Après 2 mois de brouille diplomatique,une éclaircie semble succéder au tumulte des relations entre l'Algérie et la France. Interrogé par les journaliste sur cette crise diplomatique, le président Abdelmadjid Tebboune n'a pas exclu «un retour à la normale», mais en guise de mode d'emploi il a posé une condition sine qua non, selon laquelle ces relations doivent se faire sur une base d'«égal à égal». « Il faut bien que ces relations reviennent à la normale, à condition que l'autre partie (la France) les conçoive sur une base d'égal à égal, sans provocation», a déclaré le chef de l'Etat estimant que quelles que soient les motivations du président français, il y a un seuil à ne pas franchir. «Nous sommes d'accord pour qu'on traite l'un avec l'autre, pour ne pas nuire aux intérêts de chaque partie, mais nous n'accepterons pas qu'on nous impose quoi que ce soit», a tranché Abdelmadjid Tebboune. Cette relative accalmie fait suite à une série de déclarations et tentatives d'apaisement exprimées par les plus hautes autorités françaises après des propos du président Emmanuel Macron, rapportés le 2 octobre dernier, par le quotidien français Le Monde, accusant le système «politico-militaire» algérien d'entretenir une «rente mémorielle». Selon Le Monde, Macron s'est même interrogé sur «l'existence d' une nation algérienne avant la colonisation française». Le 10 octobre dernier, la Présidence française a fait savoir qu'Emmanuel Macron «regrette les polémiques et les malentendus» avec l'Algérie et assure avoir «le plus grand respect pour la nation algérienne» et «son histoire». Des propos salués par le chef de la diplomatie algérienne. Ramtane Lamamra a noté que ces déclarations «manifestant du respect» envers l'Algérie. «Infâme et déshonorant» Au sujet des provocations répétées par le royaume du Maroc contre l'Algérie, le président de la République, s'est dit triste qu'un ministre de l'entité sioniste menace un pays arabe (l'Algérie) à partir d'un autre pays arabe (le Maroc), qualifiant cet acte «infâme et déshonorant». Il a souligné que c'est la première fois depuis 1948 qu'un ministre de cette entité visite un pays arabe et y profère des menaces à l'encontre d'un autre pays arabe. «Un tel acte entache d'opprobre le pays hôte», a dénoncé Tebboune. Lors d'une visite effectuée en août dernier au Maroc, le ministre des Affaires étrangères de l'entité sioniste s'en était pris à l'Algérie, qualifiant «de préoccupant, son rôle dans la région». Pour Abdelmadjid Tebboune, la diplomatie algérienne sera «une vitrine» reflétant l'image de l'Algérie et les efforts déployés à tous les niveaux. Le président Tebboune a relevé que «les médias, notamment occidentaux, ne véhiculent pas les points positifs que connaît l'Algérie, mais focalisent plutôt sur le négatif». «De nombreuses parties à l'intérieur et à l'extérieur ignorent que l'Algérie a un immense réseau routier, et plus de 75 barrages construits ainsi que d'autres en cours de réalisation. Beaucoup ignorent que 12 millions d'élèves poursuivent leurs études, pris en charge par le budget de l'Etat, et que nous avons plus de 100 centres universitaires et quelque 12 écoles supérieures».Et d'ajouter que «l'on ne rapporte que du négatif sur l'Algérie, à l'instar des informations sur l'arrestation ou l'emprisonnement de certaines personnes». «Comparée aux autres pays de la région, l'Algérie a réalisé des acquis importants», a assuré le président Tebboune qui a regretté le black-out médiatique concernant l'évolution positive qu'a connue l'Algérie. La ligue arabe vitrifiée Enfin, le dernier dossier brûlant abordé par le chef de l'Etat avec la presse a concerné le prochain sommet arabe prévu le 22 mars 2022 à Alger qu'il souhaite rassembleur. «L'Algérie est un Etat qui rassemble les belligérants», a-t-il dit en allusion à la participation de la Syrie à ce sommet. «Nos relations sont d'abord méditerranéennes, maghrébines et arabes. Nous entretenons de bonnes relations avec l'ensemble des pays musulmans, hormis ceux qui nous sont hostiles. L'Algérie n'a de haine pour aucun pays», a plaidé le président de la République. Evoquant la réforme de la Ligue arabe, Tebboune a fait savoir que «toutes les organisations ont changé, sauf la Ligue arabe» qui reste figée depuis 1948.