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L'efficacité des dispositifs à l'épreuve du terrain
Nouvelle politique agricole en vue de réduire la dépendance alimentaire
Publié dans Liberté le 21 - 02 - 2009

L'agriculture algérienne n'arrive plus, pour diverses raisons, à satisfaire les besoins du pays en produits alimentaires frais ou en conserve. Des problèmes longtemps demeurés en suspens, puis des tentatives renouvelées de les résoudre, en attendant la véritable mise à niveau décisive.
Dernièrement les pouvoirs publics en charge du secteur agricole ont mis en place un double dispositif d'accompagnement destiné aux agriculteurs : le crédit Rfig et les contrats de performance. En théorie, les contrats de performance fixent, à l'échéance 2014, un seuil de développement devant se traduire par une augmentation du volume de production agricole de 61%, avec un taux de progression annuel de 8,33%. Ce taux, même s'il apparaît à première vue ambitieux, laisse pourtant une bonne marge de progression à la productivité, si l'on considère la pleine exploitation des possibilités disponibles. L'ultime but étant de garantir la sécurité alimentaire du pays, il sera toujours possible de songer à dégager un surplus à exporter aux produits algériens fort appréciés par ailleurs. Mais tout le monde est concerné de manière solidaire : le monde des affaires, les opérateurs économiques et administratifs.
Il faudra créer et mettre en place des centrales d'achat, des chambres froides destinées à réguler et protéger la production et encadrer les conditions de commercialisation destinée à des marchés aux normes plus que strictes. Les contrats de performance ont une échéance de 5 ans et les projets agricoles des wilayas ne seront financés qu'en fonction de leur pertinence et de la consistance des données contenues dans les dossiers. Une étape à mi-chemin du programme servira à l'évaluation de l'impact du nouveau dispositif, pour éventuellement en corriger le tir.
Le secrétaire général de l'UNPA, M. Alioui, a, quant à lui, lors de sa tournée à Tlemcen, affirmé que les contrats de performance “même s'ils constituent un premier pas vers la relance du secteur agricole et l'instauration d'une concurrence loyale entre les wilayas” devraient être l'affaire de tous, “commerce, finances, sécurité sociale, afin d'offrir aux professionnels agricoles le cadre idéal pour développer le secteur”.
Le crédit Rfig (accompagnateur), c'est ainsi qu'a été baptisé ce type de crédit entré en vigueur début 2009, conformément à la loi de finances complémentaire 2008 pour couvrir plusieurs domaines directement ou indirectement liés à l'activité agricole : acquisition d'intrants nécessaires aux exploitations agricoles (semences, plants, engrais, produits phytosanitaires...), aliments destinés à toutes espèces d'animaux d'élevage, d'abreuvoirs, de pesticides, de produits d'entretien vétérinaires, de produits agricoles à entreposer dans le cadre du Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac).
Ce nouveau dispositif financier est destiné également au renforcement des capacités des exploitations agricoles en encourageant l'amélioration du système d'irrigation (mobilisation et utilisation économe des eaux...), l'acquisition de matériels agricoles dans le cadre du crédit leasing, la construction ou la réhabilitation des infrastructures d'élevage et de stockage au niveau des exploitations agricoles ainsi que la construction et l'installation de serres, le repeuplement ou peuplement des étables, des bergeries et des écuries. La disparition de la société de leasing, Salem, est regrettable à plus d'un titre, alors que la remise sur rail d'une banque agricole de type mutualiste comme la CNMA devrait urger, même si la Badr est chargée de reprendre en main ses anciennes missions, celles pour lesquelles elle a été conçue. Ce crédit Rfig sera octroyé par les banques conventionnées avec le ministère de l'Agriculture, et notamment les deux banques publiques : la Banque de l'agriculture et du développement rural (Badr) et la Banque nationale d'Algérie (BNA) qui sont parties prenantes dans ce système jusqu'à présent. Quant au payement des intérêts, il est pris en charge par le ministère de l'Agriculture.
Le crédit Rfig élargi à l'ensemble des céréaliculteurs
Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a pris de nouvelles mesures pour assurer de meilleures conditions au lancement de la campagne céréalière 2008-2009. Selon le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, il a été décidé à ce propos d'élargir le principe d'éligibilité au crédit Rfig (sans intérêts) à tous les céréaliculteurs pour l'acquisition des intrants nécessaires à leurs activités.
Ils peuvent ainsi accéder au crédit Rfig, soit directement auprès de la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR) et de la Banque nationale d'Algérie (BNA), soit par le biais de leurs coopératives ou groupements. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, lors de la réunion ayant regroupé les responsables de son département et les principaux intervenants concernés par la campagne céréalière, a également autorisé les Coopératives des céréales et légumes secs (CCLS) à accorder ce crédit pour le compte de leurs coopérateurs aux fins d'acquisition des intrants moyennant l'engagement du coopérateur à livrer sa production en fin de saison à la coopérative. Tout en rappelant que les engrais et produits phytosanitaires sont exonérés de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) en application des dispositions de la loi de finances complémentaire 2008, alors que la céréaliculture est exonérée d'impôts, le ministère affirme que les semences, les engrais et les produits phytosanitaires nécessaires au lancement de la campagne céréalière “sont disponibles” au niveau des CCLS et des autres établissements et unités de services spécialisés.
Il a appelé, par ailleurs, l'Office interprofessionnel des céréales (OAIC), via les CCLS, à “ne pas faire l'exigence de remboursement des dettes des céréaliculteurs un préalable à l'acquisition des intrants nécessaires au lancement des opérations de labours-semailles de cette campagne”. L'OAIC a été également appelé à “encourager fortement les céréaliculteurs à contracter des assurances aux fins de couvrir les différents risques de leurs activités et d'accorder une attention et un appui particuliers aux céréaliculteurs affectés par la sécheresse durant la campagne précédente”.
L'Office a été également “sollicité pour assurer une coordination et des appuis mutuels avec les différentes unités productrices de semences céréalières et autres services d'appui au profit d'un développement efficace et rapide de la filière”, a encore indiqué le ministère.
Celui-ci précise que ces mesures ont été prises “compte tenu du fait que la campagne agricole 2008-2009 succède à une année de sécheresse et sera la première à être encadrée par le nouveau système de régulation de produits agricoles de large consommation”. S'agissant de l'irrigation, lors de cette réunion a été soulignée “la nécessité d'accompagner tous les céréaliculteurs qui s'organiseront pour l'utilisation des irrigations d'appoint et l'amélioration des techniques de production afin d'assurer des rendements conséquents”.
Une réforme du soutien à la production a déjà été opérée récemment : l'aide qui était octroyée aux céréaliculteurs avant le début de campagne a été supprimée et remplacée par le paiement des récoltes aux cours internationaux (Chicago et Londres).
Lait Total importations 2007 : 253 143 tonnes pour une valeur de 979 millions $ US.
2008 : 261 906 tonnes pour une valeur de 1,183 milliard $ US. Les prix ont flambé sur les marchés internationaux. Qu'on en juge : en 2005, l'Algérie a importé 250 997 tonnes pour 673,75 millions $, en 2006, elle a payé 640 millions $ pour 249 998 tonnes de lait. À comparer avec les deux années 2007 et 2008 !
Les Tunisiens, qui se trouvaient dans une situation analogue à celle de l'Algérie, il y a douze ans, sont arrivés à l'autosuffisance en lait et en exportent une partie.
Pomme de terre (semences et consommation)
Importations :
Les chiffres pour 2007 : semences : 81 614 tonnes, pour une valeur de 67,7 millions US $
Et consommation : 127 503 tonnes pour 48 millions $
Pour 2008 : semences : 68 500 tonnes pour 64 millions $
Au total, en 2007, il a été importé 209117 tonnes pour une valeur de 115,668 millions de dollars. Il n'y a pas eu d'importation de pomme de terre de consommation en 2008, alors que les quantités de semences importées ont nettement diminué.
Depuis toujours, le créneau pomme de terre constitue un véritable champ de bataille où s'affrontent les diverses politiques publiques en faveur de son développement et les divers lobbies. Le créneau est juteux, et même si les pouvoirs publics le considère comme stratégique, jusqu'ici les politiques destinées à réaliser l'autonomie dans la production des semences, hybrides entre autres, à Sétif, ont été, sinon sabotées, du moins perturbées.
Il y a eu l'Onapsa pourtant qui avait réussi à réaliser l'autosuffisance en semences de pomme de terre, une entreprise liquidée en pleine tourmente, à l'époque où les gens s'occupaient surtout à survivre. Il y a eu l'Unité de Guellal à Sétif destinée à produire de la semence hybride, in vitro, en collaboration avec les Canadiens, puis les Australiens, elle aussi n'a jamais pu arriver au bout du tunnel.
La réglementation stricte des achats, transport et utilisation des engrais a fini par décourager les cultivateurs spécialisés dans la culture de la pomme de terre.
Résultat, en ce début d'année, les prix des semences ont baissé de plus de moitié parfois, les importateurs ne sachant plus à quel saint se vouer.
En cette mi-février, il faut savoir que la plus importante récolte de pomme de terre de l'année en Algérie, est la récolte de printemps-été qu'on commence à planter, selon les régions, à partir de janvier, pour les variétés à cycle long (4 mois), et jusqu'à fin mars, au plus tard, pour les variétés à cycle court (45 jours), afin d'éviter les grandes chaleurs, qui favorisent l'apparition de la teigne de la pomme de terre, tout en assoiffant les plantations qui verront leur rendement largement amoindri.
La pluviométrie, les pesticides, les produits d'entretien périmés, la production de semences gênée par les lobbies et la bureaucratie… les prix qui ne sont pas régulés, les chambres froides utilisées souvent pour spéculer plutôt que pour réguler le marché : cas de Aïn Defla et des 100 000 quintaux de semences “super-élite” achetées en 2007, pour produire en 2008 des tonnes de pomme de terre de semences et de consommation. Non répertoriée ni prise en compte par les spéculateurs, cette quantité a pu jouer un rôle déterminant pour briser toute velléité de spéculation sur les prix et les quantités mises sur le marché : du coup le prix du kilo de pomme de terre nouvelle, d'arrière saison, sur les marchés de gros se situait autour de 15 -17 DA, vers la mi-décembre, et jusqu'en janvier. Il faut se rappeler que la pomme de terre de la super-récolte de mai-juin 2008 était payée aux producteurs 25 DA/kg par les pouvoirs publics qui offraient 3 milliards de DA pour la conservation en chambre froide. Naturellement, le prix de vente de cette pomme de terre, une fois sortie des frigos, ne pouvait se situer à moins de 35 DA/kg, ce qui la mettait automatiquement hors jeu !
La loi de finances complémentaire 2008 a mis en place le crédit Rfig et le Syrpalac (système de régulation des produits agricoles à large consommation). On attend beaucoup côté pouvoirs publics. Wait and see donc.
Djamel Zidane


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