La présente rentrée scolaire s'est singularisée par un fait nouveau, qui relègue au second plan les sempiternelles insuffisances qui s'invitent en pareille occasion. La vente des manuels scolaires, qui se faisait jusque-là au sein des établissements scolaires est, cette année, confiée et de manière imprévue, à des libraires qui se comptent sur les doigts d'une seule main. Sous prétexte que cette tâche ne relève pas de leurs prérogatives, les directeurs des écoles primaires ont refusé d 'accomplir cette tâche. Eux qui, jusqu'à l'année dernière, se chargeaient de cette opération commerciale, estiment, aujourd'hui, «qu'elle ne fait pas partie de leurs prérogatives». La problématique de la vente du livre scolaire se pose uniquement, au niveau des établissements primaires. Les directeurs des écoles primaires refusent de vendre les manuels scolaires. «Un acte légal et légitime, car cette opération n'est pas du ressort du directeur de l'école et encore moins de l'enseignant; les textes de loi et la législation scolaire sont là pour conforter ce que j'avance», estime un syndicaliste du Snadep. Cet acquis, arraché par ce syndicat après plus d'une année de sensibilisation et de lutte ardue, pour enfin, rétablir dans son rôle le chef d'établissement qui a été exploité, depuis toujours, par une entité commerciale avec «l'appui et le laxisme de la tutelle» qui «ont fait endosser cette rude tâche de vente du manuel scolaire au directeur sans référence législative et même en totale contradiction avec les textes en vigueur», indique le Snaped, qui s'interroge «n'est-il pas strictement interdit de percevoir de l'argent au niveau de l'école primaire en dehors de la somme de trente-cinq dinars 35 DA qui constitue ce qu'on appelle les frais d'inscription?» Quant à la distribution du livre gratuit pour les enfants issus de familles économiquement faibles et ceux dont les parents sont des travailleurs du secteur de l'éducation, cette mission relève du directeur par la force de la loi, mais elle reste subordonné, à l'établissement des listes de démunis validées par la commission de daïra chargée d'étudier et d'établir des listes définitives de bénéficiaires, mais aussi de la tutelle, à savoir la direction de l'éducation, qui transmet ces listes aux différents chefs d'établissements pour procéder à la distribution des manuels aux concernés. «Il vaut mieux chercher les responsables de ce bricolage et de cette situation désastreuse, ailleurs, mais jamais du côté du chef d'établissement qui lutte pour sa dignité», rétorque le directeur d'une école primaire par rapport aux critiques émises par d'autres syndicats, notamment des enseignants. «La tutelle et le Crddp savaient, depuis l'année, derniére, que les DEP cesseront de vendre le manuel et que tout le monde est avisé tout en acceptant de rendre service en vendant les livres durant l'année scolaire 2020-2021 du moment que le Crddp ne possède pas assez d'agents pour effectuer cette opération, mais tout le monde a convenu que pour 2021-2022, le directeur, sera complètement exempt de cette opération et cela est consigné dans un P.V. signé par le D.E», explique un autre syndicaliste du Snaped. Du coup, pour la présente rentrée scolaire, la vente des manuels scolaires cafouille sérieusement. Les longues chaînes qui se forment, tôt le matin, devant les rares librairies attestent une préparation hasardeuse de cette opération. Puisqu'il y a eu entente sur la question, comment se fait-il que l'organisme chargé de la distribution et de la vente des manuels scolaires et la tutelle n'aient pas pris des mesures palliatives? Pourquoi n'ont-ils pas mis à la disposition de l'ensemble des libraires les livres scolaires dans les délais requis? Pourquoi le premier quota de livres a été remis aux CEM des différentes circonscriptions, sachant qu'un accord existe entre la tutelle et les directeurs d'écoles primaires? Autant de questions qui ne trouvent pas de réponses, mais qui illustrent, le moins qu'on puisse dire, l'approximation de la gestion de la rentrée scolaire, qui met les parents d'élèves, déjà suffisamment saignés, devant un autre problème, celui de se lever tôt pour faire la queue devant les rares librairies pour acquérir les manuels scolaires de leurs enfants, dans une conjoncture sanitaire des plus délicates.