Sofiane Mimouni est ambassadeur de l'Algérie aux Nations unies. Il a révélé, ce jeudi, preuves à l'appui, les graves violations commises par l'occupant marocain contre le peuple sahraoui. Il s'exprimait dans le cadre d'un séminaire régional du Comité spécial de la décolonisation, organisé en République dominicaine. On retiendra également une réponse directe aux propos d'Omar Hilal sur la région de la Kabylie, Mimouni les a qualifiés de «manoeuvre destinée à cultiver un amalgame outrancier entre une question de décolonisation» et confirment «une fois de plus la politique hostile que le Maroc mène à l'égard de l'Algérie et le soutien qu'il accorde aux actions déstabilisatrices d'organisations terroristes», a-t-il conclu. Le ton du représentant algérien était ferme et son interpellation de l'instance onusienne ne souffrait d'aucune équivoque. L'Algérie appelle le Comité à «utiliser tous les outils dont il dispose, y compris les visites sur terrain, pour assurer la protection des droits politiques, économiques, sociaux et culturels du peuple du Sahara occidental, en particulier dans le contexte de la pandémie de Covid-19 et pour soutenir la réussite du processus de décolonisation», a déclaré Sofiane Mimouni. Rappelant que la question sahraouie est à l'ordre du jour du Comité dédié à la décolonisation depuis 58 ans, Mimouni regrette les avancées minimes concernant le processus lié à la tenue d'un référendum libre «pour permettre au peuple de ce territoire non autonome d'exercer son droit à l'autodétermination». Et Mimouni de rappeler à l'ambassadeur marocain qui a lancé des contrevérités sur le sujet que «le sommet des chefs d'Etat de l'OUA qui s'est tenu à Rabat en juin 1972 a adopté une résolution sur le Sahara dit espagnol par laquelle les chefs d'Etat africains, dont le roi du Maroc, déplorent la lenteur avec laquelle l'Espagne procède à la décolonisation de ce territoire». L'ambassadeur algérien conclut que «le soutien du Maroc au droit légitime du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination et à l'indépendance était on ne peut plus clair». Aussi, soutient-il, les déclarations marocaines «visent à dénaturer les faits et à travestir la réalité, celle d'un conflit de décolonisation qui oppose le Maroc au Front Polisario qui reste le représentant légitime d'un peuple luttant pour sa libération». À travers son représentant à l'ONU, l'Algérie met ainsi le doigt sur la plaie et interpelle la communauté internationale sur son laxisme incompréhensible. Des «décennies d'inaction ont conduit à la détérioration significative de la situation sur le terrain avec la rupture du cessez-le-feu, la reprise des hostilités, l'absence de perspective pour le processus de paix et la vacance du poste d'Envoyé personnel depuis plus de 2 ans», constate le diplomate algérien. Ce désintérêt des dirigeants de la planète pour une cause qui fut noble à l'entame des années 60, a laissé libre cours à l'Etat colonial marocain qui a fait des territoires du Sahara occidental «un autre chapitre de la politique perturbatrice adoptée par l'Etat occupant», révèle Mimouni, accusant Rabat d'«entraver toutes les initiatives et opportunités à même d'assurer une solution juste et définitive à la question du Sahara occidental». Evoquant le plan de règlement ONU-OUA, «formellement accepté en 1991 par le Royaume du Maroc et le Front Polisario, et avalisé par le Conseil de sécurité de l'ONU», censé déboucher sur un référendum d'autodétermination, mais qui s'est terminé par un constat d'échec, l'ambassadeur algérien à l'ONU, met en évidence dans son intervention, la politique d'apartheid exercée par le Maroc tout au long de ces 30 années de dialogue stérile. «Même au milieu de la pandémie mondiale, cette politique n'a pas changé, elle s'est plutôt intensifiée, soumettant le peuple sahraoui à de graves violations de ses droits humains et politiques, tandis que ses ressources naturelles sont pillées», insiste le diplomate. Face au déni du droit, dont fait montre le Maroc, Mimouni apporte le témoignage de la diplomatie algérienne sur la volonté du peuple sahraoui à demeurer «ouvert à une collaboration avec les Nations unies, pour assurer la décolonisation de sa terre à travers la tenue d'un référendum libre et crédible sous les auspices des Nations unies». Le propos du représentant algérien à l'ONU est de nature à relancer la question sahraouie.