Le gouvernement espagnol active la machine diplomatique. Le ministre des Affaires étrangères espagnol, José Manuel Albares, sera aujourd'hui à Alger. Selon la presse ibérique, ce déplacement «aura lieu avant même de se rendre au Maroc pour l'entretien qu'Albares avait arrangé avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita». Pour ce déplacement à Alger, le chef de la diplomatie sera accompagné de Francisco Reynés, P-DG de Naturgy, associée à hauteur de 49% dans le gazoduc Medgaz et de Antoni Llardén, P-DG d'Enagás. José Manuel Albares aura des entretiens avec Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, qui se sont vus, la semaine dernière, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, à New York. La délégation espagnole aura également des entretiens avec Mohamed Arkab, ministre de l'Energie et des Mines, et Toukik Hakkar, P-DG de Sonatrach. La pérennité de l'approvisionnement du marché ibérique en gaz algérien est la principale motivation de ce déplacement, dans le sillage de la non-reconduction du contrat gazier approvisionnant le Maroc via le gazoduc Maghreb-Europe, et la flambée des prix du gaz que connaît le marché international. En effet, ce déplacement intervient à quelques semaines de l'arrivée à échéance d'un important accord de livraison de gaz algérien, via le gazoduc Maghreb- Europe (GME), un pipeline assurant le transfert de 10 milliards m3 annuellement vers la péninsule, passant par le Maroc, pays avec lequel l'Algérie a décidé de rompre les relations diplomatiques. Ce qui a amené l'Algérie à approvisionner, désormais, en gaz l'Espagne via le gazoduc Medgaz. D'une longueur de 750 km, sa capacité est actuellement de 8 milliards de mètres cubes par an. Il est, néanmoins, prévu qu'elle soit augmentée de 25% d'ici la fin de l'année. Ce déplacement survient, également, en pleine flambée des prix de l'énergie sur le marché mondial, et, notamment en Espagne, où le gouvernement a adopté mi-septembre une nouvelle série de mesures pour faire baisser la facture des consommateurs. Alger, qui entretient des liens économiques étroits avec Madrid, est le premier fournisseur de gaz naturel de l'Espagne. Par la voix du ministre de l'Energie, l'Algérie avait rassuré son partenaire espagnol de sa capacité à honorer son plein engagement à assurer l'ensemble des approvisionnements en gaz de l'Espagne par Medgaz. L'autre sujet au menu aura trait à la question du Sahara occidental. D'autant que l'enquête pour «génocide» visant en Espagne le chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, Brahim Ghali, a été rouverte à la suite d'un vice de procédure, a annoncé, hier, la justice espagnole qui l'avait classée fin juillet. Le jour même où la justice européenne a infligé un revers au Maroc et à l'Union européenne (UE) en annulant deux accords de partenariat commerciaux concernant le territoire disputé du Sahara occidental, à la demande du Front Polisario qui a salué cette victoire. Au plan bilatéral, la délégation tentera de remettre sur la table le dossier de l'émigration illicite, notamment les harraga. Un dossier sur lequel Alger, selon certaines sources, ne voudrait nullement s'attarder, du fait que le dossier, en question, fait l'objet de discussions et échanges entretenus entre les ministères de l'Intérieur algérien et espagnol.