Le directeur général de la Juventus de Turin avait pratiquement un gouvernement à ses pieds. «Par faveur ne me faites pas de demandes, parce qu'il me manque l'âme, qui m'a été ôtée. Je suis ici pour vous informer que dès demain (lundi) je serai démissionnaire du poste de directeur général de la Juve. Dès ce soir, le monde du football ne sera plus mon monde et je penserai seulement à me défendre face à tant de méchancetés». C'était à la fin de la partie Juventus-Reggina, dimanche dernier, la déclaration de «Don» Luciano à la presse sportive italienne, qui le suivait comme une ombre, pas à pas, seconde après seconde dans les moindres de ses déplacements. Deux à zéro, le premier but était marqué par l'international français David Trézeguet, qui en était à son 23e goal en cette saison 2005-2006 du championnat italien. Le deuxième but fut l'oeuvre de Alessandro Del Piero, le fantaisiste de l'équipe, le joueur-fétiche de la Juventus, le footballeur qui a battu le record «de mises sur les bancs de touche» depuis l'arrivée de Fabio Capello, l'entraîneur le plus huppé et le plus recherché par toutes les grandes sociétés qui vivent du ballon. Le technicien qui a marqué son passage au Real de Madrid, mais cela est une autre histoire. Il y a aussi l'histoire, prochainement à raconter, des rapports conflictuels entre l'entraîneur (Capello) et son joueur (Del Piero) surnommé «il Pinturicchio» artiste de renommée universelle pour ses fresques picturales (1454-1513), par l'Avvocato Agnelli. Revenons au scandale qui est en train de faire la une des journaux, ce scandale de haute volée qui ouvre la voie aux bouleversements futurs du monde calcistico de la péninsule, que vivent les millions de «tifosis» déçus de la Juve. Cette tempête qui a soulevé l'intérêt de la presse mondiale, du Japon aux Etats-Unis d'Amérique, de la profonde Afrique aux pays dits «civilisés» d'où l'effet boomerang ne fait que commencer, sans oublier de citer cette vieille maxime qui dit que «l'effet boomerang se retourne presque toujours sur son auteur», comme l'exemple de ce qui se trame en ce moment dans ce «beau» pays qu'est l'Italie. A moins d'un mois du Mondial, le football italien est mal parti, la remontée du beau jeu et des «pieds propres» (piedi puliti) sera longue et difficile. Le Luciano Moggi, qui a été entendu dans la matinée du lundi, durant six heures, par les magistrats de Rome, est sorti épuisé par tant de demandes, lui qui n'aime pas qu'on les lui fasse. Un interrogatoire serré, bien ficelé, avec preuves, comme cet enregistrement de sa voix quand il raconte l'événement, survenu le 6 novembre 2004 après avoir séquestré l'arbitre Nicola Paparesta et ses assistants, leur contestant, le fait d'avoir défavorisé la Juve par leur arbitrage. Il les a enfermés dans les vestiaires du stade lors du match Reggina -Juventus (perdu 2 à 1 par les Bianco Neri). «Je suis entré dans les vestiaires, je les ai tous faits noirs ( noirs: menaces- ndlr)! Puis je les ai enfermés à clef (...)», la liste des menaces est longue de la part de «Luky»...Luciano. Il dirigeait tout, il voyait tout. Il avait tissé des liens partout, même avec des ministres qui avaient des postes stratégiques dans le gouvernement de Berlusconi. Giuseppe Pisanu, ministre de l'Intérieur qui téléphone à Moggi pour avoir ses faveurs pour d'éventuelles interventions. Domenico Siniscalco, quand il était ministre de l'Economie, et tant d'autres hauts dignitaires de la planète Italie. Il est arrivé à mettre un réseau de mailles d'un filet dont lui seul avait le secret et aussi la capacité de le démêler. Cela ne peut être qu'un réseau d'espionnage. Luciano Moggi avait mis sur pied un gouvernement clandestin qu'il manipulait à sa convenance, un gouvernement d'intérêts. Rappelons que ces grands clubs qui gèrent ces grandes «stars-joueurs», sont des sociétés cotés en Bourse. Ce sont, donc, des millions et des millions d'euros...Des millions, nous devons dire des milliards et des milliards, en sachant que des joueurs de talent coûtent des sommes faramineuses, des fois à plusieurs dizaines de millions d'euros. Sans oublier les droits de retransmission des chaînes de télévision qui se comptent par dizaines en Italie. Des chaînes pour la plupart privées avec des programmes spécial «calcio» à cartes-payantes. Il y a le marketing avec toutes ses stratégies commerciales et financières, le monde du ballon est à ciel ouvert, où il pleut toujours...une pluie d'euros. Bienheureux sont les footballeurs et dirigeants de ces pays, où la pluie est d'or.