La visite officielle du chef de la diplomatie de l'entité sioniste, Yaïr Lapid, au Maroc, jeudi dernier, aura été marquée par la grande sollicitude du MAE marocain, Nasser Bourita, qui a eu, ainsi, l'occasion de montrer au grand jour sa science des courbettes à son invité. Celui-ci ne s'est embarrassé d'aucun scrupule, lors de la conférence de presse «commune», pour dire l'intention des deux «partenaires» d'ouvrir des ambassades, «à Jérusalem et au Maroc», dans quelques mois. Un lapsus, lourd de sens et de conséquences, que le MAE du Makhzen a feint de n'avoir pas entendu, tout concentré qu'il était sur le propos relatif au partage des «inquiétudes au sujet du rôle joué par l'Algérie dans la région, son rapprochement avec l'Iran et la campagne qu'elle a menée contre l'admission d'Israël en tant que membre observateur de l'Union africaine». On comprend que ces «inquiétudes» ont été largement exposées par la partie marocaine qui, il n'y a pas si longtemps, n'a pas reculé devant l'intox le plus vil en prétendant que le Front Polisario disposait d'un soutien militaire iranien dans son combat contre l'armée d'occupation du Makhzen. Rabat s'efforce, à coups de faux et usage de faux, de mobiliser les Etats en faveur de sa présence coloniale au Sahara occidental et, pour cela, ses dirigeants n'hésitent ni devant le mensonge ni devant le ridicule. Lorsque le roi Mohamed VI, dans son discours début août, lançait un appel «à faire prévaloir la sagesse» et «oeuvrer à l'unisson au développement des rapports», pressant l'Algérie de rouvrir la frontière pour soulager son économie à base de cannabis, la ficelle était déjà trop évidente pour ne pas entrevoir les desseins réels de la monarchie aux abois. Si le Makhzen considère que son allégeance à l'Etat hébreu lui assure un paravent qui l'encourage à agresser des pays européens, au mépris de l'aide qu'ils lui consentent, est une chose. Qu'il prétende parler au nom des Palestiniens pour «défendre» leurs droits alors même qu'il adhère à la vague de trahisons dont ils sont victimes en est une autre. Le silence, honteux et confus, d'un Bourita qui ne surprend plus personne, depuis sa triste exhibition à la réunion de l'Aipac, illustre parfaitement le degré d'indignité dans lequel a sombré le Makhzen et ses piètres tentatives de prêcher le faux pour masquer le vrai. Avec la normalisation consentie à l'administration de l'ancien président américain Donald Trump, en contrepartie d'une reconnaissance de sa prétendue «souveraineté» sur le Sahara occidental, le Makhzen pratique une pathétique fuite en avant, et croit toujours convaincant de s'affubler de la peau d'un digne président du comité El Qods quand il a déjà accepté les prétentions illégales et inacceptables de l'entité sioniste sur les territoires palestiniens occupés, au mépris du droit international. Que dire alors de son silence assourdissant, face aux crimes perpétrés, chaque jour, à El Qods et à Ghaza, sans compter de nombreuses localités en Cisjordanie? Il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut rien voir mais le Makhzen est, depuis longtemps, plongé dans les ténèbres de la vassalité, en témoigne le sort peu enviable du peuple marocain.