Coopération bilatérale et coordination au sein de l'Opep seront au programme. Ami personnel du président Abdelaziz Bouteflika, le président vénézuélien Hugo Chavez arrive demain pour une visite officielle en Algérie, dans le cadre d'une tournée internationale qu'il effectue en Autriche, en Grande-Bretagne et en Italie. A Vienne, où il participait au sommet Union européenne-Amérique latine Caraïbes, le chef de l'Etat vénézuélien a créé l'événement en compagnie du leader bolivien Evo Morales en s'exprimant au rassemblement des altermondialistes anti-globalisation, en promettant de fournir du fuel aux Européens qui ne pourraient pas se payer leur chauffage l'hiver prochain, comme il l'a déjà fait avec certains Etats pauvres des Etats-Unis. La visite de Hugo Chavez est la deuxième du genre qu'il effectue dans notre pays, après celle de 2001. Elle a été préparée lors du séjour du chef de la diplomatie algérienne à Caracas entre les 20 et 23 avril dernier. Pour certains analystes, le tandem que constituent le très libéral Abdelaziz Bouteflika et le très antiimpérialiste Hugo Chavez, un ferme opposant à la zone de libre-échange des Amériques (Zela) vaste projet parrainé par les Etats-Unis et qui doit s'étendre de l'Alaska à la Terre de Feu, et qui a initié avec le bolivien Evo Morales et le leader cubain Fidel Castro un traité commercial des peuples (TCP), est un peu original. Au moment où l'Algérie signe l'accord d'association avec l'Union européenne et négocie son accession à l'OMC, on peut effectivement se demander ce qu'il y a de commun entre les deux démarches. Et pourtant, les domaines de la coopération sont nombreux, notamment dans le domaine énergétique, les deux pays étant des membres très actifs au sein de l'Opep. Dès l'arrivée du président Bouteflika au pouvoir, et alors que les cours du brut étaient tombés jusqu'à 9 dollars le baril, il ne fait aucun doute que la bonne entente entre les deux chefs d'Etat a été l'un des facteurs qui ont joué en faveur de la stabilité des prix, et de l'augmentation des recettes tirées des hydrocarbures. La compagnie algérienne Sonatrach et son homologue vénézuélienne PVD ont entamé un partenariat fort profitable, et la coopération énergique entre les deux pays commence à se développer. Cela veut dire que malgré certaines divergences de forme, les deux chefs d'Etat sont sur la même longueur d'onde pour ce qui est de la défense des intérêts stratégiques en matière d'énergie, en mettant en avant la nécessité de renforcer la coopération Sud-Sud. Et même si Hugo Chavez est plus proche de José Bové et de la fille de Che Guevara que des grandes compagnies multinationales, qui ont tenté de lui créer des agitations en s'appuyant sur les patrons des entreprises pétrolières, il y a tout de même une part de pragmatisme qui fait qu'à tout prendre l'Algérie aurait intérêt à adopter une ligne médiane, et pourquoi pas médiatrice dans certains dossiers économiques chauds de l'actualité, et celui du pétrole et du gaz en font incontestablement partie. Cinquième exportateur mondial de brut, le Venezuela reste un partenaire incontournable pour tous, producteurs et consommateurs confondus. Avec l'Algérie, c'est le chef de la diplomatie Mohamed Bedjaoui qui a résumé la situation, en affirmant que les relations économiques bilatérales pourraient connaître un développement accru dans des créneaux aussi importants que les échanges commerciaux, le partenariat énergétique, pétrochimique et industriel, ainsi que celui de l'électrification et de la fourniture de gaz au monde rural. Le même pragmatisme, qui avait amené le président de gauche brésilien Lulla à effectuer une visite en Algérie peut être de mise pour celle de Chavez, d'autant plus que le syndicaliste Lulla qui avait été élu sur un programme populiste a su rebondir et faire siennes les revendications de certains patrons. Comme quoi, les anciens clivages gauche-droite, peuvent voler en éclats avec des présidents qui ont compris les enjeux de l'heure.