse chinoise, s'applique parfaitement au cas du représentant du Maroc à l'ONU. Sans limites, sans retenue, Omar Hilale fait, sciemment, un dangereux amalgame entre l'unité nationale en Algérie, et une question de décolonisation du Sahara occidental, une réalité réaffirmée par différentes instances internationales et régionales, à l'instar de la Cour internationale de justice (CIJ), de l'Union africaine (UA) et de la Cour de justice de l'Union européenne (Cjue). Cet irresponsable diplomate apporte, au nom du régime monarchique de Rabat, ouvertement, son soutien aux revendications d'un mouvement classé par les autorités algériennes comme organisation terroriste et financé et soutenu opérationnellement par le gouvernement marocain. L'Algérie refuse toute ingérence dans sa souveraineté et rejette toute compromission et tout marchandage de ses positions de principe. Réagissant à ces graves provocations, le département des affaires étrangères a estimé que ces assertions valent «reconnaissance de culpabilité en ce qui concerne le soutien marocain, multiforme actuellement, accordé à un groupe terroriste connu, comme cela a été le cas du soutien aux groupes terroristes qui ont ensanglanté l'Algérie durant la ''décennie noire''». Faut-il rappeler à ce propos, que le royaume du Maroc a accordé gîte et protection durant la décennie noire aux terroristes du GIA. Le département de Lamamra a trouvé cette communication diplomatique marocaine «aventuriste, irresponsable et manipulatrice et ce n'est qu'un complot dirigé contre l'unité de la nation algérienne». L'Algérie, qui a condamné énergiquement cette dérive, et la trouve «particulièrement dangereuse, y compris pour le Royaume du Maroc lui-même, dans ses frontières internationalement reconnues». Le communiqué du MAE ajoute que «l'Algérie, République souveraine et indivisible, est en droit d'attendre une clarification de la position définitive du Royaume du Maroc sur cet incident d'une gravité extrême». Dans le chapitre de la Kabylie, le représentant marocain à l'Onu se trompe lourdement. Il n'est plus besoin de démontrer l'attachement viscéral de cette région du pays à l'unité nationale. C'est cette même région qui a offert ses meilleurs fils pour que l'Algérie soit libérée du joug colonial. Au lendemain de l'indépendance, alors que l'Algérie n'a pas fini de panser ses blessures de huit années d'une atroce guerre contre l'armée coloniale française, le Maroc remet le couteau dans la plaie en menant une agression contre l'Algérie en octobre 1963. Informé de cette agression, le colonel de la Wilaya III historique, Mohand Oulhadj, qui était engagé avec le FFS, dans une rébellion contre Ben Bella, quittait immédiatement le Djurdjura, ralliant avec lui le colonel Ouamrane, pour donner l'assaut aux frontières. Y a-t-il plus belle leçon de l'unité nationale? Le pays est agressé, il fallait taire tous nos différends. Mais le diplomate marocain semble ignorer cet épisode héroïque de la Kabylie. Apparemment, sa langue a fourchu, sous l'effet des volutes de kif, dont son pays est le premier producteur dans le monde. En parlant de «l'indépendance de la Kabylie», Omar Hilale entendait certainement le Rif marocain et la République confédérée des Tribus du Rif, proclamée en 1922 par le héros Abdelkrim el-Khattabi. Les convulsions rifaines sont toujours d'actualité au Maroc, qui en a fait un tabou de lèse majesté. En 1956, le Maroc accède à l'indépendance et le Rif, souffrant de précarité, se soulève. Le prince héritier de l'époque, Hassan II, également chef d'état-major, réprime l'insurrection dans le sang et fait près de 8000 morts. Un nouveau soulèvement a eu lieu en 1984, puis en 2004, lors du séisme d'Al-Hoceima. En 2011, le mouvement contestataire du 20-Février voit le jour dans le sillage des «Printemps arabes». En octobre 2016, Mouhcine Fikri, un marchand de poisson, meurt broyé dans une benne à ordures à Al-Hoceima. On l'a compris, dès l'annonce de la composante du nouveau gouvernement en Algérie, le Maroc perçoit mal l'installation à la tête de la diplomatie algérienne de Ramtane Lammra, un homme redouté par le Makhzen, sachant pertinemment qu'il est capable de détricoter tous les réseaux de soutien au narco royaume.