Sans compter les pertes de vies humaines qui s'élèvent à 100 personnes, dont 70 civiles et 30 militaires, les dégâts sont immenses en témoignent, d'ailleurs, ces chiffres effarants: plus de 25000 ha de couvert végétal et 8800 ha d'arbres fruitiers réduits en cendres, alors que100 880 sujets d'élevage ont été calcinés, selon les premières estimations. À ces pertes, s'ajoutent la destruction par les feux de plus de 10000 ruches, de 60 bâtiments d'élevage avicole et de 35 bâtiments d'élevage de grands ruminants (étables), selon une première estimation. Il ne s'agit là que d'estimations sommaires, établies par les subdivisions agricoles des localités ravagées par les feux, faisant état, principalement, des oliviers et de la perte de milliers d'arbres fruitiers. La situation semble maîtrisée, mais les premiers signes de l'ampleur des dégâts commençent déjà à apparaître. Les feux ont causé des dommages incommensurables. Ce ne sera pas dans les toutes prochaines années que la situation reviendra à la normale, de l'avis de beaucoup de citoyens qui affirmaient, en effet, qu'il faudra attendre longtemps pour que le couvert végétal se régénère. Cela sans évoquer les pertes matérielles en arbres fruitiers et autres élevages bovins, ovins, et caprins à côté des filières en développement comme l'apiculture, l'aviculture et autres activités artisanales. En effet, au vu du constat sur le terrain, il y a vraiment du pain sur la planche pour les experts de la commission mise sur pied avant-hier samedi, par les services de la wilaya pour effectuer le travail d'évaluation et de recensement des dégâts occasionnés par les incendies qui ont endeuillé des dizaines de familles et causé de grands dommages au couvert végétal et à l'activité économique en général. Sur le terrain, la vue qui s'étend devant les regards est apocalyptique. Le vert du massif du Djurdjura est devenu noir et sans vie. En tout état de cause, il est visible à l'oeil nu, que les pertes sont énormes. Certains agriculteurs et éleveurs veulent bien croire aux promesses du Premier ministre, mais ils sont conscients que les coûts sont colossaux. Dans certaines communes, c'est toute l'activité économique qui est anéantie. Découragés et dépités, des éleveurs n'ont pas hésité à poser des questions quant aux délais impartis aux autorités locales pour peaufiner le travail de recensement et d'évaluation des dégâts. «Je voudrais bien y croire, mais en tout cas, je n'aimerais pas vivre comme un poids sur le dos du Trésor public. Je voudrais bien reprendre mon travail le plus tôt possible», affirme un aviculteur qui a tout perdu dans les incendies. Le travail de recensement sera difficile car les dégâts sont très grands. Les citoyens qui ont perdu leurs maisons, de leur côté, se demandent par quelle formule cela sera-t-il possible. Des centaines, voire des milliers de familles se retrouvent en effet sans toit. Pour une partie d'entre-elles, les demeures sont récupérables, mais pour une autre partie, les maisons ont été complètement anéanties par les flammes. «On ne va certainement pas rester des années dans ce centre d'hébergement. Il faut bien qu'on retrouve une vie normale dans un vrai foyer. C'est la question qui me taraude à présent», ajoute un homme hébergé avec sa famille à Oued Aïssi. Enfin, même si le travail est colossal, il n'en demeure pas moins que les experts devraient accélérer la cadence. Les activités économiques, agricole, artisanale et autres, doivent bien reprendre. Les citoyens ne peuvent pas rester sans emploi indéfiniment. C'est en fait dans cette situation, fortement angoissante, que ces experts effectueront leur travail et ils devront s'attendre à rencontrer des difficultés car les gens qui ont tout perdu auront moins de patience. En visite, jeudi dernier, à Tizi Ouzou, accompagné d'une importante délégation ministérielle, le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, a annoncé que le président Tebboune avait ordonné la création d'un fonds spécial d'indemnisation des sinistrés des feux de forêt qui prendra en charge leurs préoccupations, le plus tôt possible, assurant que «les indemnisations concerneront toutes les régions sinistrées et que tous les moyens nationaux ont été mobilisés pour un retour à la vie normale».