L'envoyé spécial chargé de la cause du Sahara occidental et des pays du Maghreb arabe, Amar Belani, a réagi, hier, à la décision de la France de durcir les conditions de délivrance des visas aux ressortissants algériens. «Nous prenons acte de cette décision disproportionnée et nous la déplorons», a déclaré le diplomate dans une déclaration à l'APS. Selon Amar Belani, la décision du gouvernement français est « malencontreuse», car elle intervient à la «veille du déplacement d'une délégation algérienne à Paris». Cette mission avait pour objectif, justement, de faire le point sur tous les cas en suspens et de déterminer le mode opératoire le plus satisfaisant, en vue de renforcer la coopération dans le domaine de la gestion de l'immigration irrégulière, précise le diplomate algérien, pour qui, sur le fond, «la dimension humaine est au coeur des spécificités de la relation algéro-française et du partenariat d'exception qui lient les deux pays». « La gestion des flux humains requiert une coopération franche et ouverte et elle suppose une gestion commune dans un esprit de partenariat et non pas de fait accompli qui relève de considérations unilatérales propres à la partie française», souligne Amar Belani. Pour rappel, la France a décidé, hier matin, de durcir les conditions d'octroi des visas à l'égard des pays du Maghreb (le Maroc, l'Algérie et la Tunisie). Emmanuel Macron a, en effet, décidé de diviser par deux le nombre de visas délivrés à l'Algérie et au Maroc et de 30% pour la Tunisie par rapport à 2020. Cette sentence a été décrétée sous prétexte que «le Maroc, l'Algérie et la Tunisie refusaient de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de l'Hexagone», a soutenu, hier, sur Europe 1, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. Selon les informations d'Europe 1, «sur les 6 premiers mois de l'année 2020, environ 63000 visas ont été délivrés pour 96000 demandes. Sur les 6 premiers mois de l'année 2021, plus de deux demandes sur trois, faites par l'Algérie, ont été accordées par la France». «Emmanuel Macron a ordonné aux services consulaires du Quai d'Orsay de délivrer pour les 6 prochains mois 31500 visas au maximum, soit une division par deux», précise la chaîne. Par ailleurs, selon la même radio, en Algérie, seulement 22 obligations de quitter le territoire ont été effectivement appliquées, sur 7731 décisions ordonnées par la justice, entre janvier et juillet 2021. Concernant le Maroc, 3301 ressortissants ont reçu une obligation de quitter le territoire et seuls 80 ont été expulsés dans les faits. Tandis qu'en Tunisie, 3424 ressortissants ont reçu une obligation de quitter le territoire, une décision appliquée à 131 d'entre eux. «C'est une décision drastique (...), mais c'est une décision rendue nécessaire par le fait que ces pays n'acceptent pas de reprendre des ressortissants que nous ne souhaitons pas et ne pouvons garder en France», a justifié Gabriel Attal. Il a argué que « l'attitude des pays concernés freinerait l'efficacité des reconduites effectives à la frontière, une fois les obligations de quitter le territoire français (Oqtf) délivrées».