Avec le retour de Ramtane Lamamra aux affaires étrangères, la diplomatie algérienne a repris intensément ses activités et fait beaucoup parler d'elle. Les hauts responsables du monde entier s'entrecroisent dans le hall de l'aéroport international Houari Boumediene et à peine si l'un finit sa visite qu'un autre l'entame. C'est d'ailleurs le cas, ce week-end avec José Manuel Albares Bueno, ministre des Affaires étrangères, de l'Union européenne (UE) et de la Coopération du royaume d'Espagne et Cheikh Ahmed Nasser Al-Mohammed Al-Sabah, le premier vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères du Koweït. Arrivé mercredi, pour une visite de deux jours, Cheikh Ahmed Nasser Al-Mohammed Al-Sabah était porteur d'un message de la part de l'émir du Koweït pour le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Le chef de la diplomatie koweïtienne, à la tête d'une importante délégation, a abordé le renforcement des relations entre les deux pays et la consolidation de la coopération dans divers domaines. Il n'avait pas encore quitté le pays lorsque José Manuel Albares Bueno est arrivé pour s'enquérir, notamment de l'approvisionnement en gaz, après l'annonce d'Alger de fermer les vannes du gazoduc desservant son pays via le Maroc, à l'expiration du contrat, le 31 octobre prochain. Rassuré sur la poursuite de l'approvisionnement de son pays, le ministre espagnol n'a pas manqué d'affirmer, avant son départ, que «l'Algérie a toujours été un partenaire fiable qui a honoré ses engagements». Outre ce ballet incessant des visites diplomatiques à Alger, il y a lieu de relever le pèlerinage diplomatique qu'effectue le premier diplomate du pays depuis son retour à la tête du département des Affaires étrangères. Sans répit, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger a mené un marathon d'une semaine à New York, où il a pris part aux travaux de l'Assemblée générale (AG) de l'ONU. Ramtane Lamamra a eu des rencontres avec ses homologues des pays voisins et des puissances occidentales, mené des discussions avec de hauts responsables de l'administration de Joe Biden, tenu des réunions de haut niveau et des interventions dans les médias américains... Le chef de la diplomatie ne s'est pas donné un seul temps mort dans le seul objectif de marquer la forte présence de l'Algérie et redonner à la diplomatie algérienne son lustre d'antan. Le diplomate chevronné avait également brillé depuis sa nomination, en mettant le cap, en juillet dernier, sur l'Afrique où il avait mené une tournée régionale en Tunisie, puis en Ethiopie, en passant par le Soudan et enfin l'Egypte. Dans les valises du chef de la diplomatie algérienne, il y avait le lourd dossier du contentieux du grand barrage de la Renaissance, Gerd. Après un «saut» à Téhéran, le ministre des AE a eu à faire trois déplacements en Tunisie pour exprimer le soutien de l'Algérie à Kaïs Saïed. Il avait à peine achevé la réunion de la session ordinaire du Conseil de la Ligue arabe qu'il était déjà à Kinshasa et le lendemain, à Brazzaville. Concernant la Libye, l'Algérie, qui avait progressivement été marginalisée sur ce dossier pourtant capital, a réussi à reprendre en main ce dossier en organisant, fin août, une réunion des ministres des Affaires étrangères de sept pays voisins de la Libye. Le retour de la diplomatie algérienne a aussi été constaté sur toute la région du Sahel. Le 10 août, c'est à Alger que s'est tenue une «conférence sur la sécurité au Sahel», sous l'égide du ministère des Affaires étrangères. Lamamra s'est rendu peu après au Mali pour réaffirmer l'engagement algérien auprès des autorités de Bamako, annonçant que son pays pourrait financer la reconstitution de l'armée malienne. Des coups de maître, Ramtane Lamamra en a fait. Sans tergiversations, la diplomatie algérienne s'est exprimée de façon spectaculaire en annonçant la rupture des relations diplomatiques avec le Royaume mettant fin aux attaques incessantes du Makhzen. Ce dernier fort de son alliance avec Israël, a voulu l'imposer comme pays observateur à l'UA mais la diplomatie algérienne a réussi à faire revoir cette décision. Enfin, la grande victoire que vient d'obtenir le Sahara occidental avec l'annulation des accords commerciaux du Maroc, par la justice européenne, renforce la position de soutien de l'Algérie pour la juste cause du peuple sahraoui.