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Incertitude sur l'économie mondiale
La flambée du prix du pétrole a un impact
Publié dans L'Expression le 09 - 10 - 2021

Avec le déploiement des vaccins et l'assouplissement des mesures de confinement, les cours et la demande d'or noir ont connu une hausse inégalée, tandis qu'une pénurie d'énergie dans l'hémisphère Nord a fait grimper les prix du gaz naturel à leur plus haut niveau depuis 7 ans, avec des répercussions sur le marché pétrolier. Dans le même temps, les stocks de brut ont diminué, l'Opep représentant 35/40% de la production commercialisée mondiale et les trois principaux pays qui ont une influence sur les prix étant l'Arabie saoudite, la Russie et les USA pour le pétrole et les USA, la Russie, l'Iran et le Qatar pour le gaz. Cette progression intervient alors même, que la reprise économique mondiale montre des signes de ralentissement en raison de problèmes dans les chaînes d'approvisionnement et dans un climat d'inquiétude concernant le variant Delta, qui entraîne un pic d'infections dans plusieurs pays. Selon la directrice générale du FMI dans une déclaration en date du 5 octobre 2021, je la cite: «Nous nous attendons maintenant à ce que la croissance ralentisse légèrement cette année» par rapport à ce que le Fonds monétaire international prévoyait en juillet 2021 de plus de 6%, précisant que le FMI publiera dans une semaine ses prévisions économiques mondiales actualisées en ouverture des réunions d'automne du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Dans les pays émergents, qui n'ont pas accès à suffisamment de vaccins, la croissance «continue de se dégrader» tandis que les pays riches devraient retrouver leurs niveaux d'avant crise «d'ici 2022».
Si les Etats-Unis et la Chine, les deux premières puissances économiques, restent «les moteurs essentiels de la croissance», «leur croissance ralentit sans compter l'incertitude qui plane sur l'économie américaine qui pourrait faire face à un défaut de paiement. Pour la Chine, après le groupe immobilier Evergrande en graves difficultés financières, la capitalisation boursière du groupe immobilier ayant baissé de 80% depuis le début de janvier 2021, le géant de l'immobilier Fantasia est en défaut de paiement et pourrait faire faillite en laissant
205,7 millions de dollars d'impayés faisant craindre un krach qui pourrait se répercuter par effet domino sur les places financières mondiales. Selon le FMI, il existe une divergence entre les économies avancées qui vont revenir à leurs niveaux d'avant la pandémie «d'ici 2022», mais avec une dette publique mondiale qui, selon les calculs du FMI, atteint désormais près de 100% du PIB de l'économie mondiale, alors que la plupart des pays émergents et en développement «mettront encore de nombreuses années à se remettre» de la crise de la Covid-19.
Incertitude économique
Pour combler cet écart, la Banque mondiale recommande comme objectif de faire vacciner 40% de la population mondiale d'ici la fin de cette année 2021 et 70% d'ici la première moitié de 2022 où en plus sachant que certains pays émergents sont confrontés à des pressions sur les prix qui «devraient persister dont des prix alimentaires mondiaux, plus de 30% au cours de l'année 2020. L'augmentation mesurée face à l'incertitude de l'économie mondiale accroît à court terme l'inflation mondiale et les tensions sociales dans bon nombre de pays développés et de pays en voie de développement importateurs d'énergie».
Les stratégies gazières mondiales
Entre 2018-2019, selon l'AIE nous avons la répartition suivante 33,1% de pétrole, 27,0% de charbon, 24,2% de gaz naturel, 4,3% de nucléaire et 11,5% d'énergies renouvelables (hydroélectricité 6,5%, éolien 2,2%, biomasse et géothermie 1,0%, solaire 1,1%, agro-carburants 0,7%), cette structuration étant appelée à évoluer avec la prise de conscience des impacts désastreux pour l'avenir de l'humanité dus à l'impact du réchauffement climatique. Mais au niveau mondial, la part du pétrole dans la production d'électricité est très faible, moins de 3% en 2019, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), loin derrière le charbon (36,7%) et le gaz naturel (23,5%). Concernant le gaz naturel, il se trouve sous la surface de la Terre et se compose principalement de méthane et d'autres hydrocarbures. Il est principalement utilisé pour la production d'électricité, le chauffage et comme gaz de cuisson. Le gaz peut également être utilisé pour la climatisation, l'éclairage et comme carburant de remplacement pour les véhicules.
Le gaz naturel est considéré comme l'un des combustibles fossiles les plus propres, car il émet moins de carbone (environ 50% de moins que le charbon) et d'autres polluants comme les oxydes de soufre et d'azote. Nous avons deux types de gaz naturel sur le marché, à savoir le gaz naturel et le gaz naturel liquéfié. Le gaz naturel est issu des combustibles fossiles et est composé de matières organiques en décomposition qui sont rejetées dans le sol depuis plusieurs centaines de millions d'années et est acheminé à travers les canalisations. Nous avons le gaz naturel liquéfié qui a été changé à l'état liquide de manière à le transporter et le stocker plus facilement. En effet, les gisements de gaz naturel étant souvent éloignés d'une grande partie des consommateurs de cette énergie, son transport à l'état gazeux est risqué et coûte cher. Aussi et en le refroidissant, il est possible de le transformer en gaz naturel liquide. Il existe deux marchés principaux sur lesquels s'échange le gaz naturel mondial. Le plus important est le Nymex ou New-York Mercantile Exchange situé aux Etats-Unis, et le second, le NBP ou National Balancing Point de lIPE ou International Petroleum Exchange situé à Londres. Il existe d'autres marchés plus petits comme le TTF des Pays-Bas ou celui de Zeebruge en Belgique. Les réserves mondiales prouvées sur un total de 197394 milliards de mètres cubes gazeux (données de 2018/2019) nous avons par ordre décroissant: Russie 47800 milliards de mètres cubes, Iran 33500, Qatar 24 00, USA 8714, Arabie saoudite 8.602, Turkménistan 6061, Venezuela 5702, Nigeria 5 284, Chine 5.194 et pour l'Algérie entre 2500 et 3000 selon la déclaration du ministre algérien de l'Energie en décembre 2020, 4500 étant celles de BP des années 2000. Les 10 principaux pays producteurs de gaz naturel par ordre décroissant sont la Russie qui représente à elle seule 20% de la production mondiale de gaz naturel et est également le plus gros exportateur, au deuxième rang avec la révolution du gaz de schiste étant devenu exportateur en Europe, les Etats-Unis d'Amérique, puis vient le Canada (troisième position) le Qatar quatrième position, l'Iran ayant été déclassé suite aux sanctions américaines, suivi de la Norvège, la Chine, l'Arabie saoudite, et l'Algérie qui est en neuvième position. Ces données doivent être interprétées avec précaution car on peut découvrir des milliers de gisements, mais non rentables selon les normes financières fonction des coûts d'exploitation et de l'évolution du prix international lui-même fonction de la demande et de la concurrence des énergies substituables. Quant aux gisements en Méditerranée orientale, objet de toutes les convoitises, elles sont évaluées à plus de 20 000 milliards de mètres cubes gazeux. La Commission européenne,
le 3 avril 2017 avec trois Etats membres de l'UE - l'Italie, la Grèce, et Chypre - a paraphé un plan avec Israël prévoyant la construction d'un gazoduc allant de ce pays vers les côtes Sud-européennes. À l'horizon 2025, le gazoduc, qui serait long de 2 200 km, acheminerait jusqu'à 16 milliards de mètres cube par an des champs pétrolifères maritimes israéliens et chypriotes vers l'Italie et la Grèce, pour un coût évalué à 6 milliards d'euros, financé en partie par les banques Goldman Sachs et JP Morgan.
De façon plus immédiate, les gouvernements peuvent aider les ménages en jouant sur la fiscalité au travers de la TVA ou de taxes spécifiques, comme ils peuvent élargir des aides comme le chèque énergie, aux ménages modestes et les entreprises peuvent acheter sur le plus long terme afin de profiter de tarifs plus avantageux à l'horizon de quelques années, mais la majorité des gouvernants pourrait décider de «lisser» les hausses de tarifs en anticipant sur les baisses futures, en répercutant seulement une partie sur les consommateurs pour l'instant. La flambée du prix du pétrole a un impact.
Selon l'EIA, la production pétrolière américaine était de 11,1 millions de bpj à la fin mars 2021, mais elle n'a augmenté que de 400000 bpj à la fin août, mais ces données pour la fin août 2021 sont antérieures à l'ouragan Ida qui a temporairement emporté la majeure partie de la production offshore dans le golfe du Mexique. La raison la plus courante invoquée par les grandes compagnies pétrolières américaines est qu'elles prévoient de maintenir la production à un niveau stable afin d'augmenter les dividendes pour les actionnaires.
Et l'Algérie dans tout ça?
En conclusion, pour le court terme, pour tempérer cette hausse des prix, il devrait y avoir un assouplissement pour une production rapide du South Stram2 russe, mais également une révision des sanctions contre l'Iran deuxième réservoir mondial de gaz naturel. Cependant, l'on devrait assister à des prix élevés des fossiles traditionnels entre 2021-2025, en attendant que la transition énergétique, irréversible avec le réchauffement climatique se mette en place 2025-2030, mais qui ayant un coùt à moyen terme, que devra supporter la société mondiale, en acquérant le développement des énergies renouvelables dont l'hydrogène entre 2030 - 2040, le cout, avec les innovations technologiques, ayant diminué de plus de 50% et plus à l'avenir avec les économies d'échelle. Les pays de l'Opep+ peuvent en profiter durant un temps car la demande ira en décroissant entre 2022-2030, où plus de 80% de voitures électriques sont prévues en Europe horizon 2030. Grâce aux recettes, il est possible de réaliser la transition énergétique, afin d'éviter la marginalisation, les pays du Golfe et l'Arabie saoudite l'ayant compris, accélérant les réformes pour une économie diversifiée et cela interpelle l'Algérie qui doit asseoir une nouvelle gouvernance. Actuellement, les exportations de l'Algérie se font grâce au GNL qui permet une souplesse dans les approvisionnements des marchés régionaux pour 30% et par canalisation pour 70%. L'Algérie possède trois canalisations. Le Transmed, la plus grande canalisation d' une capacité de 33,5 milliards de mètres cubes gazeux, le Medgaz directement vers l'Espagne à partir de Beni Saf au départ d'une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux qui après extension prévue courant 2021, la capacité sera portée à 10 milliards de mètres cubes gazeux et le GME via le Maroc dont l'Algérie a décidé d'abandonner, dont le contrat s'achève le 31 octobre 2021, d'une capacité de 13,5 milliards de mètres cubes gazeux. À court terme, l'Algérie profite peu de ces hausses puisque selon le rapport de l'Opep de juillet 2021 la production est passée de plus de 1,2- 1,5 million de barils/j entre 2007-2008 à environ 950.000 barils/j contre 850.000 en mai 2021, et pour le gaz plus de 65 milliards de mètres cubes gazeux à 40 en 2020, espérant 43/44 pour 2021, du fait de la forte consommation intérieure, renvoyant à la politique généralisée des subventions et de la faiblesse des investissements ayant peu attiré les investisseurs étrangers. Les opérateurs attendent les lois d'application de la loi des hydrocarbures et le Code des investissements. Encore qu'il faille se méfier du juridisme, ayant parfois les meilleures lois peu appliquées, devant s'attaquer à l'essence du blocage, le système bureaucratique rentier.


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