Au bord du gouffre, la Compagnie nationale aérienne, Air Algérie, a demandé une aide financière d'urgence à l'Etat. La Compagnie nationale qui risque la banqueroute réclame un appui de l'Etat pour régler ses charges et se relever des retombées de la pandémie de Covid-19, à l'issue d'une réunion avec le ministre des Transports, Aïssa Bekkaï. Air Algérie aurait besoin de 120 milliards de dinars, soit plus de 900 millions de dollars, pour assurer son fonctionnement. Une compagnie gérée depuis le 9 janvier dernier, après le limogeage de l'ancien P-DG, Bekkouche Allèche, par un intérimaire, Amine Debaghine Mesraoua, auparavant conseiller du directeur général. Tandis qu'une enveloppe de 17 millions de dollars est accordée à l'Eniem (Entreprise nationale des industries électroménagères) dans le cadre du lancement de son nouveau projet du froid. Par ailleurs, le principe d'octroi d'un crédit d'un montant de 100 millions dinars au profit de l'Eniem a été retenu au cours de la réunion qui a eu lieu au début du mois au siège du ministère de l'Industrie et à laquelle ont participé le ministre concerné, le P-DG de l'Eniem de Oued Aïssi et le président du Groupe Elec El Djazaïr. Un crédit devant être octroyé par le Trésor public. Dans un autre chapitre, le ministre de l'Industrie, Ahmed Zeghdar, a révélé que son département étudiera «les modalités stratégiques permettant au complexe Sider El Hadjar de bénéficier d'un plan d'investissement qui sera financé par l'enveloppe (crédit de plus de 46,5 milliards de dinars) qui, à ce jour, n'a pas été consommée par Sider El Hadjar». Assimilé à un véritable tonneau des Danaïdes, le complexe sidérurgique d'El Hadjar (Annaba) qui a englouti des milliards n'arrive pas à surmonter les difficultés auxquelles il est confronté et qui ont manqué de le terrasser n'était-ce les interventions des pouvoirs publics qui, à chaque fois, «colmataient les brèches» en mettant à contribution le Trésor public. Lors de sa dernière visite à Annaba, le ministre de l'Industrie a rappelé que le complexe Sider El Hadjar qui a bénéficié d'un plan de croissance d'environ 80 milliards de DA (34 milliards de DA pour la première phase et 46 milliards de DA pour la deuxième), orienté vers la réhabilitation de ses unités les plus importantes et d'améliorer la production de fonte et de matériaux plats, «nécessite aujourd'hui une révision du mode de gestion et de la stratégie de développement». La liste des exemples est longue pour être énumérée. Preuve d'un secteur public économique exsangue au point qu'à chaque crise, les pouvoirs publics se sentent dans l'obligation d'intervenir pour le maintenir artificiellement en vie. Des entreprises tenues ni par des règles de performances ni par l'obligation de résultats. «Les gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays depuis la fin des années 1990 ont tous, sans exception, tenté de trouver une solution à ce secteur public économique budgétivore, qui ne brille ni par son utilité ni par sa contribution à la richesse nationale», soulignait Nordine Grim qui estime «à plus de 24 milliards de dollars, le montant alloué de 1992 à 2018, à l'assainissement financier de ces entreprises en situation d'insolvabilité permanente». Preuve également d'une gestion archaïque. Jusqu'à quand? Faut-il pour autant les privatiser? Faut-il, pour autant, les dissoudre ou les céder à certaines conditions, à des repreneurs privés? Pour l'heure, aucune de ces solutions n'est retenue. En dépit du fait que les spécialistes s'accordent à dire que «les opérations d'assainissement effectuées dans le passé n'ont pas abouti aux résultats escomptés». E effet, malgré toutes les actions de l'Etat, ces entreprises «continuent d'être des gouffres à sous». Les raisons sont diverses. S'il existe des facteurs conjoncturels pour expliquer ce manque de résultats, (concurrence, pandémie), ils ne peuvent expliquer tous les problèmes rencontrés dans la gestion des entreprises publiques. Mauvaise gestion, absence de plan de relance et liberté d'initiative pour les managers. Une lacune appelée à être corrigée dans le Plan d'action du gouvernement qui relève qu'en vue de mettre en place une nouvelle approche de gestion des participations de l'Etat dans le cadre de l'amélioration de la gouvernance, le gouvernement s'engage à encourager l'initiative des dirigeants des entreprises publiques, notamment à travers la révision du statut des organes de gestion, la dépénalisation de l'acte de gestion et l'instauration de contrats de performances et obligation de résultats à l'égard de ces gestionnaires. Il était temps.