À l'heure où les effets de la Covid-19, ne peuvent permettre d'opérer des restrictions sur les dépenses publiques pour réduire le déficit budgétaire, l'Etat se trouve à la croisée des chemins, dans la mesure où il doit arriver à un équilibre lui permettant d'une part, de rationaliser les dépenses publiques dans certains secteurs, et d'autre part, maintenir les acquis sociaux, et surtout parvenir à concrétiser les réformes lancées, et poursuivre les actions de la relance économique. À ce titre, le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane a souligné, samedi, lors d'un Conseil du gouvernement qu'il a présidé sur «la nécessité de parvenir au rétablissement des équilibres financiers internes et externes de l'Etat d'une part et à la rationalisation et à l'optimisation de la gestion des finances publiques d'autre part». Un défi des plus complexes, notamment après un déficit qui dure depuis des années, sous le poids d'une gouvernance mafieuse, qui n'avait aucune considération pour le rétablissement des équilibres financiers et budgétaires. Les lois de finances qui se sont succédée ces dernières décennies, n'ont servi qu'à satisfaire les appétits gargantuesques, de l'oligarchie qui régnait sans partage sur le pays. D'où la difficulté, aujourd'hui, pour le gouvernement Benabderrahmane, d'atteindre un équilibre financier à même de renverser la vapeur, et permettre à l'Etat de couvrir ses dépenses par ses recettes. À ce titre, le Premier ministre, qui s'est exprimé sur l'avant-projet de loi portant règlement budgétaire pour l'exercice 2019 élaboré par le secteur des finances, a tenu à souligner «la nécessité d'atteindre l'objectif de couverture des dépenses de fonctionnement par la fiscalité ordinaire à travers l'amélioration du taux de recouvrement des impôts et des taxes». Il faut dire, qu'en plus de l'élargissement de l'assiette fiscale, de la numérisation de l'administration, l'introduction de nouvelles taxes s'avère incontournable, telle que la taxe sur les intérêts produits par les livrets d'épargne, le relèvement du droit de timbre pour les passeports et les permis de conduire ainsi que le relèvement de 15% de l'impôt sur le revenu global (IRG) sur les revenus provenant de la location des locaux à usages commerciaux et professionnels. Au même titre que les revenus issus de la fiscalité ordinaire, des secteurs de l'importation et de l'exportation, peuvent contribuer à travers les différentes taxes, à atteindre un équilibre financier conséquent à la situation. Cependant, toute la difficulté réside dans le maintien de l'engagement de l'Etat à accompagner les jeunes entreprises à travers un soutien fiscal qui consiste en des exonérations en IRG, TAP et IBS, et qui vise à réamorcer la production nationale, à créer de l'emploi et de la richesse. Ce qui en réalité rejoint le principe de rationalisation dans le fond, du fait, que l'amélioration de l'environnement de l'investissement aboutira à la prolifération des PME-PMI, et par voie de conséquence, augmentera les capacités de la fiscalité ordinaire. D'autant plus que les nouveaux changements intervenus en matière de renouvellement des institutions, notamment le parlement et la Cour des comptes, permettront contrairement à ce qui se faisait par le passé, de veiller sur le bon usage de l'argent public. Toutefois, l'application de ces orientations demeure étroitement liée, à l'éradication des phénomènes qui enrayent le processus de relance, en l'occurrence la bureaucratie et la corruption, et nécessitent une émergence forte du principe de l'obligation de résultats, en matière de gestion et, notamment en matière d'atteinte des objectifs fixés. Autrement dit, il s'agira de rendre sans effets des pratiques imposées depuis des lustres, et qui réduisent considérablement les chances d'un renouveau économique.,