Les 75 membres du Forum de dialogue politique inter-libyen en conclave mardi, sous l'égide de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul) pour tenter de parachever l'édifice constitutionnel qui doit présider à la tenue des élections générales prévues le 24 décembre prochain se sont sêparés sans aucun accord. Cette nouvelle réunion qui a lieu en visioconférence intervient presque deux mois après celle qui a eu lieu à Genève et n'a abouti qu'à un constat de profond désaccord entre les participants sur divers points tels que la candidature de militaires, l'organisation concomitante ou séparée des législatives et de la Présidentielle ainsi que d'autres sujets prêtant à divergence. La Manul n'avait pas manqué de déplorer cet échec, quelques jours après la fin de la réunion en Suisse, et elle avait exhorté les membres du FDPL à travailler sans tarder pour parvenir à un consensus sur le cadre constitutionnel sans lequel le double scrutin de fin d'année ne pourrait se tenir. La Libye fonctionne sans texte fondamental depuis la suppression par l'ancien chef d'Etat Maamar El Gueddhafi de la Constitution existante et, au lendemain de la chute de son régime, le pays s'est retrouvé partagé entre les forces de l'Est (Benghazi) et de l'Ouest (Tripoli), malgré d'intenses efforts de la communauté internationale pour mettre fin à la crise. Faute de consensus entre des délégués représentant tous les courants politiques libyens, la Manul s'efforce de rentabiliser les dernières avancées obtenues à Tunis et Genève comme le cessez-le-feu durable qu'a décrété le Comité militaire mixte 5+5, l'avènement d'un Conseil présidentiel et d'un gouvernement d'union transitoire dont la tâche est de travailler à l'organisation des élections précitées et d'autres acquis telle la récente réouverture de la route côtière entre Tobrouk et Tripoli. Ces efforts sont à la fois méritoires et indispensables pour sortir la Libye d'une décennie de violences et mettre fin au bras de fer qui oppose les pouvoirs rivaux de l'Est et de l'Ouest. L'offensive en avril 2019 de l'armée nationale libyenne autoproclamée du maréchal Khalifa Haftar contre Tripoli avait failli plonger le pays dans une spirale de destructions et de morts comme l'indiquent les multiples charniers découverts près de la ville de Tarhuna. C'est ainsi qu'au lendemain des premières assises du FDPL et du Comité militaire mixte, la fin des combats a bel et bien fini par prévaloir, le cessez-le-feu conclu de part et d'autre étant globalement respecté. D'où l'espoir effectif d'une prochaine sortie de crise de la Libye qui aura traversé plusieurs années de guerre et de chaos et travaille, aujourd'hui, à la réunification des institutions dont l'armée. Bien sûr, les antagonismes sont si profonds que des divisions émergent par-ci par-là, souvent attisées par l'ambition obsessionnelle d'un chef de guerre prêt à plonger la Libye dans le feu et le sang pour assouvir sa soif de pouvoir. C'est ainsi que le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah a déclaré, lors de la célébration du 81ème anniversaire de l'armée: «Nous avons perdu des hommes jeunes et nos liens sociaux se sont déchirés à cause des guerres, et nous ne permettrons pas à la guerre de reprendre...Une armée est née pour protéger la paix. La force d'une armée est un outil de construction, pas de destruction. Une armée ne peut pas appartenir à un certain individu. Elle appartient à tous les Libyens.» C'est là le signe que les influences pernicieuses du maréchal Haftar sur le déroulement des évènements tels que balisés par la communauté internationale ne sont nullement terminées et qu'il s'efforce, par tous les moyens dont il dispose, avec l'aval et le soutien de certains pays réfractaires à un succès de la médiation onusienne, de torpiller les efforts que consentent toutes les forces constructives de la Libye.