Partout dans le monde il ne peut y avoir plus d'une équipe nationale par catégorie. Une équipe algérienne cadette (U17) de football va disputer du 1er au 6 juin prochain un tournoi international dans la ville de Grossetto en Italie. L'information a été donnée la semaine dernière par l'agence de presse APS. Elle indique qu'il s'agit d'une sélection mise sur pied par le ministère de la Jeunesse et des Sports et qu'elle a pour entraîneur l'ex-international, Karim Maroc. Nous ne savons pas si le mot «sélection» est de nos confrères de l'APS ou s'il leur a été suggéré par un communiqué du ministère en question. Parce que sur ce que l'on sait, si sélection il doit y avoir, il n'y a, pour le football, que la FAF qui est en droit de la monter. Le MJS peut, s'il le veut créer une équipe à son niveau, mais, en aucun cas elle ne pourra prétendre au qualificatif de sélection algérienne. Il y a dans les relations dans le monde du sport une histoire de prérogatives dévolues à chaque partie. Selon ce que l'on sait, les attributions fixées au MJS c'est de réfléchir puis de proposer une politique du sport dans le pays. C'est également et surtout de se pencher sur les problèmes inhérents à la jeunesse à laquelle le pouvoir politique accorde une importance considérable. Pour gérer le sport sur le terrain et pour monter des équipes nationales, il y a, comme dans tous les pays du monde, des fédérations sportives auxquelles les pouvoirs publics reconnaissent le statut d'associations d'utilité publique et d'intérêt général et qui les subventionnent pour qu'elles puissent mener à bien leur mission. Apparemment le MJS voit les choses autrement puisqu'il va jusqu'à monter une sélection cadette de football et qu'il l'envoie disputer des tournois à l'étranger. Pourtant, nous croyons savoir qu'il existe bien une équipe nationale cadette sous l'égide de la Fédération algérienne de football, une équipe nationale (ou sélection si vous voulez) entraînée par Toufik Korichi et qui se trouvait jusqu'à hier en Egypte où elle y a disputé deux matches amicaux contre la sélection de ce pays pour préparer sa double confrontation contre la Mauritanie dans le cadre des éliminatoires de la CAN de sa catégorie. C'est cette équipe cadette qui portera le maillot frappé du sigle Algérie et l'écusson de son drapeau. Dans tous les pays du monde, il ne peut y avoir plus d'une équipe nationale par catégorie. Celle de l'Algérie, qui se trouvait au Caire, est une sélection qui est le fruit de plusieurs mois de prospection qui ont mobilisé toutes les directions techniques que compte le pays. Dans ces structures activent des techniciens algériens, formés par l'Algérie et qui travaillent pour le football de leur pays. L'équipe qui est sortie de leur prospection est leur oeuvre et elle est appelée à représenter l'Algérie dans la CAN-2007 de la catégorie. Celle que dirige Karim Maroc ne pourra disputer aucun tournoi officiel sauf si elle est mise sous la coupe de la FAF. Et même dans ce cas, il n'est pas dit que Toufik Korichi prendra quelques-uns de ses joueurs en sa qualité d'entraîneur en chef. Le phénomène auquel nous sommes en train d'assister est une mission parallèle à celle de la FAF. C'est comme si celle-ci était incapable de monter une équipe compétitive. A ce jour, la fédération n'a pas reçu sa subvention au titre de l'année 2006. Il serait peut-être utile d'y penser comme il serait également judicieux de se «décarcasser» pour ses équipes nationales et de leur trouver des tournois internationaux comme on vient de le faire pour l'équipe entraînée par Karim Maroc. Les équipes que dirigent la FAF sont des équipes nationales algériennes et même si elles ne réalisent pas des résultats probants on ne doit pas leur tourner le dos. Du reste, si les joueurs algériens ne sont pas performants ce n'est point de leur faute mais de celle de l'absence d'une véritable politique de formation qui devrait commencer à la base, au niveau des clubs, avec le concours de l'Etat. Intervenant à Sétif à l'occasion du jubilé de Abdelhamid Kermali, le ministre de la Jeunesse et des Sports, M.Yahia Guidoum a annoncé que l'Algérie sera dotée dans les cinq années à venir d'une grande équipe nationale «A». Pensait-il, en disant cela, à l'équipe cadette de Karim Maroc? Si tel est le cas comment pourra-t-il engager cette équipe dans une compétition officielle vu que c'est à la FAF de la faire? La FAF qui dispose déjà d'une équipe nationale cadette. Apparemment, il est bien optimiste et on voudrait bien l'être avec lui sauf qu'il s'agit-là d'un discours que l'on a déjà entendu, un discours venant de plusieurs de ses prédécesseurs sans que l'on ait vu venir l'once d'une équipe nationale performante. Encore que ses prédécesseurs n'avaient pas pris le risque de piétiner sur les plates-bandes de la fédération au point de monter une sélection parallèle. On retiendra aussi qu'au moment où il s'exprimait, pas un seul joueur algérien n'était capable de «taper» dans l'oeil d'un club étranger et pas un seul de nos clubs pouvait dire qu'il possèdait sa base d'entraînement et son centre de formation, un centre dirigé par des techniciens hautement qualifiés. La vérité elle est là, toute crue. On rappellera enfin que lorsqu'il était passé au forum de l'Entv, M.Yahia Guidoum avait fait de la lutte contre la marginalisation des cadres algériens un de ses chevaux de bataille. Quelques mois plus tard, il a été derrière le recrutement d'un DTN et d'un entraîneur national (c'est bien lui qui a affirmé qu'il en fallait un pour notre EN vu que, selon lui, les Algériens avaient montré leurs limites dans ce métier) étrangers lui qui s'est toujours gardé de devenir un ministre du football. Ceci dit, l'histoire retiendra que si la FAF n'a pas d'équipe nationale performante en ce moment, elle avait réussi à nous monter dans les années 80 et 90 des sélections qui avaient permis à notre football d'écrire quelques-unes de ses plus belles pages de gloire.
