«Un groupe d'individus, de retour dimanche soir d'une manifestation à la commune d'Aït Youssef Ou Ali, a attaqué à coups de pierres une résidence réservée aux éléments de la Sûreté nationale à Imzouren et mis le feu à ses abords», a rapporté l'agence de presse MAP. «Quatre voitures et un bus des forces publiques ainsi qu'une voiture privée ont été brûlés», avec également des dégâts matériels dans la résidence, a indiqué la MAP, qui cite les autorités locales. Les forces de sécurité sont intervenues pour rétablir l'ordre et une enquête a été ouverte, a ajouté la même source. L'ombre de Mouhcine Fikri et d'Al Khattabi Située dans la région du Rif (nord), réputée pour ses révoltes et sa méfiance à l'égard du palais royal, la ville d'Al Hoceima a connu en 2016 une vague de manifestations populaires après la mort d'un vendeur de poissons, Mouhcine Fikri, broyé dans une benne à ordures le 28 octobre. Les circonstances dramatiques de sa mort ont suscité la colère et entraîné des manifestations populaires. Des activistes locaux tentent régulièrement de relancer la mobilisation, posant des revendications plus sociales et politiques. Début février dernier, des échauffourées entre les forces de l'ordre et manifestants ont eu lieu. Ces derniers voulaient organiser un sit-in à Boukidan, une commune d'Al Hoceima, pour célébrer le 54e anniversaire de la mort du résistant anticolonial et fondateur de la République éphémère du Rif dans les années 1920, Abdelkrim Al Khattabi, mais également en soutien à Mouhcine Fikri. Début mars, la ville a également été le théâtre d'affrontements entre supporters de football. Déjà en 1958, soit deux ans après l'indépendance du Maroc, les Rifains se soulevèrent encore contre le pouvoir central qui a usé d'une répression sanglante. Le 19 janvier 1984, les habitants du Rif se révoltèrent contre l'injustice du palais royal. Le mouvement de protestation est déclenché à Al Hoceima quand les élèves manifestèrent contre l'augmentation des frais d'inscription et de scolarité, puis à Nador. En mars 2012, le régime marocain a mené une campagne de répression dans la région du Rif et notamment dans les villes d'Aith Bouayach, Boukidarn et Imzouren. Elle est entamée à Al Hoceima et Nador avec l'intervention des forces de l'ordre lors des manifestations pacifiques des militants de l'Association nationale des diplômés-chômeurs au Maroc (ANDCM). Des manifestants ont été condamnés à de lourdes peines de prison ferme et aucune poursuite n'a été requise contre les forces de l'ordre.