Dans un rapport qui a été remis au juge d'instruction et établi par les services de la brigade économique de la wilaya de Tipasa, il est fait état d'au moins trois présidents d'APC qui seront traduits devant la justice pour «falsification de documents, détournement de deniers publics et abus d'autorité». Les trois présidents d'APC sont élus dans des communes dépendant de Tipasa. Chefs d'accusation classiques et qui ont concerné au moins cinq cents élus locaux (chiffre ébouriffant) depuis 1997 ! Au même moment des résultats de l'enquête qui a fait tache d'huile dans la wilaya de Tipasa plusieurs élus, dont ceux d'El-Maqaria à Alger, retrouvent la liberté après des mois de détention ou sont sur le point d'être incarcérés. Le problème de la gestion des cités se pose avec gravité où que l'on se trouve. Prenez au hasard une grande commune oranaise: Aïn Turck. Aujourd'hui, cette belle ville, qui a connu de véritables «tremblements de terre» par le passé, «refait surface» avec un autre scandale lié au foncier. Les affaires en souffrance à Rouiba, Aïn Taya, Maqaria, Bab-Ezzouar, Hamiz, Dar El-Beïda, Annaba, Laghouat ou Djelfa sont encore plus scabreuses, mais la justice, tournant au ralenti, ménage encore les présents élus, qui seront peut-être jugés vers... 2005. Qu'à cela ne tienne, tous les élus ne sont pas spécialement corrompus. Il y a pire, ceux qui ne font rien. Ni dans un sens ni dans un autre. Depuis près de cinq ans déjà. Selon des statistiques fiables en notre possession, il existe actuellement au moins 200 à 300 APC bloquées par la faute de l'absence des élus, de leurs frictions ou de leurs bras de fer. Au lieu d'être un espace, un moyen de consolider la démocratie dans les décisions concernant la gestion des cités, la pluralité politique a complètement paralysé les APC. Le dilemme qui s'est posé a été aussi simple que cela: «Soit on mange tout soit on bloque tout.» Finalement la première option a prévalu. Au niveau des APW et durant le mandat actuel, plus de 10.000 biens ont été accaparés par les élus, ce qui n'est pas mieux, loin s'en faut, que les 10.000 terrains fictifs octroyés par les ex-élus FIS aux citoyens par pure raison électorale. Au plan des APC, ce n'est pas non plus «l'embellie». Au moins, 13.000 des 44.020 élus ont bénéficié de divers biens. Quelque 14.000 biens, terrains, logements, locaux, etc. sont revenus aux «élus chargés du bien-être et de la sécurité de leurs administrés». Cette tendance risque bien de s'aggraver. Les échéances électorales attisent les passions et nourrissent les joutes partisanes au sein même des APC. Les frictions entre élus FLN et élus RND se font au grand jour. Les élus MSP jouent les arbitres, ou font basculer les rapports de force en faveur des uns et des autres. La fin de parcours des élus risque d'être fatale pour beaucoup d'autres. Les IGF refont surface ici et là dans les communes et s'attaquent aux énormes «trous» relevés dans la gestion des élus communaux. Lors du passage du Chef de gouvernement dans les trois wilayas du Sud-Ouest, Tiaret, Bayadh et Naâma, le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, avait confirmé le passage de l'IGF dans la commune de Labiod Sidi Chikh, suite aux émeutes qui s'y sont déroulées, il y a quelques mois. En réalité, les commissions de l'IGF risquent d'émailler la fin du mandat des élus actuels. En fait, les maires, avant les élections prochaines, tentent de distribuer le peu de ce qui reste dans la caisse ou sur la terre ferme pour des raisons évidentes d'élections et de campagne électorale, laquelle a été entamée, en douce, à tous les segments de la vie de la cité. Le maire dans tout cela ? Une espèce en voie de disparition...