Alger tape du poing sur la table face à Paris. La décision unilatérale française consistant à durcir les conditions de délivrance des visas aux ressortissants algériens, fait encore des vagues. Avant- hier, c'est l'envoyé spécial chargé de la cause du Sahara occidental et des pays du Maghreb arabe, Amar Belani, qui a réagi: «Nous prenons acte de cette décision disproportionnée et nous la déplorons», a déclaré le diplomate soulignant que la décision du gouvernement français est «malencontreuse», car elle intervient à la «veille du déplacement d'une délégation algérienne à Paris». Pour Belani, la gestion des flux humains suppose une gestion commune dans la transparence et «non pas de fait accompli qui relève de considérations unilatérales propres à la partie française». À Alger, on apprécie très mal cet unilatéralisme de Paris et la tension ne semble pas baisser. Hier, c'est au tour du gouvernement de réagir face à cette décision « malencontreuse». «Le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger a convoqué, aujourd'hui, (hier, Ndlr) l'ambassadeur de France en Algérie», a indiqué, hier, le département des affairres étrangères dans un communiqué envoyé à notre rédaction. Cette convocation a pour but de « notifier une protestation formelle du gouvernement algérien suite à une décision unilatérale du gouvernement français»,a ajouté la même source regrettant que cette décision affecte «négativement la qualité et la fluidité de la circulation des ressortissants algériens à destination de la France». Pour le ministère des Affaires étrangères, la décision de réduire de 50% le nombre de visas aux ressortissants algériens est intervenue sans consultation préalable avec la partie algérienne «comporte l'anomalie rédhibitoire d'avoir fait l'objet d'un tapage médiatique générateur de confusion et d'ambigüïté quant à ses motivations et à son champ d'application». Mettant en évidence, dans son communiqué, la place centrale de l'élément humain dans la relation algéro-française, le secrétaire général du ministère des AE, Rachid Chakib Kaid a souligné la nécessité «d'une gestion équilibrée, transparente et conforme aux instruments juridiques bilatéraux et universels du phénomène des mobilités des personnes». Il a conclu dans son document que l'Algérie «déplore cet acte malencontreux» qui frappe de précarité et d'incertitude «un domaine sensible de coopération postulant la confiance». Encore des fritures sur la ligne. Cet incident est-il annonciateur d'un coup de froid aux relations pourtant au beau fixe entre Alger et Paris? Le couple Algérie-France allait, soutenaient les observateurs, mettre un terme à cette brouille qui recelait tous les ingrédients d'une crise conjugale. Il y a à peine quelques jours, les deux présidents, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron se sont longuement entretenus au téléphone. Une communication perçue par les observateurs comme le signe évident d'un nouveau réchauffement entre Alger et Paris. Encore un nouvel «incident de parcours» qui risque de briser l'élan entre les deux pays. Comment prendre alors ce coup de griffe français? Faut-il y voir un lien avec l'exacerbation du débat préélectoral sur l'émigration dans l'Hexagone ou une volonté de torpiller l'entente parfaite entre Macron et Tebboune?