La réaction du Front Polisario à l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution prorogeant le mandat de la Minurso jusqu'à fin octobre 2022 était, à la fois, prévisible et légitime. Prévisible car les voix ont surgi de toute part pour dire qu'il est temps d'agir concrètement en dotant la mission onusienne des prérogatives de surveillance des droits de l'homme dans les territoires sahraouis, comme c'est, d'ailleurs, le cas pour toutes les autres missions de par le monde, et de lui permettre d'exercer réellement sa tâche, à savoir organiser le référendum d'autodétermination. Légitime, dès lors que le résultat est contraire à toute attente et s'avère une «grave erreur» dont les retombées sur la région ne peuvent être que néfastes, spoliant le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l'autodétermination. A l'aune de ce constat, le Front Polisario est en droit de déclarer, haut et fort, qu' «il n'y aura pas un nouveau cessez-le-feu tant que l'occupation marocaine poursuit, en toute impunité, ses tentatives d'imposer par la force son fait accompli colonial dans les territoires occupés de la République sahraouie et d'entraver l'organisation du référendum d'autodétermination du peuple du Sahara occidental». Le fait est que ce choix de «l'inaction» et du «silence» par le Conseil de sécurité représente une menace directe sur la stabilité de la région tout entière et ne laisse d'autre option au peuple sahraoui que celle de poursuivre «la lutte armée légitime pour défendre sa souveraineté et garantir l'exercice de son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance» comme le proclame le communiqué du Front Polisario. En appelant à la réactivation du plan de règlement conforme à la résolution 690 du Conseil de sécurité adoptée en 1991, le Front Polisario énonce clairement qu'il n'y aura pas d'autre processus politique que celui que l'ONU avait consacré en collaboration avec l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) et auquel les deux parties au conflit avaient pleinement souscrit. Objectivement, la résolution 2602 du Conseil de sécurité prétend proroger la mission de la Minurso en des termes à peine équivoques, compte tenu du contexte actuel dans lequel se trouve le territoire non autonome que le Royaume du Maroc s'obstine à vouloir annexer en toute illégalité et dont il exploite, cyniquement et avec une avidité extrême, les ressources malgré les décisions de la Cour de justice européenne. Depuis novembre 2020, date à laquelle les forces d'occupation marocaines ont agressé dans la zone-tampon d'El Guerguerat des manifestants sahraouis pacifiques, l'accord de cessez-le-feu tel qu'édicté par la résolution 690 a été bafoué. Dans de telles conditions, avec la reprise des combats, les observateurs militaires de la Minurso déployés au Sahara occidental auront une tâche très difficile, voire impossible, pour exercer leur mission qui a sans cesse rencontré, en outre, des obstacles et des entraves continuelles de la part de l'occupant marocain. De plus, le cessez-le-feu de 1991 est une conséquence directe du plan de règlement conjoint adopté par l'ONU et l'OUA dont le Royaume du Maroc s'est ensuite démarqué. Du fait même que la nouvelle résolution péche par manque de mesures pratiques, garantissant au nouvel Envoyé spécial et à la Minurso un exercice réel de leurs missions respectives, et compte tenu de l'absence sciemment observée d'une approche «équilibrée, transparente et neutre», la seule mesure responsable consiste pour le peuple sahraoui à poursuivre résolument son combat pour la dignité et la souveraineté.