Le Japon et le monde attendent ce moment depuis le 8 septembre 2013 et la désignation de Tokyo comme ville-hôte des Jeux Olympiques 2020: la cérémonie d'ouverture a donné, hier, le coup d'envoi officiel des JO, reportés d'un an par la pandémie de coronavirus et secoués par bien des tempêtes. Elle devait initialement avoir lieu le 24 juillet 2020 et célébrer le Japon et l'esprit olympique. Avec un an de retard, la cérémonie d'ouverture des Jeux de Tokyo a marqué, avant tout, plus que le début de deux semaines d'exploits sportifs, le terme d'un long et éprouvant marathon pour les organisateurs japonais. Il y a eu le défilé des 206 délégations rangées derrière, pour la première fois, deux porte-drapeaux, une femme et un homme, mais pas de foule pour les applaudir dans un Stade olympique de Tokyo pouvant accueillir en temps normal 68000 spectateurs. Il y a eu l'arrivée de la flamme allumée par les rayons du soleil le 12 mars 2020 près du temple d'Héra à Olympie, le serment olympique ou encore l'embrasement de la vasque qui marque traditionnellement le début des Jeux, mais pas de fête ni même d'élan dans une capitale nippone souvent silencieuse, à l'atmosphère parfois fantomatique. Pour rassurer l'opinion publique japonaise qui aurait préféré dans sa grande majorité un nouveau report ou l'annulation pure et simple de cette quinzaine olympique, les autorités nippones ont pris des mesures drastiques: tests quotidiens pour les sportifs, port du masque obligatoire pour tous, rassemblements limités au strict minimum dans le Village olympique, interdiction aux proches et familles des sportifs étrangers de venir au Japon et pour finir, du jamais vu dans l'histoire des JO, absence quasi totale de public. Après avoir dépensé 13 milliards d'euros, dont un surcoût de 2,3 mds à cause du report et des mesures sanitaires, Tokyo est fin prête, mais la mégapole aux 14 millions d'habitants est soumise à un état d'urgence sanitaire, pendant toute la durée des JO, qui oblige bars et restaurants à fermer à 20h. On est loin de l'enthousiasme débordant qu'avait suscité la désignation de la capitale nippone comme ville-hôte des XXXIIe Jeux de l'histoire moderne le 8 septembre 2013. À la télévision, ce jour-là, tout un pays exultait. Le Japon se remettait alors à peine de la triple catastrophe du 11 mars 2011 (séisme, tsunami, accident nucléaire de Fukushima), qui avait fait quelque 18.500 morts, et se réjouissait d'organiser les «Jeux de la reconstruction». Mais la Covid-19, qui a fait 15 000 morts au Japon, a profondément changé la planète et la donne.