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«Barrons la route aux ennemis de la paix»
Mohamed Lakhdar Maougal, professeur à l'ensji de ben aknoun, à L'Expression
Publié dans L'Expression le 21 - 10 - 2021

L'Expression:Pensez-vous que l'histoire de l'Algérie est réellement écrite sur la haine de la France comme l'a déclaré le président Emmanuel Macron?
Mohamed Lakhdar Maougal:L'histoire de l'Algérie écrite sur la haine de la France. Bigre!!!!
Absolument pas. Ou alors il va falloir préciser que si haine il y a, c'est la haine de la France coloniale qui aura tenté jusqu'alors de relooker et de revaloriser cette colonisation en civilisation. Il y a de quoi!
J'ai écrit, il y a plus de 2 ans, un essai intitulé La colonisation n'est pas une civilisation (éditions Othmania, Alger, 2018) Cet essai aura été essentiellement consacré aux combats de deux des plus illustres écrivains algériens, Kateb Yacine et Mouloud Mammeri qui s'étaient distingués parmi les écrivains algériens de leur génération dans la dénonciation sans ambages du système colonial.
La haine est un comportement instinctif personnalisé et le plus souvent réactif.
En faire un projet têtu d'une obsession idéologique socialisée est un alibi qui ne tient pas la route. Il y a, certes, des inimitiés personnelles voire catégorielles, mais des haines socialisées c'est bien là un témoignage d'une manoeuvre politicienne ou une recherche d'un alibi à tout prix. A fortiori quand il s'agit de juger ou de préjuger de l'histoire de tout un peuple, sachant pertinemment que l'histoire d'un pays, c'est l'histoire avant tout de son peuple et de son combat pour ses émancipations et non une historie de territorialité géographique ou encore de sa nature physique.
L'expression de Macron en tant que président de la République française est vague à souhait et prête volontairement à confusion variable entre nation et Etat, entre institution gouvernementale et institution spécialisée, en l'occurrence l'institution sécuritaire.
Quant à l'écriture de l'Histoire, c'est une autre affaire.
Ceux qui écrivent l'Histoire ne sont pas toujours ceux qui l'ont faite et continuent de la faire. Le professeur Charles-André Julien, l'éminent historien qui a écrit le plus talentueux ouvrage sur l'histoire de l'Afrique du Nord (repris totalement et presque intégralement par Chikh Mbarek El Mili) n'est pas algérien et n'a pas fait l'Histoire de l'Algérie. Pourtant, et il aura été de notoriété mondiale un intellectuel respectable et respecté Décréter que l'Histoire de l'Algérie s'est écrite sur la haine de la France c'est aller vite en besogne. L'Histoire prétend au statut de science et ne saurait se compromettre avec les idéologies réductrices et velléitaires qui se charpentent sur les imaginaires et sur les réactions épidermiques. C'est l'idéologisation de l'écriture de l'Histoire qui conduit à des aberrations comme on en a beaucoup découvertes dans les manuels officiels des historiens de la colonisation, Gautier, Gsell et Guernier - les trois G- gavés et rassasiés des idéologies racistes du Centenaire de la colonisation (1930).
En émettant des doutes sur l'existence même de la nation algérienne, le président Emmanuel Macron n'a-t-il pas reproduit le fameux poncif colonial qui justifie la colonisation par l'absence d'une construction étatique?
La réaction du président Macron, parce qu'elle fut épidermique, s'est embourbée dans un galimatias indigne d'un grand Enarque sorti aussi de Sciences Po. Macron s'est grisé lui-même de ce galimatias et s'est laissé emporter par ses propos indignes et inconséquents.
D'abord, ces propos qu'il a tenus devant un parterre de jeunes Français triés sur le volet sans doute par son entourage immédiat où gravitent des jeunes citoyens de souches étrangères (maghrébines, africaines dont les parents émigrés n'ont pu bénéficier des droits élémentaires de la citadinité bien que payant leurs impôts et participant comme «chair à canon» aux guerres coloniales puis à la libération d'abord et à la reconstruction ensuite de la France(conquise et occupée), ces propos visaient donc à les allécher et à les séduire pour grossir les rangs mobilisables de la «macronie» en campagne préélectorale.
Ensuite, ces propos laudateurs ont dérivé comme c'est toujours le cas quand la démagogie l'emporte sur la mesure pour devenir insensée et diplomatiquement inacceptables. Macron n'a pas manqué de l'apprendre à ses dépens par la suite lors d'autres rencontres plus agitées tout particulièrement avec l'Afrique.
Enfin, dire que c'est là une résurgence d'un poncif colonial c'est se méprendre d'époque et de conjoncture. Macron n'est pas dans la situation coloniale qu'il n'a pas vécue, mais dans une situation néocoloniale mondialiste parce que post-coloniale et qu'il a inaugurée de manière flagrante en essayant de se distinguer de ses prédécesseurs aussi bien de droite (Chirac-Sarkozy) que de gauche (Rocard, Hollande). Sans être séide du giscardisme il n'en est pas moins très proche par le populisme politicien et par le maçonnisme d'encadrement.
Lors de sa rencontre avec les médias, le président Abdelmadjid Tebboune assure que la relation entre son pays et la France reste particulière évoquant ainsi les accords d'Evian et de 1968. Qu'en est-il de votre lecture personnelle?
Le président Tebboune a fait montre de diplomatie, de précaution et de prudence. Il a répondu dans un premier temps à la charge quelque peu «hussarde» du président français de manière institutionnelle en rappelant les règles qui régissent ordinairement les rapports inter-étatiques respectant ainsi et de ce fait les usages diplomatiques et les conventions internationales. Il aura, également, tenu au cours de ses rencontres avec les médias (la presse et la TV) des propos exemptes de toute polémique, même si quelquefois il aura rappelé que les propos de Macron - «inacceptables» a-t-il tenu à le souligner- étaient imposés par la conjoncture électorale en France.
Dans la question que vous me posez, le contexte semble avoir changé puisqu'il renvoie à la décision en passe d'application portant sur les projets d'expulsions de citoyens algériens en situation irrégulière en France. Abdelmadjid Tebboune n''aura pas manqué de dire, ouvertement, que le ministre de l'Intérieur de l'Etat français est un menteur (sic). Et c'est un président de la République qui l'affirme solennellement et publiquement et ce en l'absence de réaction française, à ce jour. Et prouve l'extrême embarras diplomatique dans lequel ce ministre a mis l'Etat français qui n'a toujours ni désavoué ni appuyé les contrevérités de ce ministre peu amène et indélicat.
Où aboutira cette crise diplomatique entre Paris et Alger. Va-t-elle s'estomper ou au contraire s'exacerber avec la montée en puissance de la campagne électorale aux couleurs de l'extrême droite pour la présidentielle d'avril prochain?
Cette crise a commencé sur un fond de contrevérités lesquelles, à l'évidence, étaient dictées par des impératifs de gestion de campagne électorale en route. Cela est inhabituel et à ce titre fort intéressant parce que révélateur de beaucoup de choses.
D'abord, que ces escarmouches sont révélatrices de manoeuvres bien ourdies. Macron en s'attaquant à l'Algérie a voulu faire une campagne électorale à très larges «ratissages» des voix des citoyens plus ou moins liés à l'Algérie et qu'il pense ou qu'il croit majoritaires dans ce vivier électoral. Sans doute ses conseillers qui manquent fort probablement d'expérience à ce niveau auront participé consciemment ou involontairement à le méprendre. Son ministre des AE Le Drian tente de raccommoder la déchirure.
Ensuite, le ciblage intentionnel de l'institution militaro-sécuritaire algérienne qui, selon Macron, encadre férocement l'Etat algérien au point de le surdéterminer dans ses fonctions jusqu'aux régaliennes, relève d'un projet qui constitue de fait une campagne de propagande antimilitariste plutôt qu'antisystème algérien. La singularisation de cet antimilitarisme a cru utile de remonter dans le temps et d'ouvrir largement l'espace d'application. L'Etat français ne cessait jusque-là de courtiser la classe politique algérienne qui s'était imposée à la nation pour gérer la société de la manière scandaleuse qui a conduit aux purges et aux poursuites des malfrats. Ainsi, croyant pouvoir diviser l'Etat et disloquer ses institutions, la manoeuvre sordide du Grand Manipulateur (sic, Marc Endeweld, éditions Stock, Paris, 2019) n'a débouché que sur un chapelet de crises plus aiguës les unes que les autres, car avec les derniers développements c'est l'avenir des relations entre deux pays qui se connaissent et qui partagent dans le malheur et dans les épreuves une bonne partie de leur histoire commune.
Les expressions blessantes et désobligeantes de l'Elysée risquent d'hypothéquer dangereusement les relations entre les deux pays. Nul doute que ce qui se passe en France autour de la campagne électorale montre l'importance cardinale que l'Algérie occupe envers et contre tous les ennemis de la paix et de l'amitié que nos deux pays sont attachés à entretenir et à protéger sur les deux rives des revanchards aigris de tous bords et de tout acabit qui exploitent les moindres anicroches ou embûches pour relancer «le coup de chasse-mouches» ou l'innommable «embargo» imposé à l'Algérie en proie à la lutte antiterroriste de la décennie noire.
L'attitude de l'Etat algérien aura été jusque-là d'une grande dignité et de retenue. Serait-ce un trait de sagesse ou serait-ce l'expérience d'une habileté diplomatique enfin libérée de l'omerta d'un régime «harki» qui a laissé penser que l'Algérie avait bradé sa souveraineté pour quelques poignées d'euros et pour quelques appartements sur les quais de la Seine restés entachés quant à eux dans la mémoire douloureuse des massacres des années 1960.


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