La liberté de la presse est, certainement, le bien le plus précieux qu'une société puisse posséder. Le président de la République en a une parfaite conscience. Ce genre d'acquis est d'autant plus essentiel dans la vie d'une nation, que l'on ne peut imaginer une modernité assumée par les institutions du pays, sans une presse véritablement libre et responsable devant l'opinion. Dans leur diversité, les médias sont des acteurs majeurs dans la promotion d'une véritable démocratie. Mais leur rôle est tout autant important lorsqu'il s'agit de lutter contre les fake news qui font le lit de l'anarchie. C'est le travail que réalisent, au quotidien, les professionnels de l'information. Et c'est la mission que le chef de l'Etat veut préserver et promouvoir. Il entend en faire l'une des oeuvres majeures de son mandat. Et ce n'est pas peu dire, puisque la liberté de la presse n'est pas une mince affaire. Elle relève de l'une des responsabilités premières de l'Etat. Il est question de favoriser l'émergence d'un contre-pouvoir garantissant les libertés des Algériens. Cette responsabilité incombe au président Tebboune. De par ses fonctions, il est le premier garant et protecteur de ces droits et libertés. Cela dit, la liberté de la presse n'est jamais totalement acquise. Le risque d'un basculement dans la propagande, parfois anti-nationale, est permanent et rompt cet équilibre précaire. Et en face, la tentation de tous les pouvoirs de réprimer des voix libres et indépendantes demeure toujours suspendue sur les organes de presse, parfois sous de fallacieux prétextes. Trouver la bonne posture et offrir à l'Algérie un véritable paysage médiatique digne de ce nom, dont les acteurs jouissent de toutes les libertés, et contribuent à consolider l'unité et la souveraineté nationales, est le voeu qu'exprime Abdelmadjid Tebboune, depuis son arrivée à la tête de l'Etat. Les entretiens qu'il accorde aux médias nationaux et leur régularité témoignent de sa détermination de faire des médias un vecteur de communication directe avec les Algériens. Mais on ne peut pas monter toute une stratégie sur des entretiens télévisés, quand bien même, la liberté des journalistes intervieweurs serait acquise. La vision du président Tebboune va, on l'aura deviné, au-delà de l'usage qu'il fait lui-même des médias. Il entend aller bien plus loin en dotant le secteur de l'information d'une grande loi qui puisse survivre aux chocs politiques futurs, de sorte à édifier un véritable quatrième pouvoir qui soit prioritairement au service de la nation. Pour cela, le projet de loi organique relatif à l'information et à l'audiovisuel, étudié avant-hier en Conseil des ministres, a été retoqué. Le président compte sur les deux chambres du Parlement pour enrichir la loi et en faire un texte qui garantisse la liberté de la presse et protège, dans le même temps, la société contre les dérives des fake news. L'objectif d'«enrichir le débat autour de ces deux textes fondamentaux», comme le note le communiqué de la présidence de la République, est directement lié «à un projet conciliant décision démocratique et préservation de la Sécurité nationale du pays», explique le chef de l'Etat. Il transparaît, du souci exprimé par Abdelmadjid Tebboune, un profond attachement au principe de la liberté de la presse. L'homme ne veut pas céder à la facilité d'écorcher celle-ci, au motif de la défense des intérêts suprêmes du pays. Autant la protection de la nation est une mission sacrée, autant elle ne doit pas être assurée au détriment d'une liberté fondamentale. Et l'élargissement du débat aux représentants du peuple confirme, si besoin, l'attachement du président de la République aux deux piliers qui fondent les Etats modernes, que sont la sécurité et la liberté d'expression. Cette dernière, guerre de 4e génération oblige, peut se transformer en une arme destructrice, lorsqu'elle tombe entre de mauvaises mains. Il s'agit donc d'avoir une longueur d'avance sur les ennemis de la République et confectionner une bonne loi qui consacre la liberté d'informer, mais sans faire montre de naïveté. L'insistance du président de la République à éviter toute fausse note dans la confection de la loi, traduit un immense respect pour la liberté d'expression. La loi doit prendre en considération la raison d'Etat, mais quoi qu'il advienne, la sanction de l'abus doit être l'exception et pas la règle.