«Il vous appartient à vous, acteurs de la révolution algérienne, de vous impliquer directement dans l'écriture de l'histoire. Si vous ne le faites pas, d'autres le feront à votre place. Alors, ne vous plaignez pas s'ils la détournent et la déforment», disait l'ancien leader chinois Mao Tse Toung à Djamila Bouhired, l'égérie de la lutte algérienne dans le monde. Partant de ce conseil, le candidat Abdelmadjid Tebboune à la dernière présidentielle avait inscrit la question de la Mémoire nationale parmi les 54 engagements de son programme pour une nouvelle République. D'autant que la volonté de recouvrer la Mémoire nationale n'a jamais été aussi forte que durant ces dernières semaines marquées par des tensions diplomatiques entre l'Algérie et l'ancien colonisateur, la France. Dès son installation, le président Tebboune s'est attelé à redonner à la Mémoire nationale «la place qui lui sied». Six mois après son élection à la magistrature suprême, le chef de l'Etat a affirmé, lors d'un Conseil des minis-tres, que «l'intérêt accordé à la Mémoire nationale sous tous ses aspects, n'est pas motivé par des considérations conjoncturelles», mais «un devoir national sacré». Un acte qui ne tolère «aucun marchandage» et qui, restera en tête «des préoccupations de l'Etat, afin d'immuniser la personnalité nationale, par fidélité aux martyrs de la glorieuse révolution de Novembre et aux moudjahidine». Joignant l'acte à la parole, le chef de l'Etat s'est attelé à la récupération de crânes et des restes mortuaires de Chouhada, martyrs des premiers temps de la résistance à la colonisation française et dont les restes étaient conservés depuis plus d'un siècle et demi au muséum d'Histoire naturelle de Paris (France). Un défi relevé par la restitution de 24 crânes d'entre eux, originaires de différentes régions du pays, tombés au champ d'honneur, au xixe siècle. Leur retrouvaille avec la terre natale restera à jamais gravée dans la mémoire de tous les Algériens. Un acte appelé à se poursuivre jusqu'au rapatriement de tous les restes de chouhada, au même titre que toutes Archives nationales relatives à la période coloniale. Outre la récupération des Archives nationales, les engagements du chef de l'Etat se sont traduits par le lancement de la chaîne de la Mémoire, spécialisée dans l'histoire de l'Algérie. Une chaîne lancée le 8 Mai 2020 annonçant, par la même occasion, l'institution de la «Journée nationale de la Mémoire», célébrée le 8 mai de chaque année. Des actions concrétisées sur le terrain. D'autres sont en cours. En effet, l'autre dossier auquel s'est attaqué le chef de l'Etat a trait aux essais nucléaires français dans les années 1960 et aux disparus pendant la Guerre de Libération nationale. Deux dossiers sur lesquels le chef de l'Etat a exigé «toute la lumière». Ces évènements «ne s'effacent pas de l'histoire des nations par prescription», a averti le président Tebboune, souligant que l'Algérie ne pourra en aucun cas, «quels que soient les prétextes», renoncer à cette question, au «dossier des disparus, la restitution des archives et l'indemnisation des victimes des explosions nucléaires au Sahara algérien». En effet, les dossiers de l'Histoire et de la Mémoire seront traités sans complaisance ni compromissions, loin des engouements et de la prédominance de la pensée colonialiste, a-t-il réaffirmé, à l'occasion de la célébration de la Journée nationale de l'émigration, marquant le 60e anniversaire du massacre d'Algériens à Paris, le 17 octobre 1961.