Le président du Parlement libyen, Saleh Aguila, considéré comme un proche de l'homme fort de l'Est Khalifa Haftar, a déposé hier son dossier de candidature à la présidentielle au siège de la commission électorale à Benghazi.»Je suis venu au bureau de la HNEC à Benghazi (est) pour déposer les documents nécessaires à ma candidature», a déclaré M.Saleh, 77 ans, appelant ses compatriotes à participer massivement au scrutin, selon des images transmises en direct par la chaîne de télévision dédiée aux élections, Libya Tantakheb. En tout, 23 candidats à l'élection présidentielle ont déjà déposé leur dossier, en plus de M.Saleh, a indiqué la Haute commission électorale (HNEC) sur son site. Prévue le 24 décembre, cette élection, la première d'un chef d'Etat au suffrage universel en Libye, est l'aboutissement d'un processus politique laborieux parrainé par l'ONU. Plus de 2,83 millions de Libyens sur environ sept millions d'habitants se sont inscrits pour voter. Pour la communauté internationale, la tenue des élections -la présidentielle suivie un mois plus tard de législatives- est essentielle pour pacifier le pays, qui compte les réserves pétrolières les plus abondantes d'Afrique. Mais dans un contexte sécuritaire toujours fragile et de divergences politiques persistantes, y compris sur le calendrier électoral, la tenue des scrutins reste incertaine. Saleh a ratifié unilatéralement en septembre le texte encadrant la présidentielle, qui semble taillé sur mesure pour le maréchal Haftar, une décision contestée par les autorités basées à Tripoli (ouest) qui a provoqué une brusque montée des tensions. Plusieurs centaines de Libyens ont manifesté dans la capitale Tripoli et à Misrata (ouest) vendredi pour dénoncer la participation à l'élection présidentielle de Seif al-Islam al Gueddhafi, fils cadet de Maammar al Gueddhafi, et du maréchal Khalifa Haftar, «l'homme fort de l'Est». Dans la capitale, ils brandissaient des drapeaux libyens ainsi que des pancartes avec des inscriptions en arabe et en anglais contre la participation aux élections de ceux qu'ils ont qualifié de «criminels de guerre». Certains manifestants ont piétiné les portraits de Seif al-Islam al Gueddhafi et de Khalifa Haftar, barrés d'une croix rouge, ont constaté des journalistes. A Misrata, ils étaient «plusieurs centaines» à protester de la même manière, selon la télévision privée libyenne Libya Febrayer. «Oui aux élections, non aux criminels», scandaient les protestataires. Mardi, le maréchal Haftar s'est porté candidat à la présidentielle de décembre, deux jours après Seif al-Islam al Gueddhafi, recherché par la Cour pénale internationale pour des accusations de «crimes contre l'humanité» mais relâché en 2020 par les milices de Zenten qui l'avaient capturé et placé en détention.