Après l'annonce du lancement de l'opération par la commission électorale nationale en Libye, le dépôt des candidatures pour les élections présidentielle et législatives a commencé hier. Il s'agit là d'une étape cruciale dans le processus de règlement de la crise qui affecte le pays depuis 2011, dans la mesure où elle représente la fin d'une longue période d'instabilité et d'affrontements parfois meurtriers entre les différentes parties prenantes d'un conflit attisé par des ingérences étrangères avec la présence de mercenaires et de forces engagées pour des desseins inavoués. Hier, le peuple libyen a donc vu le «véritable début du processus électoral», selon le responsable de la Haute Commission électorale libyenne (HNEC), Imed Al-Sayeh. «Nous commencerons à mettre en oeuvre les deux scrutins en ouvrant la porte aux candidatures», avait-il indiqué la veille, ajoutant que le dépôt des différentes candidatures va se poursuivre jusqu'au 22 novembre pour la présidentielle et jusqu'au 7 décembre prochain pour les législatives. En ce qui concerne la présidentielle, la commission recevra les dossiers dans ses bureaux de Tripoli (Ouest), Benghazi (Est) et Sebha (Sud). Pour ce qui est des législatives, l'ensemble des bureaux ouverts à travers le pays par la HNEC sont habilités à prendre en compte les dossiers des candidats. Quant aux électeurs, ils sont invités à retirer leur carte de vote munis d'une pièce d'identité, «pour éviter des irrégularités». Imed Al-Sayeh a, en outre, précisé que la Chambre des représentants (Parlement basé à Tobrouk) a transmis à la commission l'ensemble des amendements techniques nécessaires au déroulement des élections présidentielle et législatives, assurant par-là même leur entame dans les meilleures conditions. On sait que certaines personnalités politiques ont déjà exprimé leur volonté de se porter candidat à la présidentielle. C'est le cas du maréchal Khalifa Haftar qui a pris congé de l'Armée nationale libyenne autoproclamée à cette seule fin, après avoir reçu l'assurance de retrouver son poste en cas d'échec au scrutin. Avec lui, il y a également l'ancien ministre de l'Intérieur, Fathi Bachagha, le diplomate Aref Al- Nayed, l'ex-ambassadeur de Libye à l'ONU, Ibrahim Al-Dabbachi, l'ex-ministre de l'Industrie et membre du parti «Projet national», Fathi Ben Shatwan et l'acteur libyen Hatem Al-Kour. Mais la liste est encore longue et des surprises ne sont pas à écarter. Les dirigeants actuels de la période transitoire, tant au sein du gouvernement que du Conseil présidentiel, avaient pris l'engagement solennel de ne pas se porter candidats lors de leur désignation par le Forum de dialogue politique libyen (FDPL) mais de plus en plus de voix s'élèvent pour évoquer le scénario d'une candidature de Abdelhamid Dbeibah, chef du gouvernement d'Union nationale. Seront conviés au vote, pour ce double scrutin, plus de 2,8 millions de Libyens, dans un pays qui compte quelque 7 millions d'habitants. Ce sont, en effet, les électeurs qui se sont inscrits sur la plate-forme en ligne de la HNEC. Mais, au final, tous les Libyens regardent fébrilement le déroulement d'un plan de paix soutenu par l'ONU dont ils espèrent qu'il permettra, si le scrutin est crédible, de sortir de la crise et d'obtenir le départ des mercenaires et forces étrangères toujours présents en Libye.