À l'approche de la rentrée des classes 2021-2022, la vente des manuels scolaires suscite cette fois-ci encore des réticences. Sous prétexte que cette tâche ne relève pas de leurs prérogatives, des directeurs et des gestionnaires d'établissements scolaires refusent de l'accomplir. Les syndicats du secteur, qui insistent sur la vente de ces livres à l'intérieur des établissements scolaires, dénoncent des «détournements». Ils appellent ainsi à mettre de l'ordre dans ce domaine. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Comme chaque année, la problématique de la vente des manuels scolaires dans les écoles ressurgit. Nombre de directeurs et de gestionnaires d'établissements scolaires refusent de s'approvisionner en livres afin de les mettre à la disposition des élèves. Selon eux, cette opération commerciale ne fait pas partie de leurs prérogatives. «La vente des livres scolaires a toujours été un cafouillage», affirme le coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane. S'indignant de voir les livres scolaires proposés sur des étals de fortune à même les trottoirs par des trabendistes, il plaide pour la vente de ces manuels à l'intérieur des établissements scolaires. Une tâche qu'il incombe aux directeurs de ces établissements. «Ce n'est pas à l'Office national des publications scolaires (ONPS) de se déplacer dans chaque établissement pour vendre le manuel scolaire. Ce sont les directeurs des établissements scolaires qui connaissent les besoins de leurs élèves en manuels, d'autant que cette opération se déroule juste en début de l'année scolaire», dit-il. Pour Meriane, il est temps de mettre de l'ordre et d'imposer certaines règles. «Il faut mettre en place des lois qui consacrent la responsabilité de l'intendant au collège et au lycée, et du directeur de l'établissement au primaire, pour la vente des livres scolaires. Il ne faut pas laisser le champ libre à des dérapages que nous ne saurons contrôler, et il faut bloquer la route à tous les opportunistes qui s'infiltrent pour profiter de la moindre occasion pour s'enrichir sur le dos des pauvres», souligne-t-il. Le président du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, dénonce, de son côté, le détournement des manuels scolaires par certains directeurs et intendants des établissements de l'éducation nationale. «La vente du livre scolaire est un créneau où il y a à boire et à manger. Sinon comment expliquer l'indisponibilité de ces manuels dans les établissements scolaires, alors qu'ils sont proposés à la vente dans des librairies privées, et souvent à des prix plus élevés ?», fait-il remarquer. Il évoque, par ailleurs, les agressions qui ont ciblé des établissements scolaires, notamment des écoles primaires, afin de leur soustraire les recettes de la vente des livres, mais aussi la prime scolaire de 5 000 dinars, attribuée en début d'année aux élèves issus des familles démunies. Le président du Satef rappelle dans ce sens, les suggestions de son organisation syndicale. «Nous avons proposé d'alimenter les librairies privées en ces manuels ou de créer carrément des points de vente temporaires de l'Office national des publications scolaires. Le temps de la rentrée scolaire, l'ONPS pourrait installer des stands à proximité des établissements scolaires, afin de se rapprocher des parents d'élèves», dit-il. Ry. N.