L'Algérie est déterminée à recouvrir son indépendance...économique. Elle ne veut plus se soumettre. L'Algérie exprime, officiellement, sa volonté de revoir les clauses de l' Accord d'association avec l'Union européenne, en vigueur depuis 2005.«Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a demandé, concernant les négociations avec l'Union européenne, de revoir «les dispositions de l'Accord d'association, clause par clause, en fonction d'une vision souveraine et d'une approche gagnant-gagnant», en tenant compte de l'intérêt du produit national en vue de créer un tissu industriel et des postes d'emploi», indique le communiqué sanctionnant la réunion du Conseil des ministres. Hasard du calendrier ou pas, l'instruction du président de la République Abdelmadjid Tebboune ordonnant la révision des dispositions de l'Accord d'association avec l'Union européenne (UE), «clause par clause», en fonction d'une vision souveraine et d'une approche «gagnant-gagnant», intervient le jour de la célébration du 67e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale. En filigrane, cet accord a fait revenir l'Algérie au «bon vieux temps» du pacte colonial où notre pays livrait à l'ancienne métropole des produits non transformés et importait les produits industriels exclusivement de cet ancien colonisateur. En ordonnant la révision de l'Accord, le chef de l'Etat veut rendre à l'Algérie son pouvoir de décision dans le domaine économique, arraché par le feu et le sang, mais qui a été tout simplement abandonné, de manière claire et par écrit. En effet, la souveraineté économique de l'Algérie ne doit pas être une simple fiction. Les rênes de l'économie dictent les orientations tant intérieures qu'extérieures de tout pays. La conjoncture politique n'est pas moins particulière et les deux parties divergent sur plus d'un point. Sur le plan politique, même si ce n'est pas là le volet le plus important de l'accord pour les Européens, ces derniers n'hésitent pas à s'ingérer dans les affaires internes de l'Algérie. Une approche que l'Algérie assimile à une velléité d'ingérence. La question des visas et des migrants est souvent source de frictions épisodiques avec, notamment la France. Mais les divergences portent plus sur les questions économiques. Au plan comptable, l'Algérie demeure la grande perdante. La balance des échanges hors hydrocarbures est nettement en faveur de l'Europe. Selon les statistiques, l'Algérie et l'UE ont échangé en 2019 pour un peu plus de 33 milliards d'euros, avec une balance légèrement au bénéfice des Européens (+612 millions d'euros). Or, tout accord d'association est fondé sur le principe des avantages réciproques et du fameux principe de Pareto. C'est loin d'être le cas. Et dire que les Européens se plaignent que les clauses de l'accord ne soient pas entièrement traduites sur le terrain. Une allusion au dispositif additionnel provisoire de sauvegarde (Daps) prévoyant des taxes allant jusqu'à 200% sur certains produits. Une parade protectionniste décriée par l'UE pour qui cette mesure a eu un impact combiné «très négatif» sur des opérateurs européens, loin de se bousculer au portillon. Devant ce déséquilibre, l'Algérie a décidé de revoir les clauses de l'accord selon la matrice d'Eisenhower. Aussi, l'urgence est de lever les entraves freinant les exportations algériennes, notamment les conditions techniques et juridiques pour pouvoir accéder au marché européen et qui sont devenues plus «strictes», outre le manque des investissements européens en Algérie destinés à l'exportation.