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La police disperse des manifestants contre le pouvoir à Ouagadougou
Burkina Faso
Publié dans L'Expression le 28 - 11 - 2021

La police burkinabè a dispersé samedi matin à l'aide de gaz lacrymogène plusieurs centaines de personnes qui souhaitaient manifester à Ouagadougou contre le pouvoir lors d'un rassemblement, ont rapporté des médias.
Les policiers anti-émeutes ont tiré pour empêcher les manifestants de se rassembler place de la Nation, dans le centre de la capitale burkinabè quadrillé par un important dispositif de sécurité et où tous les commerces étaient fermés. «La marche est interdite, dispersez-vous, rentrez chez vous», a lancé un policier aux manifestants avant la dispersion. Le rassemblement des manifestants qui souhaitaient dénoncer «l'incapacité» du pouvoir à faire face à la violence terroriste qui ravage le Burkina, avait été interdit par la mairie de Ouagadougou. «Je vous invite à prendre toutes les dispositions que vous jugerez utiles pour qu'aucune manifestation illégale ne puisse se dérouler sur le territoire communal» de Ouagadougou, a demandé le maire Armand Beouindé, dans une note adressée aux commandants de la gendarmerie, de la police nationale et municipale. L'un des manifestants, Fabrice Sawadogo, un jeune de 28 ans, a déclaré qu'«après sept ans d'incapacité face aux attaques terroristes qui nous endeuillent chaque jour, il est temps de demander le départ du régime». «Nous n'avons pas à négocier avec un gouvernement incompétent qui doit admettre qu'il a échoué», a-t-il affirmé. La Coalition du
27 novembre, regroupant trois organisations de la société civile, avait appelé «l'ensemble des Burkinabè à sortir massivement» samedi «dans une ambiance pacifique, pour dénoncer l'insécurité grandissante et exiger le départ du chef de l'Etat», Roch Marc Christian Kaboré. Qualifiant de «très chaotique» la situation au Burkina Faso «marquée par une sécurité en lambeau», le porte-parole de la coalition, Moussa Konaté, a annoncé qu'outre Ouagadougou, des manifestations étaient également prévues à Bobo Dioulasso, deuxième ville du pays, et dans d'autres grandes villes. Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés terroristes, affiliés à Al-Qaïda et à l'Etat islamique. Les attaques qui visent civils et militaires sont de plus en plus fréquentes et en grande majorité concentrées dans le nord et l'est du pays. L'attaque le 14 novembre d'un détachement de gendarmerie à Inata (nord) qui avait auparavant appelé à l'aide - l'une des plus meutrières contre les forces de sécurité depuis six ans - a profondément choqué les Burkinabè: au moins 57 personnes, dont 53 gendarmes, ont été tuées par des terroristes armés. Par ailleurs, le convoi militaire français parti de Côte d'Ivoire et se rendant à Gao, au Mali, en transitant par le Burkina Faso et le Niger, a de nouveau été bloqué par des manifestants samedi dans la ville nigérienne de Téra (ouest) mais a depuis repris la route, selon l'état-major. Le convoi de près d'une centaine de véhicules avait déjà été bloqué au Burkina pendant plus d'une semaine à la suite de manifestations anti-françaises. Après des négociations avec les organisateurs de ces manifestations, il avait pu reprendre sa route pour le Niger où il est arrivé vendredi. «Le convoi s'est arrêté hier soir à Téra. Ce matin, quand ils ont voulu reprendre leur progression vers Niamey (à 200 km de là, ndr), ils ont été arrêtés par un millier de manifestants et un groupe violent parmi eux a tenté de s'emparer des camions», a détaillé le porte-parole de l'état-major français. Les gendarmes nigériens et le soldats français ont effectué des tirs de sommation», a-t-il poursuivi. Le convoi a finalement pu quitter Téra à la mi-journée et reprendre sa progression vers Niamey. Mais les critiques à l'égard de la présence militaire française se multiplient au Niger, au Mali et au Burkina Faso. Paris a entrepris en juin de réorganiser son dispositif militaire de lutte contre les terroristes au Sahel, en quittant notamment les bases les plus au nord du Mali (Kidal, Tombouctou et Tessalit) et en prévoyant de réduire ses effectifs dans la région d'ici 2023, à 3.000 hommes, contre plus de
5.000 aujourd'hui.


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