Le président Tebboune a surpris les observateurs en décidant jeudi de remplacer trois ministres du gouvernement de Aïmene Benabderrahmane. Pour quelle raison le chef de l'Etat a décidé d'un remaniement partiel à deux semaines des élections locales? Nombreux s'attendaient à un remake plus large juste après le rendez-vous électoral à la fin du mois, mais il semble bien qu'Abdelmadjid Tebboune ait jugé pressant le départ de Hamid Hemdani, Ammar Belhimer et Abderrahmane Lahfaya. Ces trois ministres qui étaient chargés des secteurs de l'agriculture, de la communication et du travail, de l'emploi et de la sécurité sociale, ont-ils failli dans leur mission au point où leur départ ne supportait plus de report, même d'une quinzaine de jours? En fait, les trois secteurs n'ont pas enregistré de réelles mutations et aucune amélioration palpable n'a été enregistrée. Ainsi, pour le désormais ex-ministre de l'Agriculture, Hamid Hemdani, la tare d'une pomme de terre à 150 DA/kilo ou d'un kilo de poulet à plus de 650 DA, n'a pas manqué de peser dans la décision du chef de l'Etat car c'était au premier responsable du secteur agricole de faire dans l'anticipation pour éviter des situations de crise. Le ministère de l'Agriculture devait penser à déstocker la pomme de terre et régler par conséquent son prix avant la flambée. C'était aussi aux responsables agricoles de prévoir à l'avance les solutions idoines à la filière avicole impactée par la grippe aviaire qui avait causé la perte de près de 1,5 million de poules reproductrices, entre janvier et avril 2021. Outre ces deux crises, il faut rappeler que depuis son investiture à la tête de l'Etat, le président Tebboune a fait de l'agriculture la pierre angulaire de son programme économique pour booster l'économie nationale et la mettre à l'abri de la dépendance aux hydrocarbures. Tebboune avait instruit le gouvernement de mettre en oeuvre une politique agricole durable en s'orientant vers, notamment l'installation d'usines de transformation des produits agricoles dans les zones de production, l'encouragement de la production de la viande locale ou encore l'encouragement de l'agriculture saharienne et des montagnes. Cette feuille de route ne semble pas avoir été prise en compte ou du moins tarde à donner des résultats probants. Nommé en juin 2020 dans le gouvernement Djerad II, Hamid Hemdani avait survécu au remaniement de février dernier et avait été reconduit dans le gouvernement de Benabderrahmane. Il se voit aujourd'hui écarté pour céder sa place au docteur Mohamed Abdelhafid Henni, un cadre du secteur qui a occupé plusieurs postes dont celui de directeur des services vétérinaires. Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale Abderrahmane Lahfaya a lui aussi été remercié. Ancien directeur général de la Cnas, Lahfaya a remplacé en juillet dernier, El Hachemi Djaâboub. Son règne n'aura duré que 4 mois. Il se voit aujourd'hui quitter son siège au gouvernement pour le désormais ex-wali d'Alger, Youcef Chorfa. Il faut dire que pour le ministère du Travail, le président n'arrive pas à trouver l'homme qu'il faut. En deux ans, trois ministres ont déjà été consommés, à savoir Fouad Acheuk Youcef, El Hachemi Djaâboub et Abderrahmane Lahfaya. Youcef Chorfa vient d'être nommé et ce dernier doit faire mieux que ses prédécesseurs s'il veut rester en poste. Pour remplacer Chorfa à la tête de la wilaya d'Alger, le président Tebboune a nommé Ahmed Mabed qui était wali de Tipaza. Enfin, le chef de l'Etat a décidé de mettre fin aux fonctions du ministre de la Communication. Ammar Belhimer qui s'est maintenu à son poste depuis janvier 2020. Il a survécu à tous les changements opérés, perdant en cours de route, uniquement sa qualité de porte-parole du gouvernement. Le président vient de décider de le remplacer par Mohamed Bouslimani, un ancien haut fonctionnaire de ce ministère. Quelles que soient les rumeurs qui ont entouré cette mise à l'écart, le président a décidé de remplacer tous les ministres qui n'ont pas donné satisfaction par rapport à sa feuille de route.