En attente d'une production du mois de décembre considérée comme salvatrice et clémente pour les petites et moyennes bourses, la flambée effrénée des prix des fruits et légumes se maintient et défie la loi des saisons. Après de fortes promesses d'un retour à la normale, et avec la force de décisions fermes de la part des pouvoirs publics pour contrecarrer l'appétit vorace des spéculateurs et des lobbys qui ont mis main basse sur la gestion des marchés, le citoyen se trouve toujours sous les feux ardents d'une mercuriale qui, désormais, ne connaît aucune logique ni aucun principe de l'acte commercial. Au-delà de l'argument de la période de soudure qui ne tient plus, la loi de l'offre et de la demande a été complètement bafouée et orchestrée pour que, même en période d'abondance de la production, les prix des produits agricoles soient maintenus au prix fort, pour servir plus longtemps le diktat des spéculateurs. Sinon, comment expliquer que les oranges et les mandarines de saison ne descendent pas au-dessous des 250 DA. Alors que la tomate est cédée à 200 DA, la laitue à 110 DA, les poivrons à 140DA et la courgette à170 DA. Dans ce sillage, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni a donné des instructions aux directeurs centraux de son secteur à l'effet de «prendre en charge toutes les préoccupations du Conseil national interprofessionnel de la filière maraîchère, notamment la flambée des prix des intrants agricoles et les pesticides ainsi que la disponibilité des semences et bien d'autres questions soulevées par les professionnels du secteur». Il faut dire qu'en dépit des actions entreprises par les pouvoirs publics, aucune amélioration n'a été enregistrée sur le terrain, notamment en ce qui concerne le fameux tubercule, roi de la table algérienne, qui demeure au centre de tous les débats, et soulève moult interrogations. Comment se fait-il que les opérations de déstockage en masse de la pomme de terre, n'ont eu aucune influence sur les prix? Et comment se fait-il que depuis des années la problématique de la semence, des intrants et des pesticides n'est pas encore résolue? Des questions qui peuvent trouver leurs réponses en partie dans les failles et les dysfonctionnements de gestion soulevés par le président de la République, lors de sa dernière rencontre avec les medias nationaux, où il a clairement évoqué le refus d'application des grandes déstinées et des instructions déstinées justement à redresser la situation. C'est précisément à ce niveau que l'action des lobbys fait le plus mal, dans la mesure où ils puisent leurs dernières ressources, toujours dans le terreau fertile de la corruption et de la spéculation, qui a été le leur durant des décennies. À cet effet,, le ministre a donné des instructions, à l'effet de prendre «les mesures nécessaires pour garantir la disponibilité des intrants, y compris les engrais et les semences, permettant ainsi aux producteurs d'entamer la saison semailles dans de bonnes conditions, et de s'organiser pour augmenter la production et la productivité, notamment en ce qui concerne les semences ou le produit destiné à la consommation, outre l'amélioration du régime de régulation de cette filière». Reste à savoir si de telles mesures peuvent encore avoir une quelconque incidence sur la situation, ou si elles sont dépassées par l'accumulation de retards et d'accomplissement en matière de régulation du marché et des filières agricoles, et qu'il soit grand temps de passer aux réformes effectives et profondes.