Les travaux de la 2e Réunion ministérielle Union africaine- Union européenne (UA-UE) ont débuté, avant-hier matin, à Kigali, la capitale rwandaise et les regards particulièrement braqués sur deux personnalités: le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ramtane Lamamra et son homologue français, Jean-Yves Le Drian. Se sont-ils rencontrés loin des projecteurs médiatiques? Si rien n'a filtré dans ce sens, les deux chefs de diplomaties respectives se sont en revanche livré un duel à distance eux, dont les relations entre les deux pays sont au creux de la vague, depuis plusieurs semaines. «L'Algérie ne pratique pas la diplomatie du haut-parleur, travaille dans le calme, exploite les canaux diplomatiques ouverts et enregistre ses positions en toute transparence et en toute clarté, lorsqu'il s'agit de questions touchant à sa souveraineté nationale et à ses intérêts suprêmes», a déclaré Lamamra, à la chaîne de télévision russe RT, rappelant que c'est la France qui a ouvert les hostilités ayant engendré cette crise après «des déclarations incompréhensibles et inacceptables faites en haut lieu» en France «sans qu'un contexte raisonnable les justifie». Intervenant aux travaux de cette réunion ministérielle Lamamra a mis en avant la stratégie de l'Algérie fondée sur des liens «indissociables de sécurité, de paix et de développement». Le ministre des Affaires étrangères a souligné que le partenariat entre les deux partenaires «doit émaner de la conviction de la sécurité commune, les deux parties devant assumer pleinement et de manière équitable leurs responsabilités, individuelle et collective». Il n'est donc plus question d'un tutorat ou de rapport dominant-dominé, comme cela a toujours été le cas. L'Afrique «est ouverte à tous les partenariats auxquels elle a été invitée et préservant ses intérêts», a-t-il poursuivi, appelant les pays de l'UE «à valoriser la diversité des partenariats de l'Afrique avec les autres pays du monde, et à les considérer comme un phénomène naturel et positif». Pour Lamamra, l'Afrique aspire à travers ce partenariat «réaliser des résultats qualitatifs et quantitatifs pour atteindre le degré de perfection escompté», à commencer par dépasser le cadre commercial «prédominant dans la relation de partenariat UA-UE». S'agissant du dossier de la migration, le chef de la diplomatie a insisté que ce dossier crucial nécessite «une approche globale et à long terme». Il ajoute à ce propos qu'il faut traiter les causes profondes du phénomène insistant sur l'impératif du «respect du droit international pour protéger les migrants et les membres de leurs familles». À cet égard, «il est nécessaire de promouvoir une vision commune pragmatique pour traiter la question de la migration, inspirée des principes de solidarité, de coopération et de tolérance, au lieu de l'approche des politiques de sécurité et de diabolisation de la migration, qui se propage souvent dans le contexte de calculs politiques et électoraux», a conclu Lamamra.